Magalon, Mengeaud,
Toche, Lions, Cazon, Lance... sont des
noms typiques des divers hameaux de Guillaumes.
L'histoire de ces familles se situe sur le cours supérieur du
Var, sur les flancs occidentaux du massif de l'Argentera.
En provençal, le magal est
une houe à deux branches. Magalon
est donc un patronyme local d'origine agricole.
La
commune de Guillaumes se trouve en
Provence.
Le comte Guillaume Ier y a établi un camp militaire au Xe
siècle, dans le cadre des guerres contre les Sarrasins.
Dans les années 1230, Raymond Béranger V y a fait construire
un château, autour duquel s'est développé ensuite une ville
nouvelle, qui forme le village actuel de Guillaumes.
Le
Comté de Provence est intégré au Royaume de France en 1481.
Jean et Magdeleine Magalon sont nés
vers les années 1680.
Ils se marient à Guillaumes. Ils ont un fils le 8 janvier
1726, Antoine ; puis une fille, Marie Élisabeth, née le 24
avril 1727. Ce dernier accouchement ce passe mal : Magdeleine meurt
le lendemain.
Le 6 février 1750, Antoine
Magalon épouse Marie Marguerite Rancurel,
fille d'Antoine Rancurel et d'Anne-Marie Lieutaud. La bénédiction
est donnée en la chapelle Notre-Dame des Neiges du Clot d'Ouillon (au bord du Var, juste en
amont de bourg ; cette église a disparu peu après, peut-être dans
les crues du Var ; ne pas confondre avec l'église Notre-Dame des
Neiges du hameau d'Amé).
Leur fils Jean-Baptiste
naît le 3 janvier 1751.
Rectification de frontière (1760)
En
1760,
pour une fois qu'ils ne sont pas en guerre, les rois de France
(Bourbon) et de Sardaigne (Savoie) se mettent en tête
de rectifier leur frontière commune. Le territoire de
Guillaumes est alors détaché de la Provence. L'avantage est
économique : si la frontière suit les voies de communication
naturelles, les marchandises pourront circuler plus aisément sans
que les habitants aient à rendre des comptes à des douaniers
plusieurs fois par jour. L'inconvénient, c'est que les gens doivent
s'adapter à des changements administratifs. Heureusement, bien que
la langue officielle des États de Savoie soit l'italien, le français
reste localement la langue administrative (jusqu'à 1860).
À présent, dans les environs de Guillaumes, toute la rive gauche du
Var est donc réunie au sein du Comté de Nice.
En couleur : les communes
passées de la France aux États-Sardes en 1760.
Né français, Jean-Baptiste est maintenant sarde. Le 9 mai 1780,
il épouse Rosalie Boutin, fille de feu Antoine Boutin et
d’Élisabeth Fruchier, de Saint-Martin-d'Entraunes.
Saint-Martin-d'Entraunes était une commune du Comté de Nice : les
deux familles ont donc été rapprochées par le changement de
frontière.
Leur fils Jean Antoine naît
le 28 mars 1781.
Invasion française (1792)
Le
Comté
de Nice est détaché des États-Sardes en 1793 et forme le département
français des Alpes-Maritimes (tout le Piémont sera réorganisé en
département français dans les années 1800, sous Napoléon).
Le 14 juin 1802, Jean Antoine
Magalon épouse Marie Rose Mengeaud.
Tous deux sont cultivateurs à Bouchanières,
hameau d'origine de la mariée (Menjaud, Toche...).
Jean Dominique, naît le 8
avril 1803 ("18 germinal de l'an 11").
Église de Bouchanières (photo
Valery Trillaud)
Restauration sarde (1814)
En
1814, le traité de Paris rétablit la frontière de 1792
: le Comté de Nice, Guillaumes compris, est donc restitué
à la Maison de Savoie.
Jean Dominique est
propriétaire et cultivateur à Bouchanières.
Le 13 mai 1833, il épouse Marie Marguerite Thérèse Lions.
La mère de la mariée (Cazon,
Lance...) est originaire de Barels, un
autre hameau de Guillaumes, très isolé.
Jean Antoine meurt le 2 avril 1836.
L'arbre ci-contre (cliquer pour agrandir) résume la filiation en
respectant grosso modo les positions géographiques.
Arrondissement et commune de
Guillaumes dans le Dizionario generale
geografico-statistico degli Stati Sardi (Turin, 1855) :
Le village moderne, sur la rive
gauche du Var et au pied du château des comtes de Provence.
Naissance d'Amable Antoinette
Magalon, *18.01.1854 (Bouchanières, Guillaumes ; acte de
naissance du jour à la paroisse St-Roch),
Naissance d'un deuxième enfant : Natal.
Rattachement à la France (1860)
C'est
le 4e changement de souveraineté en 100 ans !
Antoinette est domestique à Digne, puis nourrice à Thorame Basse.
Elle y rencontre Julien Auguste Vial,
cultivateur au hameau de La Bâtie. Elle l'épouse le 3 novembre
1873. Antoinette était de citoyenneté sarde à la
naissance, mais elle est française au moment de son mariage.
En 1872, les Magalon résident à Bouchanières, quartier des
Hivernasses (n° 10), avec leur fils Natal âgé de 15 ans.
Jean Dominique Magalon meurt le 24 juillet 1874, et
Marie-Thérèse le 23 avril 1881.
La haute vallée du Var. - Les
ruines du château de Guillaumes surplombant le vallon
du Tuebi.
À gauche : un pont
de 1912 (785
m d'altitude), emprunté
par le tramway de 1923-1929, puis par la route ("le pont de la
Mariée").