Grevoul & Rocher en
Salindrenque (Cévennes)
Les Grevoul,
Soulier, Rocher et Olivier sont originaires de
plusieurs communes des Cévennes, dans la province française du
Languedoc.
"Le Grévoul" est un hameau de la commune de
Bassurels, en Lozère, près de la source du Gardon de Saint-Jean.
Plus bas, dans la commune de Soudorgues (à côté de Lasalle et de
Sainte-Croix-de-Caderle), un autre hameau porte le nom de
"La Grévoul", et le nom de famille y est très courant.
Géographiquement, le périmètre de cette page se situe en Salindrenque
(vallée de la Salindre, affluent du Gardon).
Au nord, Lasalle et Saint-Bonnet,
sur la Salindre (affluent du Gardon, bassin du Rhône), et
Sainte-Croix-de-Caderle, sur le flanc du mont Brion.
Au sud, Saint-Hippolyte-du-Fort, au confluent
de l'Argentesse dans le Vidourle (qui prend sa
source dans les Cévennes et se jette dans la mer à l'ouest de
la Camargue).
(Carte de Cassini, années 1740.)
Au
premier millénaire av. JC, la région était habitée par des
peuples autochtones
ligures,
non indo-européens. Envahis par des Celtes vers 400 av. JC, ces
Ligures ont été rapidement (et totalement) celtisés et dilués dans
le peuple gaulois des
Volques
Arécomiques. La conquête romaine a eu lieu dès l'époque
de la République (IIe s. av. JC), intégrant les Volques
Arécomiques dans la "
Gaule
Transalpine" (future "
Narbonnaise")
et apportant une vague de latinisation (notamment de la langue).
L'histoire des Cévennes suit alors celle de la Narbonnaise puis de
la
province du Languedoc,
intégrée au Royaume de France dès la fin du XIIIe siècle.
Le Languedoc est une province à forte implantation
protestante. C'est l'une des trois grandes zones de combats lors
des 36 ans de guerres de religion qui saignent le royaume entre
1562 et 1598. Les édits de Saint-Germain (Charles IX, 1570), de
Beaulieu (Henri III, 1576) et finalement de Nantes (Henri IV,
1598) apportent peu à peu la liberté de culte et l'égalité des
droits civiques, et garantissent des places de sûreté et autres
lieux de refuge.
Henri IV et Louis XIV, qui ont respectivement autorisé (1598)
et interdit (1685) le protestantisme en France.
Guerre des Cévennes (1685-1711)
Le 18 octobre 1685, Louis XIV signe l'Édit de Fontainebleau, qui
révoque l'Édit de Nantes et interdit le protestantisme dans le
royaume de France. Dans les Cévennes et le Bas-Languedoc, les
paysans se soulèvent. La guerre civile va durer jusqu'en 1711.
Les protestants sont convertis de force au catholicisme. Nombreux
sont ceux qui émigrent, d'autres se laissent convertir mais
continuent de célébrer leur culte en cachette. Les assemblées
clandestines sont réprimée et font l'objet de peines sévères : les
hommes sont condamnés à mort ou aux galères, les femmes sont tondues
et emprisonnées, et les enfants sont envoyés dans des familles ou
collèges catholiques. Dans les Cévennes, 84 personnes sont
exécutées, une cinquantaine sont condamnées aux galères et 300 sont
déportées aux Amériques en 1686-1687 (un millier entre 1686 et
1689).
Un certain François Vivent se distingue parmi les prédicants
de la région. Il encourage les paysans à se défendre par les armes,
en cas de besoin, face aux attaques des dragons du roi. Dans le
cadre de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, il recherche le soutien
des alliés (notamment des Anglais), et participe à des projets de
débarquement en Languedoc qui n'aboutiront pas. Il est éliminé en
1692.
"L'Assemblée surprise", par Karl Girardet, 1842 :
une assemblée de réformés est prise en flagrant délit de culte.
- À droite : Jean Cavalier (1681-1740), héros de la résistance
cévenole.
À gauche : le massif des Cévennes au XVIIe siècle (le
nord est à droite), avec la Salindrenque en rose (bassin du
Gardon) et les futurs mouvements migratoires vers
Saint-Hippolyte (Vidourle) et Montpellier (Hérault).
À droite : les localités habitées par la famille de cette
page (exhaustives en remontant jusqu'au début du XIXe
siècle), indiquées sur la carte de Cassini. L'image représente
une largeur d'environ 11 km. On distingue deux ensemble
distincts : la rive gauche au nord, la rive droite au sud,
séparés par le lit de la Salindre. La Borie de Nadal se trouve
dans le quartier de Soulages, à la sortie de la commune de
Lasalle, sur la route de Saint-Hippolyte-du-Fort, direction du
mouvement migratoire qui surviendra avec la révolution
industrielle (flèche bleue).
Sur la rive gauche
Au XVIIIe siècle,
Henry
Mazel et
Jeanne Puech sont cultivateurs au
Mas Hubert, à 550 m d'altitude, près du
bourg de
Sainte-Croix-de-Caderle.
C'est là que naît leur fille
Marie en 1782.
Situé de l'autre côté de la crête, le bourg de Sainte-Croix
possède une chapelle romane primitive, devenue prieuré en 1420,
qui sert au culte protestant depuis le XVIe siècle.
Le village fut occupé par les dragons du roi de 1704 à 1711, et la
population convertie de force.
Le bourg de Sainte-Croix-de-Caderle aujourd'hui. À droite, le
temple protestant. [site de la
commune]
Pierre Rocher et
Marie
Poujol vivent à
La Bouscarasse,
en haut d'un vallon voisin, le Margoul, qui descend également vers
la Salindre (rive gauche de la commune de
Lasalle).
Leur fils
Pierre y voit le jour en 1781.
(Rocher est encore un nom
protestant répandu ; on en trouve par exemple à La Rochelle.)
Ci-contre à droite : le vallon du Margoul (avec La
Bouscarasse en jaune), qui borde le hameau de Calviac avant de
se jeter dans la Salindre.
À La Bouscarasse, il n'y a que deux maisons, habitées par des
familles de cultivateurs. La maison d'enfance de Pierre Rocher
junior est donc l'une des deux décrites par Louis Malzac dans
Les
cachettes huguenotes aux environs de La Salle et dans les
Cévennes (1914). Bâties à flanc de coteau, toutes deux
"possèdent des caves sur la façade ensoleillée tandis qu'en
arrière le premier étage repose sur le sol". Les descriptions
suivantes donnent une bonne idée des conditions de vie des
huguenots dans ce vallon qui était très fréquenté pendant les
années de persécution, notamment par François Vivent dans les
années 1690.
L'une des maisons est de
construction massive, sur de robustes fondations de grès. "Tout
le rez-de-chaussée est entaillé dans la montagne. Il est composé
par des écuries à voûtes basses communiquant entre elles par des
voûtes à plein cintre. Le premier étage, auquel on accède par un
large escalier extérieur d'une dizaine de marches, est formé de
plusieurs appartements communiquant entre eux. Ils avaient issue
d'un côté, sur la terrasse, à laquelle aboutit l'escalier, et,
de l'autre, par deux portes du côté de la montagne. (...) Toutes
les écuries du rez-de-chaussée communiquent entre elles, sauf
celle qui est située sous la cuisine. Deux portes, l'une a
l'ouest, l'autre au nord, leur servaient d'issues. Par un
artifice de construction fréquent dans les mas cévenols et
facilité par l'épaisseur des murs, l'architecte laissa, au fond
d'une des écuries, un espace qui peut passer inaperçu et dans
lequel fut pratiquée une cachette [marquée AB sur le plan].
(...) En forme de voûte de four, cette cavité présente, comme
dimensions : 1,3 m de diamètre sur 1,9 de hauteur au centre.
Elle prend jour, à l'extérieur, par une meurtrière de 50 cm de
haut sur 10 de large, à peine visible, au ras du sol, sur la
façade nord. Cette ouverture permettait de surveiller le vallon
dans la direction nord-ouest vers le haut du ruisseau, ainsi que
le chemin qui contourne la maison. De ce côté, il n'y avait pas
de surprise à craindre, le ruisseau descendant du sommet de
Montvaillant, qui passe à côté, présente au niveau du mas, une
paroi à pic, à peine distante de cinq mètres de la maison. À
gauche de la meurtrière, un trou, pratiqué dans la voûte,
permettait de remonter, au premier étage, dans une chambre
communiquant avec la cuisine et avec un autre appartement, par
lequel on atteignait facilement la campagne voisine et, de là,
les bois touffus des pentes de Montvaillant et le col des Aires.
Les chambres étaient, jadis, pavées de larges pierres plates
dont l'une devait probablement être mobile et recouvrir
l'ouverture de la cachette. Dans un coin de cette cachette se
trouvait un siège grossier formé d'un bloc de grès dépassant le
mur à l'intérieur."
L'autre maison est adossée à la précédente.
Largement remaniée depuis, elle a conservé ses sous-sols du
XVIIe siècle. "Un passage, aujourd'hui recouvert, situé entre
la clède à châtaignes et le corps du bâtiment principal
servait jadis d'entrée principale et de dépôt pour le fumier
de ferme. Il donnait accès par quelques escaliers dans une
cour intérieure fermée du côté de la montagne par un mur percé
d'une porte. Sur cette cour, à droite, se trouvent d'un côté
les ouvertures de diverses écuries et le four. De l'autre
côté, une cave et des escaliers permettant d'accéder à la
cuisine et aux appartements situés au premier étage de la
façade sud. Au rez de-chaussée de celle-ci se trouvent les
caves dont la porte est dans le passage. Celles-ci sont au
nombre de trois. Elles se commandent l'une l'autre. La
première, éclairée par une lucarne, est construite
parallèlement au passage. La seconde se trouve à angle droit
sur la première. On y montait par quelques marches. Elle
n'avait pas d'ouverture pour l'éclairer. Sur un de ses grands
côtés s'ouvre la porte de la troisième cave parallèle à la
première. On y descendait par un escalier de trois marches.
Jadis obscure, elle est aujourd'hui très éclairée par une
grande fenêtre percée dans le mur de façade de la maison.
Cette obscurité des deux caves profondes semble avoir facilité
la création d'une cachette dans la dernière. Celle-ci, voûtée
comme les deux autres, présente sur le côté droit un énorme
contrefort bâti à pierres sèches. À un examen superficiel,
celui-ci semble destiné à soutenir le mur contre lequel il
archonte ses gros blocs calcaires. Il n'occupe cependant pas
toute la paroi mais s'arrête à 1,5 m du mur voisin. La paroi
libre présente une ouverture de l mètre de hauteur sur 60 cm
de largeur. Si l'on s'introduit par celle ouverture, on se
trouve dans une petite cavité ménagée dans l'épaisseur du
contrefort [cachette n° 1 sur le plan]. Elle forme une
niche assez large pour qu'un homme puisse s'y tenir facilement
debout. Quelques fagots appuyés contre cette paroi libre
suffisaient pour en dissimuler complètement l'ouverture déjà
difficile à trouver dans l'obscurité."
Au XIXe siècle, un propriétaire
ultérieur, "voulant aérer la deuxième cave du rez-de-chaussée,
chercha à établir une communication entre celle-ci et la cave
dont l'ouverture est sur la cour intérieure, au niveau du 1er
étage. Croyant n'avoir qu'un mur de soutènement à percer, il
s'arma d'un pic et descella, du côté de la cave supérieure, une
grosse dalle située dans le mur. À sa grande stupéfaction, il se
trouva en présence d'un double mur délimitant une cavité de 60
cm de large sur 3 m de long et 2,50 de hauteur sous voûte. Cette
cachette [n° 2 sur le
plan], construite aux dépens de la cave
supérieure (...), avait été complètement oubliée grâce aux
changements successifs de fermiers ou de propriétaires.
La présence de trois cachettes aussi
rapprochées ne pouvait être que d'une grande utilité pour les
prédicants. Elle nous donne peut-être la raison pour laquelle
tant d'assemblées aussi importantes ont été tenues dans ce
vallon situé à proximité de La Salle. En cas de surprise, les
prédicants étaient certains d'avoir à la Bouscarasse des refuges
à peu près introuvables."
Il faut attendre l'édit de Versailles (Louis XVI, 1787) pour que les
Français non catholiques puissent bénéficier à nouveau d'un statut
juridique et civil.
En 1789, avec la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen, la liberté religieuse est accordée à tous.
Louis XVI et la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen.
Chef-lieu de canton, la commune de
Lasalle abrite environ 2100 habitants en 1793. Le bourg
est constitué d'une longue rue sur la rive gauche de la
Salindrenque, mais les huguenots ont longtemps été
réticents à le fréquenter : les soldats y tenaient
garnison, et il était plus facile de se cacher dans les
campagnes.
Le temple protestant de Lasalle (1829) et l'église
méthodiste.
|
En 1793, les révolutionnaires confisquent les édifices religieux et
les dédient au culte de la Raison. Ils sont rendus aux protestants
en 1802 avec le Concordat.
Dans la commune de Sainte-Croix, Pierre Rocher fils et Marie Mazel
se marient 1804 (le "22 thermidor de l'an XII") et s'établissent à
la métairie de La Borie, dans le
vallon qui descend du Mas Hubert (décidément, beaucoup de fermes
s'appellent "La Borie" dans la région).
Leur fils Jean-Louis Rocher y naît en janvier 1808.
Par ailleurs, Louis Olivier (fils de Claude Olivier et de
Marie Pouget) et Marie Rocher (fille de Louis Rocher et de
Suzanne Poujol) vivent au domaine de Simonet
(commune de Saint-Bonnet), au bord de la route qui longe la rivière
jusqu'à son embouchure dans le Gardon (donc en direction d'Anduze et
de Saint-Jean-du-Gard), lorsque naît leur fille Marie, en
1812.
La population de la commune de
Sainte-Croix-de-Caderle est à son maximum en 1836 avec 293
habitants. Cette année-là, Jean-Louis Rocher (de La Borie)
épouse Marie Olivier (de Simonet), en présence du pasteur
protestant.
Ils vont avoir trois filles :
- Juni (née en 1837), qui préférera se faire appeler
"Jenny" ;
- Louise (née en 1841) ;
- Adèle (née en mars 1848).
En 1846, il n'y a plus que
275 habitants à Sainte-Croix.
Sur la rive droite
Au XVIIIe siècle,
Jean Soulier et
Magdelaine Vivent sont cultivateurs à la ferme de
Claverolles, dans le sud de la commune
de
Saint-Bonnet.
(Ce
sont deux noms de famille absolument caractéristiques de la
région.)
Le site se trouve au confluent de deux petits vallons qui
forment le ruisseau d'Olivet, lequel se jette dans la Salindre par
la rive droite, un peu avant le château de Saint-Bonnet.
Leur fils
Jean naît vers 1781.
Dans les environs se trouve une autre cachette intéressante
décrite par Malzac :
"Au point exact où les deux routes de Monoblet
et de St-Félix se fondent en une seule qui, par St-Bonnet se
dirige vers La Salle, au petit col de la Croix du Puech se
détache un mamelon dont le sommet élargi porte le nom de La
Pale. Ses pentes du côté nord délimitent le vallon de la
Salindrenque (...). À l'ouest, les pentes de ce mamelon portent
les différents mas de la petite commune de St-Bonnet : Le Puech,
La Farelle Haute, La Farelle Basse... Un peu au-dessous du
sommet du plateau se trouve une grande clède à châtaignes,
aujourd'hui presque démolie. C'est la Clède de la Pale,
dépendance du mas de la Farelle Basse. Elle fut maintes fois
utilisée comme asile grâce à sa situation écartée des routes et
à son accès difficile." En particulier, François "Vivent, au retour de l'assemblée de la
Cam de Monoblet, le 29 octobre 1691, se retira dans la Clède
de la Pale avec toute sa troupe. Il repartit de là ensuite
pour se réfugier au mas de Rouville près St-Jean."
Par
ailleurs, autour de cette bâtisse, une légende s'est transmise
au fil des siècles (mais elle est assez répandue en d'autres
lieux des Cévennes) : "Un prédicant ou un pasteur, réfugié dans
cette maison, dut son salut à la toile tissée par une araignée
en travers de la porte, pendant son sommeil. Les dragons qui
recherchaient les proscrits dans la campagne, passèrent grâce au
travail nocturne de l'insecte, sans essayer d'entrer dans cette
clède. La présence de la toile fut pour eux un certificat
d'absence de tout individu à l'intérieur."
Plus près de la rivière, relevons aussi à cette époque :
Suzanne,
fille d'
Estienne Maurin et de
Marie Jullian au
hameau de
La Capelle, centre urbain
de la commune de Saint-Bonnet.
À un emplacement stratégique sur un piton rocheux surplombant une
boucle de la Salindrenque, le site de Saint-Bonnet fut sans doute
un oppidum ligure puis gallo-romain, avant d'être à nouveau
fortifié par les Carolingiens au IXe siècle. Le
castellas actuel
date du XIIe siècle (remanié aux XVe et XVIe : c'est le "château
de St-Bonnet" sur le plan cadastral ci-contre) :
Les Soulier et le plâtre
Sous l'Empire, Jean Soulier junior s'installe "en ville", à
La Capelle.
Marié en septembre 1804 ("fructidor de l'an XII") avec Suzanne
Maurin, il a notamment une fille, Sophie Soulier, née en septembre 1813.
Le territoire de Saint-Bonnet a longtemps été consacré à
l'exploitation du gypse et à la fabrication du plâtre.
Propriétaire, Jean Soulier (fils) est cultivateur et marchand de
plâtre : il travaille comme "voiturier", c'est-à-dire qu'il
transporte le plâtre, à l'aide de chevaux et de charrettes, entre le
four et les clients.
Un four à plâtre à côté d'une carrière de gypse [dans
l'Encyclopédie].
Par ailleurs, Louis Olivier a épousé une jeune fille dont
les parents sont agriculteurs à Lasalle (commune adjacente), Marie
Rocher, en 1809. Ils ont eu ensuite plusieurs enfants, dont
Louis (en 1810) et Marie (en 1812). En 1836, cette dernière épousera
un jeune homme de Sainte-Croix-de-Caderle dénommé Jean-Louis Rocher
: il en sera question plus bas.
En août 1833, Sophie Soulier
épouse son cousin germain David Grevoul :
Les Grevoul et la soie
Né en 1803 (le "26 floréal
de l'an XI"),
David Grevoul
est cultivateur au hameau de
La Borie de
Nadal, à
Lasalle, comme
ses parents David et Suzanne née Soulier (celle-ci étant la sœur
de Jean Soulier, le père de Sophie).
Les recensements ultérieurs révèlent que "La Borie de Nadal" est
une ferme du quartier de Soulages (dont le centre est indiqué sur
le plan cadastral ci-contre par une grande marque verte). Elle
devait se trouver quelque part entre le Campet et Mayestre (petits
points verts), donc sur la route reliant Lasalle à
Saint-Hippolyte-du-Fort (en rose) :
Il s'agit peut-être du point bleu ci-contre, qui ne porte pas de nom
sur la carte.
Le mas du Campet et les environs sur des cartes postales
anciennes.
David père est aussi faiseur de bas de soie. La culture du mûrier,
l'élevage du ver à soie et les techniques textiles associées sont
typiques de la région, où elles semblent remonter au XIIIe siècle.
Le tissage de bas est une activité que les paysans peuvent pratique
à domicile pour se procurer des revenus complémentaires.
L'élevage des vers à soie dans l'Encyclopédie. - Un métier à
bas au début des années 1850. - Ci-dessous : la filature de
Lasalle à l'époque industrielle.
David fils devient cantonnier, et son fils Gustave Grevoul naît
en octobre 1844.
L'exode rural
Gustave et Adèle se marient le 12 avril 1869 à
Sainte-Croix-de-Caderle.
Ce mariage rapproche pour la première fois des familles des deux
rives de la Salindrenque. La jeune épouse va alors quitter
Sainte-Croix et rejoindre son mari à Lasalle, dans le quartier de
Soulages, à la ferme de La Borie de Nadal, sur la route qui mène à Saint-Hippolyte-du-Fort et à Montpellier.
Avec la révolution industrielle, le département du Gard se trouve
soudain connecté à un réseau ferroviaire : fondée en 1857, la Compagnie
des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM)
est destinée à exploiter et développer le réseau
Paris-Lyon-Marseille, dont l'axe principal était déjà presque achevé
en 1855. À la fin des années 1850, Nîmes est reliée à
Saint-Germain-des-Fossés (Allier) via Alès et Clermont-Ferrand, et
la PLM met en service l'extension Marseille-Sète via Tarascon, Nîmes
et Montpellier. À une époque où le commerce de la soie est sur le
déclin, cette nouvelle activité fournit d'heureuses opportunités de
reconversion aux paysans de la région. Gustave s'engage donc dans
les chemins de fer. [Ci-contre à droite, on peut voir l'état du
réseau en 1915.]
Au cours des années 1870-1880, Gustave et Adèle ont plusieurs
enfants, qui naissent en différentes villes du Languedoc au gré des
déplacements professionnels :
- Adèle,
*14.03.1870 (Montpellier, Hérault)
- Albert
Ernest,
*04.09.1872 (Sète, Hérault)
- Lydie
Louise Marie,
*26.10.1879
(Saint-Hippolyte-du-Fort, Gard)
L'arbre ci-contre (cliquer pour agrandir) résume la filiation en
respectant grosso modo les positions géographiques.
À Paris
À l'époque industrielle, au gré des mutations du père
cheminot, la famille s'établit à Paris (entre 1879 et
1894).
Ils sont domiciliés dans le 12e arrondissement, quartier de
la gare de Lyon, d'abord au 126 rue de Charenton (1894),
puis au n° 154 (1898).
Adèle mère est couturière (1894), puis sans profession
(1898).
Adèle fille est également couturière. Le 1er février
1894, à Paris 12e, elle épouse Jean Pierre Michel Trescazes,
originaire de Haute-Garonne, employé au PLM
(également domicilié au 126 rue de Charenton).
Albert entre à la Compagnie du Gaz (la "Compagnie
parisienne d'éclairage et de chauffage par le gaz", fondée
en 1855). Le 23 juin 1898, à Paris 12e, il épouse Berthe
Julie Maigret, modiste originaire de Beauvais. |
Lydie, plus jeune que ses frère et sœur, continue de suivre ses
parents, qui emménagent ensuite à Salon (entre 1901 et 1904). Ils
vivent alors sur le boulevard Danton, derrière la gare.
En 1904, à Salon, Lydie se marie avec Henri Vial, issu d'une
famille des Basses-Alpes.
À gauche, probablement la sœur
Adèle Grévoul, à Beaucaire (on remarque la croix huguenote en
pendentif). - À droite, Lydie Grévoul en 1904.
Sources :
Archives familiales
Archives
départementales
du Gard
"La vallée de la Salindrenque", Atlas
des paysages du Parc national des Cévennes
Ernest Daudet, La terreur blanche, 1878.
Louis Malzac, Les cachettes huguenotes aux environs de La
Salle et dans les Cévennes, Cévennes, 1914.
Louis Malzac, Les Pourtalès - Histoire d'une famille huguenote
des Cévennes, 1500-1860, Paris, 1914.
Agnès de la Gorce, Camisards et dragons du roi, Albin
Michel, Paris, 1950.
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