L'olivier niçois

L’olivier, qui fait partie du paysage niçois depuis plus de 2000 ans, joue un rôle fondamental dans les représentations du monde traditionnelles du pays. Sa longévité (on connaît des oliviers millénaires) et son aspect noueux et majestueux font de ce végétal millénaire un arbre sacré, tout autour de la Méditerranée.


A L’OULIVIER

 

Tü ch’en lu clar azur, en de clari farzella,

Butes, com’un gigant, d’œn putente seppon,

T’aimi duls oulivier, rusteghe cumpagnon

E protetor fedel de la gaja capella.

 

Ma fusch’es lu miu cuor, come la tiu dentella,

Che dau gris muda au brun. E la mesta canson

Che lu tiu pen rugos, lagna au mendre aquilon,

Lugubra en jeu retrôna e pron l’attróvi bella.

 

Lu an per tu sunt van, e pura sies tan vieilh !

Ma lu tiu fin caton, blanca cappelladura

Non cuerbon ch’un entan, la tiu fresca verdura

 

E muort, revives turna en de giuhe regreilh,

(De l’immurtalità, ô testimôniansa !)

Per faire, au miu enguis, luhe 'n pou de speransa.

 

Pierre Isnard (1881-1970).
Nice historique, 1928, n° 2 (mars-avril), p. 39.



Joseph Suppo a fait l’éloge de cet « arbre majestueux et poétique que les Phocéens, dit-on, apportèrent de Grèce sur nos bords », et il nous invite à « faire revivre le culte ancestral dont il fut de tous temps l’objet ».

« Plus que partout ailleurs, l’olivier devrait être un arbre sacré dans ce pays dont il est la plus belle parure et dont il fut la plus riche industrie. »

« C’est à Beaulieu-sur-Mer que se trouvait le fameux ancêtre, le roi des oliviers, qui ne mesurait pas moins de 12 m. 42 de circonférence et dont les rameaux couvraient un circuit de plus de 30 mètres. Plusieurs générations l’ont admiré et au siècle dernier encore, il était considéré comme l’unique exemplaire des espèces introduites par les Grecs dans notre région.

Ce doyen avait vu passer – et peut-être les abrita-t-il sous ses rameaux, symbole de paix – tous les peuples qui, à travers l’histoire, se précipitèrent en se bousculant dans ce couloir d’invasions que fut le Comté de Nice. Ce doyen, vénérable et respecté, resta impassible et ferme, devant les événements qui agitèrent ce pays pendant des siècles. Il résista à tous les bouleversements. »

« Glorifions donc l’olivier et faisons revivre le culte que nos pères avaient pour cet arbre sacré qui réunit en lui toutes les grâces du ciel et tous les bienfaits de la terre. »

Joseph Suppo.
« Les miracles de l’olivier », in Nice historique, 1928, n° 2 (mars-avril), pp. 42-49.