Pierre Perny


(Nice, 1822-1908)
Pianiste, professeur et compositeur.
Il a publié près de deux cents morceaux de piano : caprices, romances sans paroles, divertissements, airs de danse, arrangements de Verdi, etc.


Claude Pierre Joseph Perny est né à Nice sous la Restauration sarde, le 7 mars 1822 (et baptisé le 10 à la cathédrale Sainte-Réparate). Ses parents sont Pierre Perny (fils de Claude Perny et Jeanne-Baptiste Faissola, de la paroisse St-Martin) et Victoire Doré (fille de Pierre Doré et de Marguerite Laleman), mariés le 21 novembre 1817 à Sainte-Réparate. Pierre a une sœur aînée, Jeanne, baptisée le 3 octobre 1818 en la même paroisse. Le père travaille au Consulat de France (dans l'annuaire de 1847, il est attaché au consulat, chargé de la marine, maison Gauthier au Port).

Risorgimento

Vers 1844-1845, Pierre Perny est pianiste accompagnateur dans l'orchestre du Théâtre Royal (Charles Vieil, Le Grand Théâtre de Nice, depuis sa fondation jusqu'à nos jours (1787-1904), Nice : impr. de Malvano, 1905).
Dès 1847 et pendant toute sa vie, il composera de très nombreuses pièces pour piano adaptées d'opéras italiens, surtout de Verdi.
À l'époque des réformes de Charles-Albert, il compose un Inno nazionale dédié au roi, sur des vers de Cesare Fighiera (qui sera par ailleurs pour Perny un fidèle parolier). Barberis, en 1871, fera l'éloge de ce "poeta prof. Cesare Fighiera, il cui inno patriottico per le riforme del 1848 ancor risuonna sulla nizzarda riva" (p. 51).
Tandis que le choléra sévit en Europe, Perny compose une petite polka d'actualité : Choléra-morbus (1848).
En 1848, il figure dans l'annuaire de Nice : "Perny Pierre, pianiste, compositeur et professeur de piano et d'harmonie, élève de Zimmermann, d'Alkan et du conservatoire de Paris, rue du Port, n° 19".

Pendant le règne francophile de Victor-Emmanuel II, Perny honore les héros de France et de son pays. En 1853, il publie une Grande marche triomphale à la mémoire du maréchal Masséna (1853). Il paraît d'ailleurs que sa sœur (Jeanne ?) se marie avec un frère dudit maréchal. Son statut officiel le conduit ensuite à composer une autre marche triomphale, en 1855, cette fois à la mémoire des soldats des États-Sardes morts en Crimée. La presse française en parle :
ÉTRANGER
Nice. - Il y a eu tout dernièrement un grand festival patriotique au profit des soldats de l'armée sarde morts en Crimée. Le maestro Perny avait composé pour la circonstance une marche triomphale, qui a eu les honneurs du bis. Cent quarante-cinq musiciens ont pris part à ce magnifique festival.
(La France musicale, 1855, rubrique "Nouvelles", par Marie Escudier.)
Pendant la période d'annexion de Nice à la France, il compose des chants nationaux et patriotiques à la gloire des États-Sardes, du Royaume d'Italie, de Nice, ainsi que des hymnes à Victor-Emmanuel II et à Napoléon III. Il participe activement aux célébrations. Son Chant patriotique niçois sur un texte de Théodore de Banville est exécuté le 18 juin 1860.

L'époque française

En 1864-1865, Pierre Perny est référencé parmi les professeurs de musique dans le Conseiller du touriste à Nice et dans ses environs, de M. de Carli. Il est "pianiste, compositeur et professeur de piano, d'harmonium et d'harmonie" au 22 rue Ségurane.
Sa mère meurt en novembre 1865 (au 22 rue Ségurane).
Le 9 mars 1868, Pierre Perny épouse la jeune pianiste Marie de Vauthéleret, née à Vienne (en Autriche) en 1844 (fille de feu Hippolyte Ferdinand Vautheleret et de Madeleine Adélaïde de Voucoux, domiciliée à Nice).
Leur fils Stéphane naît peu après (en janvier 1869, au 5 rue Grimaldi).
Le 19 août 1870, décès de Pierre Perny père (décoré de la médaille de Sainte-Hélène), au 22 rue Ségurane.

Le 25 février 1875, dans le journal Les Théâtres de Nice, le critique Valentini rend compte d'un concert donné le lundi 22 au Grand-Hôtel, avec le ténor M. Talbo. Au programme, entre autres, deux compositions de Perny. "Le public, en majeure partie anglais et féminin, était peu expansif dans ses émotions."

Perny garde des liens avec la Maison de Savoie : en 1888, il publie à Milan deux morceaux pour piano - un menuet caractéristique et une gavotte élégante - en l'honneur d'Humbert et de Marguerite.

Il meurt le 7 décembre 1908, vers 21 h, dans sa villa Les Roches, boulevard Carnot, sur le mont Boron.

Son décès est annoncé dans Le Petit Niçois le 9 décembre 1908 :
Les deuils :
Nous avons le regret d'apprendre la mort d'un vieux Niçois entouré de l'estime et de la sympathie de tous ses concitoyens : M. Pierre Claude Perny, compositeur de musique, vient de s'éteindre à l'âge de 87 ans. M. Perny était né à Nice en 1821(sic), de Pierre Perny, gérant du consulat de France. Il se consacra à la carrière musicale, fut l'élève de Zimmermann - directeur du conservatoire de Paris - et composa une "école de gamme" qui, aujourd'hui encore, fait partie des ouvrages d'enseignement de notre grand établissement national de musique. Une de ses sœurs se maria avec un frère du maréchal Masséna.
Nous présentons à sa veuve Mme Perny, née de Vauthéleret, à son fils M. Stéphane Perny et à sa bru Mme S. Perny, nos condoléances émues et sincères.

Avis de décès
Mme veuve Marie Perny, née de Vauthéleret ; M. et Mme Stéphane Perny et leur fils André ; Mlle de Vauthéleret de Voucoux ; les familles Aubaressy, Balestre, Baud et Durandeau ; ont la douleur de faire part à leurs amis de la perte cruelle qu'ils viennent d'éprouver en la personne de leur regretté Pierre PERNY, Compositeur de musique, Officier de la Couronne d'Italie, Officier d'Isabelle la Catholique, leur époux, père, grand-père, beau-frère, oncle, grand-oncle et allié, décédé à Nice, dans sa 87e année, le 7 décembre courant, muni des Sacrements de l’Église, et les prient de vouloir bien assister aux obsèques qui auront lieu mercredi 9 courant. Le convoi funèbre partira de la maison mortuaire, villa Les Roches, boulevard Carnot (mont Boron), à 2 heures de l'après-midi. On se réunira à l'église du Port à 2 h 1/2. Le présent avis tient lieu de lettre de faire part.
Le décès est rapporté par la presse parisienne en ces termes :
De Nice nous arrive la nouvelle de la mort d'un excellent artiste, M. Pierre Perny, qui fut un pianiste élégant, un professeur émérite et un compositeur très actif. Il avait occupé naguère les fonctions de chef d'orchestre au Théâtre-Italien. de Nice. Il était né en cette ville, qu'il n'a pour ainsi dire jamais quittée. Ce qui ne l'empêcha pas de publier près de deux cents morceaux de piano : caprices, romances sans paroles, divertissements, airs de danse, etc., toujours écrits avec une grâce aimable et d'une main expérimentée. M. Perny est mort le 7 décembre, âgé de 86 ans.
(Le Ménestrel, 1908, p. 415, rubrique "Nécrologie")
Il est inhumé au cimetière du Château (aux côtés de ses parents, de sa belle-mère).
Descendance. Sa veuve Marie de Vauthéleret, domiciliée au 8 bd de Saint-Barthélemy, est morte en 1926 (au 87, route de Levens). Le fils Stéphane Perny est devenu inspecteur d'assurance. Il a épousé Jeanne Bargeaud, avec qui il a eu un fils, André. Jeanne est morte en 1931. Stéphane s'est remarié en 1934. Il est mort en 1953. La veuve, le fils et la bru sont enterrés dans la sépulture familiale au cimetière du Château.


Détail des compositions

Liste des oeuvres publiées (chez Ricordi, sauf mention contraire). Pour plus de clarté, j'indique en vert les adaptations d'airs d'opéra.

Discographie

À ce jour, un seul enregistrement a été réalisé. Il s'agit de l'Étude mélodique op. 141, qui figure sur le troisième volume de l'album Alla memoria di Vincenzo Bellini (Il Rotary per Vincenzo Bellini nel bicentenario della nascita), par le pianiste Francesco Nicolosi (Genova : Dynamic, CDT5002, v. 2001).

Bibliographie