Paléolithique : passage de chasseurs-cueilleurs nomades
Paléolithique inférieur
Il y a environ un million d'années :
présence humaine dans la grotte du Vallonnet (Roquebrune).
Vers 600 000 - 540 000 : période
glaciaire de Günz.
Vers 480 000 - 430 000 . période glaciaire de Mindel.
400 000 av. JC ?
Des chasseurs nomades (homo
erectus) s'établissent à Terra
Amata (sur le littoral, à 26 m au-dessus du niveau actuel
de la mer).
Ils apprennent à maîtriser le feu.
Vers 240 000 - 180 000 : période glaciaire de Riss.
Paléolithique
moyen
170 000 av. JC ?
Des nomades (homo sapiens
primitif) s'installent dans la grotte
du
Lazaret.
Il y a environ 120 000 à 10 000 ans : dernière grande
glaciation (période glaciaire de Würm).
45 000 - 10 000 : grottes de
Balzi-Rossi (Grimaldi)
Nouveau refroidissement vers 10 000 - 9 000 av. JC,
sans glaciation complète.
Nissa ligure (Xe-Ier
millénaires av. JC) : premiers habitats sédentaires
Les premiers
habitats sédentaires sont identifiés en pays niçois à
partir du VIe millénaire av. JC. Les sites se trouvaient alors en
bord de mer ; aujourd'hui, ils sont à flanc de colline.
Ces premiers résidents permanents peuvent-ils déjà être qualifiés de
"Ligures" ? Dans les textes anciens, le nom de Liguresapparaît
au Ier millénaire av. JC pour désigner les habitants du littoral
méditerranéen "du Rhône à l'Arno" (ou plus strictement "du Var à la
Magra", selon d'autres interprétations). Les tribus en questions
présentent alors des caractéristiques culturelles étonnamment
homogènes et distinctives, alors qu'elles n'ont manifestement aucun
contact régulier : cette observation permet de les considérer comme
"un peuple", même si leur origine et leur histoire restent
énigmatiques. Il est pertinent d'attribuer ce nom, arbitrairement,
aux autochtones de la région (donc aux peuples ci-dessous),
et de considérer qu'ils auront subi ensuite de nombreuses influences
extérieures, au fil des millénaires et au gré des mouvements
migratoires en Europe.
Colline de Caucade
Autour de 5700 av. JC
(Néolithique ancien).
Colline de Cimiez
Le site de Giribaldi
présente des vestiges de communautés paysannes datés de 4700 à 4000 av. JC (Néolithique
moyen).
La vallée du Paillon et le site
de Giribaldi au Néolithique moyen (reconstitutions par Michel Grenet).
Mont Bego
IIIe millénaire av. JC ? Gravures dans la vallée des
Merveilles.
Illustration par Pierre Joubert
d'un berger de la vallée des Merveilles. - Le "sorcier".
Le pays niçois est une
étroite bande de terre entre les Alpes et la mer, passage obligé
entre la péninsule italienne et la vallée du Rhône. Bien avant
l'expansion romaine, c'est donc déjà une zone frontalière où
s'affrontent les peuples venus d'Italie (notamment les
Indo-Européens) et de Provence. Cette caractéristique sera une
constante de l'histoire de Nice, de siècle en siècle, jusqu'à
nos jours.
L'influence
celtique
Avec l'arrivée des peuples indo-européens, les Ligures vont
adopter peu à peu leur langue. La nette parenté entre la
langue tardive des Ligures et celle des Celtes
(constatée notamment dans les toponymes) laisse penser que ces derniers,
à une époque indéterminée, ont pu se mêler étroitement aux
autochtones de Ligurie (au point qu'on parle
souvent, à partir de ladite époque indéterminée, de peuple
"celto-ligure", parlant une langue "italo-celtique"). (Un autre choix terminologique pourrait consister
à dire que les "Ligures" sont un peuple apparu à la fin
du Ier millénaire av. JC, résultant de la fusion entre
le peuple autochtone "X" et des immigrants
indo-européens sans doute celtiques.)
Les Védiantiens
Au Ier millénaire av. JC, la tribu ligure
des Védiantiens
vit entre le Var et la
Turbie, entre les Alpes et la mer, sur un espace qui
correspond approximativement à ce qui formera le Comté de Nice.
Les Védiantiens construisent un petit oppidum sur la colline du Bois Sacré (Cemenelion, futur Cemenelum, aujourd'hui
Cimiez), et un autre sur un
rocher en bord de mer (future Nicæa, aujourd'hui colline du Château). Ces deux oppida védiantiens sont
apparemment le véritable point de départ du développement urbain
de la future commune de Nice.
Du Var à Monaco, du littoral à la
crête des Alpes : c'est là que les Alpes du sud sont à la
fois le plus hautes et le plus proches de la mer
(Argentera, 3297 m d'altitude à 47 km du littoral).
De l'époque des Ligures jusqu'à nos jours, ce territoire a
toujours été considéré comme le
confin de la France et de l'Italie (la frontière
géographique, insaisissable, étant placée tantôt sur le Var,
tantôt à La Turbie).
À l'Ouest (au-delà du Var, donc "au-delà des
Alpes" selon Tite-Live), ce sera la Provence : à cette
époque, la tribu ligure des Décéates vit autour d'Antibes, et
celle des Oxybiens du côté de Fréjus.
À l'est des Védiantiens, les Intéméliens vivent dans la basse
vallée de la Roya (Vintimille).
Tribus ligures (avec les sites
de Caucade et Giribaldi en vert, Nicæa et Cemenelion en
bleu) ; territoire des Védiantiens ; langues d'Italie au
milieu du Ier millénaire av. JC.
Du fait de leur rencontre avec les
Grecs et les Romains, les Ligures sont les premiers habitants de la région
à avoir fait l'objet de descriptions écrites.
Les Ligures s'abritent dans des huttes en bois ou en
pierres sèches, ainsi que dans les grottes naturelles. Ils
aménagent quelques petites places fortifiées (oppida), mais pas
de véritable ville.
Selon la description de Pline (Ier s. ap. JC), qui évoque des
"Ligures Chevelus", on imagine les Védiantiens avec une
barbe épaisse, de longs cheveux ondoyants. Ils portent
vraisemblablement des toisons de brebis et des peaux d'animaux
sauvages.
Ils se
nourrissent de lait, de racines, de fruits, de gibier, d'un peu
de bétail, et pratiquent une agriculture rudimentaire (sans
grand succès, étant donné les conditions naturelles). Ils
préparent une boisson fermentée à base d'orge, ainsi qu'un peu
de vin dont ils font commerce.Pline mentionne un délicieux
fromage de brebis et des herbes officinales.
Pour chasser ou se défendre, les Ligures ont des arcs, des
flèches probablement garnies de pointes en pierre ou en os, des
frondes, de courtes épées en fer, de petites haches et des
boucliers d'airain de forme oblongue.
Ils sont souvent pâtres et bûcherons, les montagnes étant
couvertes de pâturages et de forêts. Ils élèvent en plein air
des chevaux de petite taille et des mulets.
Avec leurs magnifiques arbres de 8 pieds de diamètre
(probablement une espèce d'if) aux veines
multicolores, ils font des tables valant celles de
citronnier.
Les Ligures sont aussi de bons navigateurs. Dans leurs petites
embarcations, ils se livrent à un commerce très actif et,
parfois, à la piraterie.
Leur principal centre commercial est Gênes (qui était déjà une
grande ville au Ve siècle av. JC). Depuis leurs ports, les
Ligures naviguent dans toute la Méditerranée jusqu'à Gibraltar.
Leur vision du monde est animiste : ils ne vénèrent pas de
divinités spécifiques mais vivent en communion avec tous les
esprits de la nature, sous la protection d'une Mère créatrice et
salvatrice. Le pin et l'olivier occupent certainement une place
prépondérante dans leur environnement sacré. Les morts sont
incinérés.
Les auteurs grecs admirent leur sobriété et la simplicité
de leurs mœurs. Ils les représentent comme des hommes
infatigables et durs envers eux-mêmes, comme de vaillants
guerriers et d'intrépides marins.
De constitution robuste, les femmes prennent part aux mêmes
travaux pénibles que les hommes. On raconte qu'il leur arrivait
souvent d'accoucher pendant leurs travaux, en plein champ ; dans
ce cas, elles allaient plonger le nouveau-né dans les eaux de la
source voisine, puis revenaient tranquillement reprendre le
travail interrompu.
Les Grecs sont impressionnés par la position sociale des
femmes : elles sont honorées et écoutées ; elles
interviennent avec une singulière autorité dans les querelles
civiles, ainsi que dans les transactions politiques. Cette
égalité entre hommes et femmes, voire l'autorité particulière
dont elles jouissent dans la société ligure, renforce
l'hypothèse d'une organisation
"matriarcale".
Nicæa, un comptoir
grec chez les Ligures
Au VIe siècle avant JC, les Phocéens, peuple grec
issu de Phocée (en Ionie, sur la côté de l'actuelle
Turquie), explorent l'Adriatique, l'Italie et l'Espagne,
et installent des colonies un peu partout. Dès 600 av. JC,
ils ont fondé le port de Massalia (Μασσαλία, Marseille).
Peu après, vers les Ve-IVe siècles,
les Phocéens de Massalia créent
d'autres comptoirs commerciaux sur le littoral
ligure : Nicæa ou Nikaïa (Νίκαια, Nice) et Monaco
(Ηρακλής Μονόϊκος) chez les Védiantiens, Antipolis
(Αντίπολις, Antibes) chez les Décéates. À Nice, ils
s'installent au pied de la colline du Château, sous
l'oppidum ligure. Ces Phocéens se livrent à leurs
activités commerciales (et plantent notamment les premiers
vignobles de la région).
Eux-même issus d'une colonie grecque en terre ligure
(Massalia, chez les Salluviens), ils ont certainement déjà
une culture composée d'éléments grecs, ligures et celtes,
ainsi que l'habitude de vivre en paix avec les
autochtones. Ils se
mêlent probablement à la population locale, mais sans
chercher à l'assimiler. À Nice, les Ve-IIe
siècles sont plutôt caractérisés par la cohabitation de
deux cultures : ligure et hellénique.
Aucune chronique ne signale de conflit entre Ligures et
Phocéens avant l'arrivée des Romains (contrairement à
d'autres époques ou à d'autres lieux). Ce constat rend
peu probable l'hypothèse étymologique selon laquelle le
nom de Nice viendrait du grec nikè, victoire : les Phocéens auront
plus vraisemblablement accosté en un lieu déjà désigné par un
toponyme ligure en niss-, qu'ils
auront transcrit en s'inspirant du toponyme grec "nicæa < nikaïa",
attribué fréquemment par ailleurs autour de la
Méditerranée à des victoires militaires grecques. En
ancien ligure, Nissa (comme son homonyme
Nissa en Montferrat, et bien d'autres) pourrait être
plutôt une indication strictement topographique,
désignant une pointe,
un promontoire (soit l'actuelle colline du
Château, soit le triangle formé à son pied entre le
Paillon et la mer), ou encore une "source".
Description des Ligures par Diodore de Sicile (V, xxvi) au Ier
siècle av. JC :
Les Ligures
habitent un canton sauvage et stérile. Ils mènent une vie
misérable, travaillant assidûment à des ouvrages rudes et
fâcheux. Comme leur pays est couvert d'arbres, ils sont
obligés de passer tout le jour à les couper. Pour cet effet,
ils se servent de haches extrêmement fortes et pesantes.
Ceux qui travaillent à la terre sont le plus souvent occupés
à casser les pierres qu'ils y rencontrent, car ce terroir
est si ingrat qu'il serait impossible d'y trouver une seule
motte de terre qui fût sans pierre. Cependant, quelque rudes
que soient leurs travaux, la longue habitude les leur fait
paraître supportables. Ils achètent une très petite récolte
par beaucoup de peines et de fatigues. L'assiduité au
travail et le défaut de nourriture les rendent extrêmement
maigres, mais en même temps très nerveux. Leurs femmes les
aident dans leurs travaux, car elles ne sont pas moins
laborieuses que leurs maris. Les Ligures vont fréquemment à
la chasse et ils réparent, par le nombre des bêtes qu'ils y
tuent, la disette de fruits qui règne chez eux. Comme dans
leurs chasses ils sont souvent obligés de passer sur des
montagnes couvertes de neige et par des lieux très escarpés,
leurs corps en deviennent plus forts et plus agiles. La
Ligurie étant pour ainsi dire un pays inconnu à Cérès et à
Bacchus, la plupart de ses
habitants ne boivent que de l'eau et ne mangent que de la
chair des animaux domestiques ou sauvages, et quelques
herbes qui croissent dans leurs campagnes. Ils
passent ordinairement la nuit couchés à plate terre,
rarement dans des cabanes, mais plus souvent dans les fentes
des rochers ou dans des cavernes creusées naturellement et
capables de les garantir des injures de l'air. Au reste, ils
conservent en ceci comme en toute autre chose leurs
premières et plus anciennes façons de vivre. On peut dire en
général que dans la Ligurie, les femmes y sont aussi fortes
que les hommes, et que les hommes y ont la force des bêtes
féroces. Aussi leur entend-on souvent dire qu'à la guerre, le plus faible
Ligure ayant appelé à un combat singulier le Gaulois le
plus grand et le plus fort, ce dernier a presque toujours
été vaincu et tué. Les Ligures sont armés plus à la
légère que les Romains. Ils portent un bouclier à la
gauloise et une épée d'une médiocre grandeur. Par-dessus leur tunique ils
mettent un ceinturon et leurs habillements sont de peaux
de bêtes fauves. Cependant, quelques-uns d'eux
ayant servi sous les Romains ont changé l'ancienne forme de
leurs armes pour se conformer aux usages de leurs chefs. Ils
font paraître leur courage non seulement dans la guerre,
mais encore dans toutes les rencontres périlleuses de la
vie. Ils courent des
risques infinis, lorsqu'ils vont négocier dans les mers de
Sardaigne et d'Afrique, s'exposant aux plus horribles
tempêtes, dans des barques ordinaires, et qui n'ont point
les agrès nécessaires à la navigation.
Ligures et invasion latine (IIe-Ier
siècles av. JC)
239-173 av. JC
: première grande guerre entre Ligures et Romains. "Les Ligures, retranchés au
fond des Alpes, entre le Var et la Magra, et cachés au
milieu de buissons sauvages, étaient plus difficiles à
trouver qu’à vaincre. En sécurité dans leurs retraites et
par la promptitude à fuir, cette race infatigable et agile
se livrait à l’occasion plutôt au brigandage qu’à la
guerre. Salyens, Décéates, Oxybiens, Euburiates, Ingaunes,
tous surent éluder longtemps et souvent la rencontre de
nos armées ; enfin, Fulvius entoura leurs repaires d’un
vaste incendie ; Baebius les fit descendre dans la plaine,
et Postumius les désarma totalement si bien qu’à peine
leur laissa-t-il du fer pour cultiver la terre" (Florus,
II, iii).
Vers 189, les Ligures infligent un revers militaire à la
légion romaine de Lucius Baebius Dives se rendant en
Hispanie (Tite-Live).
154 av. JC. La cohabitation des
Phocéens avec les Ligures de Provence (Oxybiens et
Décéates) devient, elle aussi, conflictuelle. Les Romains
s'allient alors aux Phocéens pour combattre les tribus
ligures. Campagne de Quintus Optimus
en 154 av. JC entre Nice et la Siagne. À l'issue de
cette guerre, la République romaine annexe tous les
territoires ligures à l'est du pays niçois, dans la
plaine du Pô et sur le littoral ("Gaule cisalpine").
Années 120 av.
JC : campagne de Fulvius Flavius en 125 av. JC dans la
vallée de la Durance ; campagne
de Sextius Calvinus en 124/122
av. JC à Entremont.
La République romaine finit par conquérir la
Provence vers 122 av. JC : ce nouveau territoire romain
prend le nom de "Gaule transalpine".
Le pays niçois fait alors
partie d'un couloir alpin où les Ligures restent libres,
entre les Gaules cisalpine et transalpine.
Pendant
la guerre contre Jugurtha (de 112 à 105 av. J.-C.)
et la guerre des Cimbres (de 104 à 101 av. J.-C.),
les Ligures servent de troupes auxiliaires dans
l'armée romaine. Au cours de ce dernier conflit, ils
jouent un rôle important lors de la bataille d'Aix.
(Salluste et Plutarque)
Au milieu de ces fréquentes bagarres, les Védiantiens ne
sont jamais mentionnés dans les chroniques militaires.
Pourtant, Romains et Oxybiens doivent nécessairement
traverser leur territoire pour s’affronter. Les Védiantiens
étaient donc sans doute pacifiques ou sans
défense – ou peut-être avaient-ils déjà appris au
fil des siècles, bien avant l'arrivée des Romains, qu'il est
inutile de lutter contre des envahisseurs qui ne cesseront
de revenir et qui trouveront toujours le moyen d'obtenir ce
qu'ils désirent (leçon qui restera d'actualité dans les
millénaires suivants).
Pendant ces décennies de guerre, les Védiantiens sont donc fréquemment en contact
avec les armées de la République romaine, avec les
guerriers ligures et grecs de Provence, ainsi qu'avec
les voisins ligures de "Gaule cisalpine", rapidement
latinisés. Pendant toute cette période, la
langue des Ligures a déjà subi une forte influence
latine.
Sous la République, les Romains
ont seulement cherché à traverser
les Alpes, non à soumettre formellement ces territoires.
L'empereur Octave Auguste renforce l'autorité romaine en
Gaules et pérennise la présence militaire dans le
couloir des Alpes : 28 av. JC :
fondation de Turin.
14 av. JC : fondation d'un camp militaire en pays
védiantien, à Cemenelion (au pied de la colline du Bois
Sacré), où débouche la route venant d'Italie. Les Alpes-Maritimes deviennent un protectorat de l'Empire
romain : l'armée y tient
garnison, mais le territoire n'est pas véritablement intégré à
l'Empire. Par contre, dans le cadre de la réforme administrative de
l'an 6 ap. JC, les Ligures orientaux, de l'autre côté de La Turbie, seront
englobés dans la région IX d'Italie. À Suse, à l'entrée
des Alpes cottiennes, un arc de triomphe (vers 9 av. JC) célèbre
la victoire d'Auguste sur les tribus des Alpes. De même, à La
Turbie, point culminant de la voie romaine entre Vintimille et
Cemenelum (entre les territoires des Intimilii et des Vediantii),
érection du Trophée des Alpes
(6 av. JC).
Le village actuel de La
Turbie. - Les Ligures
enchaînés (détail du Trophée d'Auguste).
Cemenelum, capitale romaine à
l'aube du christianisme (Ier-IIIe siècles)
Vers
l'an 63 (sous Néron), une fois la pax romana établie, Cemenelum devient capitale de la
province romaine des "Alpes-Maritimes". En tant que
territoires stratégiques, les quatre entités administratives qui contrôlent les cols des
Alpes
– Alpes-Maritimes, Alpes-Cottiennes (Suse), Alpes-Grées (Aime puis
Moûtiers) et Alpes-Pennines (Martigny) – sont des "provinces
impériales", c'est-à-dire qu'elles sont gouvernées par un
procurateur désigné directement par Rome et que l'armée y est en
garnison en permanence (contrairement à la Gaule transalpine dite
"Narbonnaise" et à l'Italie, qui sont des provinces
sénatoriales). Les Ligures de la région sont définitivement
intégrés à l'Empire. La latinisation s'impose et
l'assimilation est rapide.
La ville se développe ; elle est équipée de
thermes, d'arènes, de commerces...
Outre la vie sociale, la vie spirituelle s'adapte aussi aux mœurs
romaines. L'inhumation se substitue à l'incinération
traditionnelle. Les esprits qui peuplaient l'univers spirituel
ligure s'identifient sans peine aux divinités romaines : la divinité
Cybèle, Magna Mater,
offre un support parfait pour incarner les esprits de la nature et
illustrer l'autorité de l'ancienne société matriarcale ; Attis devient la représentation
du pin, etc. De même, la
légende fait d'Hercule un
héros
fondateur, qui créa le port de Villefranche lors de sa traversée des
Alpes en revenant d'Espagne. Mais la religion romaine n'aura guère
le temps de s'ancrer dans les esprits. Tandis qu'on grave encore, en
latin, des inscriptions votives aux déesses mères védiantiennes("NVMINIBVS
MATRVM VEDIANTEIARVM..."), le
christianisme fait déjà son apparition, introduit dans la
région par saint Barnabé à l'époque même des missions
de Paul. Saint Nazaire
prêche à Cemelenum, d'où il est rapidement chassé, avec son
jeune disciple niçois Celse, par le préfet Dinovatus ; le
corps de saint Tropez, martyrisé à Rome sous Néron
et recueilli du côté de Fréjus, fait l'objet d'un culte
jusqu'à Nice.
Deux épisodes contemporains, autour du règne de Néron
: une inscription votive aux divinités maternelles
védiantiennes (>61), et les chrétiens Nazaire et Celse
chassés de Cemenelum (vers les années 50).
Publius Helvius Pertinax
[buste ci-contre] serait né en 126 quelque
part à la campagne entre Nice et Monaco, peut-être à La
Turbie ou à Peille (mais d'autres sources le font naître à Albe,
en Piémont). Il sera empereur de janvier à mars 193.
Au IIIe siècle,
la population de Cemenelum est d'environ
20 000 habitants.
Gauche) En gris : les sites néolithiques de
Caucade et de Giribaldi. En bleu : les sites ligures de Nissa et
de Cemenelion. Le fond de carte représente la colonisation
romaine du pays védiantien. Droite) Développement de deux centres urbains à
partir des anciens oppida ligures : Nicæa en bord de
mer et Cemenelum au premier plan. On distingue le bois sacré
au sommet de la colline. (Dessin de Jean-Claude Golvin.)
Nice paléochrétienne
Le christianisme s'ancre véritablement à Nicæa et à Cemenelum à partir du IIIe siècle (il sortira
de la clandestinité en 313 sous
l'empereur Constantin).
Un
évêché
est fondé à Nicæa, sur le site de l'ancien oppidum ligure.
Saint Basse est
considéré comme le premier évêque de Nicæa ; il est martyrisé à Nice sous l'empereur Dèce, vers 252 ("brûlé de lames rougies puis
percé de deux grands clous jusqu'au dernier
soupir").
Sainte
Réparate (originaire de Césarée, en
Palestine) serait morte en 250, à l'âge de 15 ans [ci-contre,
tableau d'Hercule Trachel à la Cathédrale], dans
le cadre des mêmes persécutions de
l'empereur Dèce. Selon la légende, elle fut décapitée
et son corps placé dans une barque qu'on laissa dériver
sur la Méditerranée. L'embarcation atteignit les côtes
niçoises, où ses restent furent ensevelis.
En 314, une délégation de Nicæa (le diacre
Innocent et l'exorciste Agapius) participe au concile
d'Arles.
Armantius est évêque de Nicæa en 381-439.
Au IIIe siècle, le Romain saint Pons aurait
évangélisé la vallée de l'Ubaye. En 257, sous l'empereur
Valérien, il est martyrisé à Cemenelum (décapité) [ci-contre,
tableau à l'abbatiale].
À la même époque, saint Dalmas prêche dans les
montagnes.
297. Réforme territoriale de Dioclétien.
Fusion des anciennes Alpes-Cottiennes et Alpes-Maritimes. La
nouvelle province des Alpes-Maritimes a pour capitale
Embrun (et est intégrée au "diocèse de Vienne",
avec la Narbonnaise, dans la partie occidentale de
l'Empire). C'est le début du déclin de Cemenelum.
Cemenelum aura aussi son évêché
au Ve siècle :
saint Valérien,
premier évêque de Cemenelum en 439-455.
Sainte Réparate, saint Basse,
saint Pons et saint Valérien sur la façade de la cathédrale
[Wikipedia].
Vers 318, Constantin
a réorganisé les divisions de l'Empire. Les Alpes-Maritimes
deviennent une province du "diocèse des Sept-Provinces",
en Gaule (avec la Narbonnaise et la Viennoise).
Sous l'influence du christianisme, les
divinités romaines, qui s'étaient déjà associées aux esprits
ligures, s'identifient à leur tour aux saints chrétiens. À
Cimiez, par exemple, "saint Sylvain" remplace sans peine le
culte du dieu des forêts. De même, "sainte Marie Mère
de Dieu" remplace Cybèle, les déesses mères, et
plus généralement les esprits suprêmes de la nature qu'on
vénérait dans la société "matriarcale" des Védiantiens ; elle
gardera ce statut particulier jusqu'à nos jours.
Le monastère de Laghet sera sans doute érigé sur l'emplacement
d'un ancien temple romain dédié à Cybèle et/ou d'un
sanctuaire védiantien : les légendes mentionnent la
déesse mère, associée à la métamorphose de personnages
mythologiques en pin, en hirondelle, etc.
Alors que Constantin, en officialisant le christianisme, pensait
pouvoir en maîtriser la force politique, une nouvelle division
idéologique apparaît autour de la controverse arienne. En 325, au concile de Nicée, Rome
rejette l'arianisme, qui devient alors une force religieuse et
politique d'opposition.
Au milieu du Ve siècle, les papes Léon Ier le Grand et
Hilaire réunissent l'évêché de Cimiez à celui de Nice. Auxianus
est évêque vers 464.
Nice et les invasions germaniques
Au Ve siècle, les Goths, peuple
germaniques arrivés par l'Europe centrale et les
Balkans, constituent des royaumes ariens qui vont finir
par renverser l'Empire romain. En 410, ils marchent sur
Rome (sous le règne de leur roi Alaric). Ils passent les
Alpes et occupent toute l'Europe méditerranéenne.
Les Alpes maritimes sont
convoitées par trois royaumes germaniques
concurrents :
les Wisigoths
s'établissent à l'ouest (notamment en Provence),
capitale Toulouse, roi
Euric en 466-484 ;
les Ostrogoths
restent en Italie, capitale Ravenne, roi
Théodoric en 477-526 ;
les Burgondes
tentent aussi de consolider leur royaume dans la vallée du Rhône,
roi Gondebaud v.480-516.
Trois autres peuples
germaniques arriveront peu après :
les Francs
(par l'ouest, en descendant la vallée du Rhône) ;
les Lombards
(par l'est, en remontant la plaine du Pô) ;
les Saxons
(également par l'Italie).
Entre les
royaumes germaniques (Ve-VIIIe siècles)
À
la chute de l'Empire romain d'Occident, dans un premier temps,
l'ancienne province des Alpes-Maritimes reste livrée à elle-même.
Les habitants retrouvent leur
indépendance, tandis que le territoire est traversé par
les uns ou les autres au gré des guerres et des mouvements
migratoires, comme c'était le cas avant la conquête latine.
En 508-511, Théodoric [portrait
ci-contre sur une médaille] lance une campagne dans le
sud de la Gaule : les Ostrogoths
se rendent maîtres de la Provence. Au milieu, les Alpes
du sud sont donc englobées dans cette nouvelle entité.
Pendant ce temps, dans la vallée du Rhône, les Francs, peuple
germanique issu de la mer du Nord, conquièrent le territoire des
Burgondes.
Dans les années 530, les Francs s'emparent
de
la Bourgogne et de la Provence, et arrivent donc au bord du
Var. À l'ouest des Alpes, la constitution du royaume franc met un
terme aux conflits entre Burgondes et Wisigoths. À l'est, les Ostrogoths
(roi Vitigès)règnent sur la Ligurie.
Un certain Magnus est évêque de Nice en
549-581.
En 554, l'empereur byzantin Justinien réorganise l'Empire romain
d'Orient. C'est la fin du règne des Ostrogoths. Mais tandis que le
littoral génois forme une province byzantine, les Lombards affirment leur
autorité dans la plaine du Pô et lancent des raids pour
s'étendre vers les Alpes.
Dès lors, Nice se trouve à la
frontière entre les Francs (Provence et Bourgogne) et les Lombards.
En 575,
lorsque les Lombards
franchissent les Alpes pour entrer en Provence, Cemenelum
est assiégée et totalement détruite.
La cité romaine ne sera jamais reconstruite : les
habitants l'abandonnent et se replient sur la colline
de Nicæa, où ils tentent de se défendre tant
bien que mal.
Les ruines de
Cemenelum au XIXe s. (Clément Roassal)
En 577, des Saxons
franchissent les Alpes maritimes en direction de la Provence,
commettant encore de grands pillages en passant par Nice.
Austadius et Catulinus sont évêques de Nice dans les années 580.
Au VIIe siècle, pour se défendre face aux invasions lombardes, la
cité niçoise adhère la Ligue
génoise (617), fédération de cités indépendantes.
Les invasions lombardes cesseront en 774 avec la conquête de la
Lombardie par Charlemagne :
le
Comté de Nice est alors englobé dans ce qui va devenir l'Empire
franc (800).
Entre Francs et
Maures (VIIIe-Xe siècles)
Charlemagne se rend en
Provence. À cette époque (ou au début du IXe siècle), saint Syagre, neveu de
l'empereur et évêque de Nice, fonde l'abbaye de
Saint-Pons.
Portrait de Charlemagne sur une médaille. - Saint Syagre
représenté sur la façade de la cathédrale de Nice.
Si Nice, dans l'Empire franc, n'est plus un territoire frontalier
sur le continent, sa position sur le littoral méditerranéen en
fait tout de même le théâtre des affrontements entre Francs et Maures. En
effet, depuis le début du VIIIe siècle, les Francs (Charles
Martel) tentent de repousser les invasions "sarrasines" (plus
exactement maures, c'est-à-dire des peuples musulmans d'Afrique du
Nord et d'Espagne). En outre, à cette époque, les côtes sont
visées par de nombreux corsaires normands
(notamment en 778, lors de la venue de Charlemagne).
En 813,
Nice est attaquée et pillée par les Maures d'Espagne
(Émirat de Cordoue).
Après la mort de Charlemagne, le royaume est partagé entre ses
trois petits-fils (traité de Verdun, 843). Nice se trouve dans la
partie attribuée à Lothaire Ier
(Lotharingie, ou Francie médiane, berceau du futur Saint-Empire).
Dès la mort de Lothaire (855), la Lotharingie est divisée : Nice
se trouve alors entre les territoires de Charles (roi de
Provence) et de Louis II (roi d'Italie).
Nice dans le sud de la
Lotharingie (843) ; en Italie (870) ; entre Italie et Provence
(879)
À partir de 890 (et jusqu'à 983), les Maures d'Espagne
établissent une colonie fortifiée au Fraxinet, dans le golfe
de Saint-Tropez (d'où le nom de "massif des Maures"). De là,
ils effectuent des raids sur tout le littoral provençal et
italien. Le château de Nice est de nouveau attaqué.
À cette époque, les biens des
églises, notamment les reliques, sont mis à l'abri pour
échapper aux razzias mauresques. C'est à cette ocasion que
le corps de saint Basse est emporté en Italie orientale ;
celui de saint Pons en Languedoc (Thomières) ; etc.
Les Maures se rendent maîtres des routes des Alpes.
Une cité maritime sous l'influence du
Saint-Empire (Xe-XIIIe siècles)
En
962, le roi d'Italie Otton Ier
[ci-contre avec son épouse sainte Adélaïde à la cathédrale de
Meissen] devient empereur d'un nouvel empire romain en
Europe : le "Saint-Empire romain germanique".
Le comté de Nice se trouve maintenant entre le royaume de Bourgogne (Provence) et le Saint-Empire
(Italie). Nice restera dans la zone d'influence du
Saint-Empire jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
La ville de Nice commence à former une entité bien identifiée, gérée
de façon plus ou moins autonome, entre Provence et Italie. C'est
l'époque des "cités impériales"
organisées comme de petites républiques autonomes.
En 983, les Maures sont définitivement chassés du continent (mais
les affrontements avec l'Afrique du Nord continueront en mer
jusqu'au XIXe siècle).
Les documents écrits commencent à
garder la trace de notables niçois. Des seigneurs émergent, qui se
partagent apparemment les terres et financent les oeuvres
religieuses. Odile,
"vicomtesse de Nice" (976-1032), et son mari Miron semblent être des
personnalités importantes, qui possèdent et/ou gouvernent des
terres considérables à Nice. Leur fils Pons
devient évêque de Nice.
1032-1034 : guerre de succession de Bourgogne (entre l'empereur
Conrad II et Eudes de Champagne). Conrad II devient roi de Bourgogne, et la Provence
est donc intégrée au Saint-Empire. Le Comté de Nice cesse pour
quelques siècles d'être un territoire frontalier.
En 1040, le Pape Benoît IX quitte l'Italie et se rend en Provence.
En 1044, une chronique mentionne la "commune de Nice", petite cité médiévale fortifiée, sur
le site de l'ancienne Nicæa. On y parle occitan,
comme dans tout le littoral méditerranéen des Alpes à la péninsule
ibérique.
Au XIe siècle, les chrétiens retrouvant une certaine tranquillité
en Europe, on entreprend de reconstruire les églises
(notamment la cathédrale de Nice, Saint-Marie de
l'Assomption, au Château). L'église Saint-Tropez (disparue, qui se
trouvait sans doute au pied du Château, à l'est) est donnée aux
moines de Lérins.
En 1108, la cité de Nice devient une petite République
maritime (sur le modèle d'Amalfi, Pise, Gênes ou Venise), cité
autonome au sein du Saint-Empire (Marseille en deviendra une par la
suite).
Nice s'allie avec Gênes et Pise pour repousser les comtes de
Provence.
Finalement, le comte de Provence Raymond-Bérenger IV parvient à
s'emparer du pays niçois en 1229 et à l'intégrer à ses terres.
Nice en Provence sous le
Saint-Empire (1229-1381)
Le bref épisode provençal de la commune de Nice va de
l'annexion de 1229 à la guerre civile de 1381.
La dynastie catalane (1229-1246)
1229.
Soumission de la commune de Nice par le comte de Provence Raymond-Bérenger IV (les comtes
de Barcelone règnent sur la Provence depuis 1112).
La dynastie d'Anjou (1246-1388)
1246-1285. Règne du comte Charles d'Anjou
Le troubadour Raimont
Feraut est né à Ilonse en 1245. Il passe plusieurs années à
la cour du comte Charles, puis se retire au monastère de l'île
Saint-Honorat, où il compose des poèmes en occitan (notamment la Vie de saint Honorat).
1309-1343. Règne du
roi Robert d'Anjou
En 1340, avec 13 500 habitants, Nice est la troisième ville de
Provence (après Arles et Marseille).
1343-1382. Règne de
Jeanne, reine de Naples et
comtesse de Provence
La fin du XIVe siècle est marquée par des épidémies de peste et
par la guerre. La population va tomber
à 4 ou 5 000 habitants.
1381. Début de la guerre
civile en Provence : la succession du royaume de Naples
est disputée entre la famille de Louis d'Anjou (Marseille, Arles) et
celle de Charles de Duras
(Aix, Tarascon, Nice).
1388.
À l'issue de cette guerre de succession, les Duras perdent le
pays de Nice, qui se place sous la protection du comte de Savoie Amédée VII "le Rouge".
Le territoire en question prend le nom de "terres neuves de
Provence". Il est composé des
vigueries de Nice, du val de Lantosque, de Puget-Théniers et de Barcelonnette.
Nice dans les
États de Savoie (1388-1860)
Prise aux comtes de Provence en 1388, et avant d'être
annexée par la France en 1860, Nice fait partie pendant cinq
siècles des États de la maison de Savoie.
28 septembre 1388
: Amédée VII reçoit la Dédition de Nice. Il s'agit d'un
accord juridique qui définit les droits et devoirs mutuels du pays
niçois et de la Maison de Savoie.
Le 12 novembre 1391, les communautés des "terres
neuves de Provence" prêtent allégeance définitive à Amédée VII.
En 1416, le comté de Savoie devient Duché.
Sous les ducs de Savoie
Nice joue un rôle
crucial dans le duché : c'est un rempart qui doit protéger le
littoral.
Au milieu du XVe siècle, la ville retrouve une prospérité fondée
sur le commerce avec l'Italie et toute la Méditerranée orientale,
et le transit vers le Piémont.
1481. La
Provence est intégrée au Royaume de France. 1489.
Souveraineté de Monaco.
Au début
du XVIe siècle, les souverains savoisiens entreprennent de
transformer la colline en citadelle.
Construction de la citadelle de Nice, des
forts de Mont-Alban, Villefranche, Saint-Hospice, Eze, La Turbie.
1526. Les "terres neuves de Provence"
deviennent officiellement "comté
de Nice", au sein des États de Savoie. Depuis 1524, le territoire est
augmenté de la région de Dolceaqua (acquisition de Charles III de Savoie). C'est la
première unification du "pays de Nice".
En 1536, le duc Charles
II se trouve pris dans un conflit géopolitique et familial
entre le roi de France François
Ier et l'empereur Charles
V de Habsbourg ("8e Guerre d'Italie"). Son duché étant dans
la sphère d'influence du Saint-Empire, les troupes françaises
envahissent la Savoie et une partie du Piémont. Le duc s'échappe
avec sa famille et ses biens les plus précieux, notamment le
Saint-Suaire (acquis par la famille de Savoie en 1452,
lorsque son héritière Marguerite de Charny en fit don à la
duchesse Anne, épouse de Louis Ier ; en 1502, Philibert II le Beau
le fit transférer au palais ducal de Chambéry, dans la
Sainte-Chapelle). Charles II et sa famille se réfugient d'abord
à Verceil, puis à Nice en 1537.
Le 30 mars 1537, Vendredi Saint, le linceul est présenté au peuple
du haut de la tour St-Elme (à peu près à l'emplacement de l'actuelle
tour Bellanda).
Le pape Paul III tente d'aider les deux parties à trouver une
issue au conflit. À cet effet, il organise un congrès, au printemps
1538, pour réunir les
intéressés à Nice. Mais les Nicois refusent d'ouvrir les portes de
la ville à des soldats étrangers. Finalement, le pape loge au
couvent Sainte-Croix (où une Croix de Marbre sera érigée
en 1568 pour commémorer ce Congrès de Nice) ; Charles
V reste sur sa galère à Villefranche ; et François Ier réside au
château de Villeneuve-Loubet. Le Congrès de Nice débouche sur une trêve, mais la
paix ne durera guère.
En
1543,
Francois Ier rompt la trêve de 1538 : alliés aux Ottomans (Soliman le
Magnifique), les Francais
assiègent Nice ("9e Guerre d'Italie").
Les troupes françaises du duc d'Enghien et la flotte turque du bey
de Tunis Barberousse (Khayr-al-Din)
parviennent
à
prendre
et
piller
la
ville
basse,
mais la citadelle résiste.
C'est au cours de cet épisode que la lavandière Catarina Segurana
aurait héroïquement mis en fuite les assaillants, en
allant se battre sur les remparts.
1553-1580
: règne du duc de Savoie Emmanuel-Philibert
Il fait fortifier Villefranche, édifier le fort du mont Alban,
transformer le Château et la ville de Nice.
Le 22 septembre 1561, il signe l'Édit de Rivoli, par lequel
l’italien se substitue au latin comme langue officielle.
Il transfère sa capitale de Chambéry à Turin en 1563.
1571.
Bataille de Lépante (dans le cadre de la 4e guerre
vénéto-ottomane).
Membres de la Sainte-Ligue, les États de Savoie envoient trois
galères
de Nice pour combattre la flotte ottomane.
En 1579, la région de Tende et de La Brigue est annexée
au comté de Nice. La Maison de Savoie prend donc le
contrôle du col de Tende. La
voie est libre entre Nice (le port) et Turin (la capitale).
1580-1630.
Règne du duc de Savoie Charles-Emmanuel
En 1612-1614, il dote Nice d'un Sénat et d'un port franc.
En 1616, il inaugure le Palais de Nice (futur Palais royal).
En 1639 (sous Charles-Emmanuel
II), création du Collegium
jurisconsultorum niciensium, ancêtre de l'Université de
Nice. Elle sera bientôt suivie d'une École de médecine.
1691-1696 : Guerre de la
Ligue d'Augsbourg => 2e siège français
Le 4
avril 1691, ravagé par deux explosions, le Château
doit se rendre à Nicolas
de Catinat. Les Français occupent Nice et le
Comté pendant 5 ans.
Louis
XIV se proclame "comte de Nice".
Le 29 août 1696, Nice et son comté sont rendus au
duc de Savoie Victor-Amédée II.
1705-1713 : Guerre de
Succession d'Espagne => 3e siège français
En avril 1705,
une nouvelle invasion (sur ordre de Louis XIV) aboutit
à la prise de la ville le 14 novembre. Le siège dure
51 jours, et la ville ne se rend (le 4 janvier 1706)
qu'une fois le château et les murailles complètement
détruits.
Louis XIV est à nouveau "comte de
Nice".
Du 13
février au 25 juillet 1706, les Français procèdent au
"rasement du château et du corps de la place de Nice".
L'enceinte, la citadelle et ses annexes disparaissent,
de même que le fort Saint-Hospice, sur le Cap Ferrat.
1713 : signature du traité d'Utrecht, qui rend le comté
de Nice à la Savoie. Mais
la France garde Barcelonnette. En 1718, une frontière est tracée entre le comté de
Nice et la France.
En
1713, Victor-Amédée II reçoit le royaume de Sicile : Nice-Villefranche devient le port d'un
royaume maritime.
L'Europe en 1713 (avec la Sicile savoisienne et la Sardaigne autrichienne). - Victor-Amédée
II, roi de Sicile (monastère de Saorge et pièce de 40 sols frappée en 1717).
En 1720 (Traité de La Haye, à l'issue de la Guerre de la
Quadruple-Alliance), Victor-Amédée II échange la Sicile
contre la Sardaigne.
Le royaume de Sardaigne
1720. Le comté de Nice fait
maintenant partie du "royaume de Sardaigne".
1735. Dans le cadre de la guerre de succession de Pologne
(1733-1738), les États-Sardes s'allient à la France contre les
Autrichiens. Les combats en Lombardie et dans le duché de Parme font
des ravages dans les rangs de l'armée.
1744-1748.
Occupation
française (Guerre de succession d'Autriche).
Les Anglais, alliés du roi Charles-Emmanuel
III, découvrent Nice.
Nice, qui a perdu toute fonction militaire, se
cherche des activités commerciales.
Construction du cours bordé de terrasses-promenades en bord de
mer.
Le port est creusé à l'est entre 1749 et 1780.
24
mars 1760. 1er
Traité de Turin, qui réajuste la frontière
entre le comté de Nice et la France. Cette frontière, qui suit
approximativement le cours du Var, sera bornée l'année
suivante.
1760-1770. Une
nouvelle vocation s'amorce pour Nice : le tourisme hivernal avec
l'arrivée des Anglais d'abord, puis d'aristocrates européens de
plus en plus nombreux. A partir de 1755, on y voit Lady
Fitzgerald, puis les ducs d'York et de Gloucester, Lord et Lady
Cavendish, le prince de Brunswick, les duchesses de Penthièvre
et de Bourbon-Condé, l'archiduc de Milan Ferdinand.
En 1787, 115
familles étrangères séjournent à Nice, où un casino, un théâtre,
une gazette sont créés à leur intention.
1792-1814
: occupation
française
Irruption
des armées révolutionnaires françaises dans le comté
de Nice (28-29 septembre 1792). Tandis que la guerre
se poursuit dans les Alpes entre l'armée alliée et
l'envahisseur français, le comté est annexé (31
janvier 1793), de même que la principauté de Monaco.La France crée le
département des Alpes-Maritimes (4 février 1793).
Ce premier essai d'annexion à la France est
un échec : les idées révolutionnaires ne s'imposent
pas, la législation française est détournée ou peu
appliquée, et ce malgré la victoire finale des
troupes françaises (avril-mai 1794) et la cession du
comté de Nice à la France par la Sardaigne (15 mai
1796).
En
1804, Napoléon proclame l'Empire. En
1805, l'arrondissement de San Remo est intégré au
département des
Alpes-Maritimes.
Napoléon abdique le 6 avril 1814. Le 30 mai 1814
(traité de Paris), Nice revient à la maison de Savoie (et Monaco
retrouve son autonomie). La frontièrerétablie entre
le comté de Nice et la France sera à nouveau bornée en 1823.
1814-1847 : Restauration
Le roi Victor-Emmanuel
reprend possession de ses États. Le
Palais de Nice devient l'une de ses résidences royales.
La ville dépasse 23 000 habitants en 1814, et atteint 25 000 en
1820.
En
1815, le Congrès de Vienne cède l'ex-république de Gênes à la
Maison de
Savoie. Gênes devient le port principal du Royaume, et l'activité maritime et commerciale de
Nice-Villefranche commence à décliner (malgré la
restauration des franchises du port par Charles-Félix).
1826-1827. Première visite du roi Charles-Félix.
1829-1830. Seconde visite de Charles-Félix.
En 1832, un plan régulateur est établi pour
normaliser le développement de la ville : le "Consiglio d'Ornato".
1835 : achèvement de la future place Massena.
1848-1860 : Risorgimento
En 1848, le roi
Charles-Albert abolit
l'absolutisme et accorde au royaume une constitution
parlementaire (le "Statuto").
1848-1849 : Première guerre
d'indépendance italienne
en Lombardie. Les États-Sardes adoptent le drapeau tricolore
des
révolutionnaires italiens. Garibaldi et Anita rentrent d'Amérique.
Abdication de Charles-Albert.
Dès 1849, vraisemblablement, les
territoires frontaliers font déjà l'objet de négociations secrètes
entre le président français Louis-Napoléon Bonaparte et le nouveau
roi de Sardaigne Victor-Emmanuel
II.
2 décembre 1851. Coup
d'Etat en France : le président Louis-Napoléon Bonaparte se
proclame empereur.
La présence des investisseurs français s'intensifie, et le
gouvernement sarde commence à abandonner le Comté : en 1853, Turin
retire les franchises du port de Nice (incompatibles avec
l'abolition des privilièges entreprise en 1848).
1854. Éclairage au gaz dans les rues de la ville.
1855-1856 : Guerre de Crimée.
les États-Sardes s'allient à la France pour combattre la Russie.
1856. Visite de l'impératrice
russe Alexandra Fedorovna, veuve de Nicolas Ier. Victor-Emmanuel
II la reçoit au Palais royal. Alexandra fait édifier la première
église orthodoxe de la Côte d'Azur (rue Longchamp, construite en
1859, inaugurée en janvier 1860).
1858. "Entrevue de Plombières"
entre Cavour et Napoléon III pour négocier Nice et la Savoie en
échange d'un soutien militaire français contre l'Autriche.
1859. Construction des futures Galeries Lafayette.
1859. Deuxième guerre
d'indépendance italienne en Lombardie, cette fois avec une
aide militaire de la France. Les
États-Sardes conquièrent la Lombardie.
Les
États-Sardes dans leur étendue maximale en 1859, après l'armistice de
Villafranca (juillet) mal respecté, et officiellement après le traité
de paix de Zurich (novembre). Entre-temps,
Victor-Emmauel fait frapper à Bologne (Romagne, conquête sur les États-Pontificaux) une pièce de 5 livres sardes à
son effigie avec la devise "Dio protegge l'Italia".
24 mars 1860. Annexion à la
France :
Le roi Victor-Emmanuel II cède la Savoie et le comté de
Nice à la France (traité de Turin), en échange de la Lombardie
conquise grâce à l'aide militaire apportée par Napoléon III (conformément
aux accords de Plombières passés en 1858).
1861. Victor-Emmanuel II
est proclamé roi d'Italie.
Nice en France
1860-1870 : l'Empire
Le comté de Nice devient le
chef-lieu des "Alpes maritimes". Cet épisode impérial ne durera
que dix ans. À l'occasion de ce
redécoupage, le comté est amputé de la région de Tende. La
France crée à nouveau un département des Alpes-Maritimes, en y
ajoutant cette fois l'arrondissement de Grasse (qui faisait
partie du département du Var, en Provence).
Le Palais royal devient le siège de la Préfecture des
Alpes-Maritimes.
1864.
Arrivée du chemin de fer.
Napoléon III
reçoit le tsar Alexandre II dans l'ancien palais royal.
1865 : mort à Nice du tsarévitch, le grand-duc Nicolas
Alexandrovitch (frère aîné du futur Alexandre III).
En 1869, inauguration de la statue de Masséna, commémorant les
victoires françaises de 1792-1812.
Depuis 1871 : la République
8 février 1871. "Vêpres niçoises". Suite à la
chute de l'Empire et à la proclamation de la République, les
élections législatives sont massivement favorables aux candidats
séparatistes (à 74 %). Le préfet étouffe les résultats
du
vote et réprime un soulèvement populaire.
Le 30 avril, les élections municipales confirment ce refus de
l'annexion française.
1880-1914. Tourisme hivernal de luxe
et croissance urbaine
Construction d'hôtels sur la Promenade des
Anglais : le West-End, le Westminster en 1878-79 à l'emplacement
de la villa Dalmas où s'était retiré le dey d'Alger après 1830, le
Negresco en 1912...
Casino de la Jetée-Promenade, détruit par le feu
le jour de son inauguration le 4 avril 1883, puis reconstruit et
inauguré le 10 janvier 1891.
En 1889, Sadi Carnot reçoit le roi Léopold II de Belgique à
l'ancien palais royal.
En 1891, inauguration
de la statue de Garibaldi.
Ouverture de la
"Gare du Sud" en 1892. Entre 1891 et
1911, mise en service de la ligne de chemin de fer Nice-Digne
(avec un écartement spécifique pour des raisons militaires).
Extension de la ville vers le nord en direction
de la nouvelle gare
1895 à 1899 : la
reine Victoria passe
ses printemps à Nice, sur le colline de Cimiez. L'hôtel Regina
est inauguré à son intention en 1897.
Les palaces fleurissent sur la
colline de Cimiez : l'Excelcior-Regina (1895-98), le Riviera-Palace (1899), le
Winter-Palace (1900), l'Alhambra (1901), le Majestic (1908), l'Hermitage (1910)...
1894, 1897, 1900 : Anton Tchekhov réside à
la "Pension russe" (23 rue Gounod).
1900 : construction du palais du Parc
Impérial, pour héberger les touristes russes.
1903-1912 :
construction de la cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas, à
l'initiative de Maria Féodorovna (princesse Dagmar du
Danemark, veuve d'Alexandre III) et de
l'empereur Nicolas II.
L'architecte est Mikhail
Préobrajenski (qui a conçu notamment la cathédrale
Saint-Alexandre-Nevski de Tallinn). Inauguration en 1912 en
présence de la grande-duchesse Anastasia.
En 1896, Félix Faure inaugure
le "Monument
du Centenaire", commémorant la brève occupation par la France
révolutionnaire.
1913 : mise en service d'un central téléphonique automatique (le premier de France).
1914-1918 : Première
Guerre mondiale
1918-1942. Tourisme estival
1928. Inauguration de la ligne de chemin de fer
Nice-Coni.
Style Art-Déco : Palais de la Méditerranée, 1929.
1931. Maurice Maeterlinck (1862-1949)
s'installe dans sa villa Orlamonde.
1940-1945. La
deuxième Guerre mondiale ravive les conflits entre la France et les États de Savoie et
remet sur le tapis la question de l'annexion de 1860.
1939-1940 : "drôle de guerre"
1940 : invasion italienne de Menton. Signature d'un
armistice qui démilitarise la région.
1940-1942 :
Nice en zone démilitarisée sous le régime de Vichy.
1942-1943.
Occupation italienne
1943-1944.
Occupation allemande
30 août 1944. Libération et occupation américaine.
Les combats continuent en montagne jusqu'au printemps 1945.
L'après-guerre
1945. Air France inaugure la ligne Paris-Nice. C'est le début de
l'aéroport international le plus fréquenté de France après ceux de
Paris.
L'Italie proclame la République le 2 juin 1946.
10 février 1947. Le Traité de Paris
définit un nouveau tracé de la frontière
orientale du pays de Nice : Tende et La Brigue sont récupérées
par la France et ajoutées au département des Alpes-Maritimes.
1949. Création de l'Otan, organisation de coopération militaire
entre le Benelux, la France, le Royaume-Uni, le Canada et
les USA. Ils sont rejoints par le Danemark, l'Italie, l'Islande, la
Norvège et le Portugal.
1950. Nouvelle explosion urbaine, économique et démographique
1956. Inauguration de la Fontaine du Soleil sur la place Masséna
(statues d'Alfred Janniot).
11 septembre 1968. Explosion d'une caravelle d'Air France en
provenance d'Ajaccio (vol 1611) en phase d'atterrissage, causée
officiellement par un incendie, vraisemblablement par un
missile de l'armée française tiré depuis la base de l'île du Levant.
95 victimes. L'épave repose à 2300 m de fond.
1969. Électrification de la ligne Marseille-Vintimille.
1987. Arrivée du TGV.
...
Nice dans le conflit entre la France et l'Algérie
1954-1962. Guerre d'Indépendance de
l'Algérie
Novembre 1954 : début de l'appel du contingent.
21 avril 1961 : putsch des généraux. Fermeture de l'aéroport
de Nice de peur d'un débarquement.
Mars 1962 : cessez-le-feu (accords d'Évian).
Début de l'exode des Pieds-Noirs.
Massacres en Algérie pendant l'été.
"Rapatriement" massif des Français d'Algérie
(Pieds-Noirs, Juifs et quelques harkis),
majoritairement en région parisienne et sur le littoral
provençal et niçois.
Monuments érigés à Nice en 1973, 2007 et 2012 "aux
martyrs de l'Algérie française" et "aux Français
d'Afrique du Nord de toutes confessions"
1992-1999. Le GIA
1992. Fondation du Groupe Islamique Armé.
Attaques contre la France, à Alger et en France, en
1994-1996.
Déclaration de djihad contre la France en 1999.
Au XXe siècle, la découverte de réserves de pétrole
au Moyen-Orient a placé le golfe persique au centre de la
carte géopolitique du monde.
Nice dans le conflit international du monde arabe
1979.
Révolution iranienne. Une partie de la famille du shah se
réfugie en exil sur le littoral niçois.
Le Moyen-Orient commence à former un bloc islamique
indépendant du pôle américain (Otan) et du pôle russe
(Urss).
1979-1989 : Guerre d'Afghanistan menée par l'Urss //
1980-1988 : Guerre Iran-Irak (locale)
1987. Fondation de l'organisation al-Qaïda.
1990-1991
: Guerre du Golfe menée par les USA et leurs alliés (dont la
France et l'Italie) contre l'Irak.
Attentats d'al-Qaïda aux USA le 11 septembre
2001 : environ 3000 morts.
2001-2014
: guerre d'Afghanistan menée par l'Otan.
2003-2011 : guerre d'Irak menée par les USA et
leurs alliés (partiellement avec l'Italie, mais sans
la France)
2006 : proclamation de l'État islamique
(en Irak).
2010-2012 : "Printemps arabe"
Depuis 2014
: coalition internationale contre l'État islamique en Irak
et en Syrie.
La coalition contre
l'État islamique en 2016
Irak
et Syrie
Pays intervenant militairement en Irak et en
Syrie
Pays intervenant militairement uniquement en
Syrie
Pays intervenant militairement uniquement en
Irak
Coalition Russie-Iran (en Syrie
et Irak)
Attentats à Paris en janvier et novembre 2015. Attaques à
Nice contre des militaires.
14 juillet 2016 : attaque contre des civils sur la Promenade
des Anglais (au moins 86 morts), revendiquée par l'État
islamique.