1982/86 |
Vidéos et super-8 (festivals européens). |
Sparrowsun (Londres et New
York). |
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Expositions (ICA, Londres et Whitworth Gallery,
Manchester). |
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The
Roaring
Dreams Show, exposition (Tom Allen Centre,
Londres). |
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Leviathan,
nouvelle. |
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The Epic of Oracle Foster, exposition de peintures et de dessins (Lamont Gallery, East London). | |
1987 |
Visiting
Mr
Beak, court métrage. |
American
Gothic, exposition de peintures et de dessins
(Londres, Paris, New York). |
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1988 |
The Universe of Dermot
Finn, court métrage. Festival de
Berlin : sélection officielle.
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Crocodilia,
roman |
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Expositions de peintures à Nice et Bergame. |
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1989 |
In
the Eyes of Mr Fury, roman. |
Mercedes Ice, roman pour enfants. | |
October Scars the Skin
& The Aquarium of Coincidences,
pièces radiophoniques (BBC). |
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The
Vinegar
Blossoms, exposition de peintures et de
dessins (Lamont Gallery, East London ; puis Paris,
Milan et New York). |
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1990 |
The
Krays, scénario du long métrage de Peter
Medak (produit par Fugitive Features) [Les frères Kray].
Top Ten aux
Etats-Unis.
Evening Standard Film Awards : prix du meilleur film de l’année. |
The Reflecting Skin,
long métrage (produit par Fugitive Features) [L'enfant miroir].
Festival de Cannes : sélection officielle. Festival de Locarno : Léopard d’argent, prix Fipresci, prix CICAE, prix de la jeunesse et prix Barclay. Festival de Stockholm : grand prix. Festival de Birmingham : prix du meilleur film britannique, prix du meilleur nouveau film de la Guilde des scénaristes. Festival de Sitges : meilleure actrice, meilleure photographie. Prix George Sadoul du premier long métrage. / Top Ten, Los Angeles Times. Evening Standard Film Awards : prix du jeune cinéaste britannique le plus prometteur. |
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Flamingoes in Orbit,
recueil de nouvelles. |
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Dakota of the White
Flats, roman pour enfants [Dakota des cités
blanches]. 1996 : nomination en Allemagne pour le prix du meilleur roman pour enfants de l’année. |
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Exposition de dessins (Odette Gilbert Gallery, Cork
Street, Londres). |
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1991 |
Krindlekrax,
roman pour enfants [Kikenkrok].
Prix Smarties de la fiction pour enfants. Prix W.H. Smith des livres époustouflants. |
Shambolic
Rainbow, pièce radiophonique (BBC). |
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The Pitchfork Disney,
pièce de théâtre [Pitchfork
Disney]. Création au Bush Theatre, Londres. Prix Charrington Frindge du meilleur acteur (Rupert Graves). 1995 : Création américaine au Woolly Mammoth Theatre, Washington. Quatre prix Helen Hayes. |
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1992 | The Fastest Clock in
the Universe, pièce de théâtre [L'horloge la plus rapide
de l'univers]. Création au Hampstead Theatre, Londres. Prix Meyer-Witworth. Prix Time Out. Prix du Cercle des critiques du dramaturge le plus prometteur. Prix de l’Evening Standard du dramaturge le plus prometteur. Créations en Europe (différentes productions en Allemagne). |
1993 |
Exposition de peintures
de paysages américains (West Soho Gallery, Londres). |
Nouveaux films
expérimentaux en vidéo et super-8 (projetés dans des
night-clubs à Londres et New York). |
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1994 |
Ghost from a Perfect Place,
pièce de théâtre [Un
revenant d'un monde parfait]. Création au Hampstead Theatre, Londres. |
Meteorite
Spoon, roman pour enfants. |
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Exposition de peintures
à Londres et Tōkyō. |
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1995 |
The Passion of Darkly Noon,
long métrage (produit par Fugitive Features) [Darkly Noon]. Première au festival de Tôkyô. Festival de Porto : prix du meilleur réalisateur. Festival de Sitges : meilleure musique (Nick Bicât). |
Kasper
in
the Glitter, roman pour enfants. Nominé pour le Prix Whitbread du livre pour enfants 1995. |
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The Hooligan’s Shampoo, récit pour jeunes enfants. | |
Alien Heart,
nouvelle pour les Projections
de John Boorman. |
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1996 |
Dreamboat
Zing, récit pour jeunes enfants |
Contribution à
l’exposition collective Freezeframe (du 26 avril au 26 mai
à la Lamont Gallery) avec le tableau Screamfish. |
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Rétrospective de toute
l’œuvre filmée au festival Titanic en Hongrie.
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1997 |
Scribbleboy,
roman pour enfants. Prix NASEN 1997 du livre pour enfants. / Nominé pour la Carnegie Medal. |
Sparkleshark,
pièce de théâtre pour jeune public. Commande du Royal National Theatre (BT National Connections scheme for young people). Création en juillet au Royal National Theatre (par le Youth Lyric Theatre, Belfast). |
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1998 |
Fairytaleheart,
pièce de théâtre pour jeune public [Fairytaleheart].
Création en janvier au Hampstead Theatre, Londres (mise en scène Ph. Ridley). |
Apocalyptica,
pièce de théâtre pour jeune public. Création au Hampstead Theatre, Londres. |
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ZinderZunder, roman pour
enfants. |
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2000 |
Vinegar
Street, roman pour enfants. |
Brokenville,
pièce de théâtre pour jeune public (nouvelle version
d’Apocalyptica). Commande du Royal National Theatre (BT National Connections scheme for young people). Création au Royal National Theatre. |
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Vincent
River, pièce de théâtre [Vincent River]. Création en septembre au Hampstead Theatre, Londres. |
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2001 |
Contribution au projet
d'écriture en chaîne The Chain Play, conçu par Angus
Mackenchnie et commandé à 25 dramaturges pour le 25ème
anniversaire du National Theatre. Création au théâtre Olivier. |
2002 |
Mighty
Fizz
Chilla, roman pour enfants. |
Krindlekrax,
pièce de théâtre pour jeune public adaptée du roman. Création en juin au Birmingham Repertory Theatre (mise en scène Anthony Clark). |
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2003 | Daffodil
Scissors, pièce de théâtre pour jeunes
enfants. Création été 2003. |
2004 |
Moonfleece,
pièce de théâtre pour jeune public [La toison de lune].
Création en juillet au Cottesloe Theatre. |
Karamazoo,
monologue pour jeune public (deux versions : masculine
et féminine). Commande du Royan National Theatre. |
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2005 |
Mercury
Fur, pièce de théâtre [Mercure étincelant].
Création en février au Drum Theatre, Plymouth, et en mars à l'usine de chocolat Menier, Londres (compagnie Paines Plough). |
Zip's
Apollo, roman pour enfants. |
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2007 |
Leaves
of Glass, pièce de théâtre. Création en mai au Soho Theatre (mise en scène Lisa Goldman). Love Songs for Extinct Creatures, lectures de poèmes (Soho Theatre). Recent Portraits, expositions de photos (Soho Theatre). |
2008 |
Piranha
Heights, pièce de théâtre. Création en mai au
Soho Theatre.
|
Scribbleboy, pièce de théâtre pour
jeune public adaptée du roman ? Écriture d'un livret d'opéra pour le Music Theatre Scotland ? |
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2009 |
Heartless,
long métrage. |
« The
Rogue in Vogue », écrite pour le film The Krays (1990).
The
Pitchfork Disney. => Création française, sous le titre Pitchfork Disney, en mars
1993 au Maillon, Strasbourg (mise en scène d'Anne Torrès avec
Jérôme Kircher, Claire Lasne, Jean Lorrain et Mohammed Rouabhi).
Fairytaleheart. => Création française sous
le titre Fairytaleheart.
Vincent
River. =>
Création française, sous le titre Vincent River, en octobre 2005 au Théâtre du
Marais, Paris (mise en scène de Jean-Luc Revol, avec marianne
Epin et Cyrille Thouvenin).
Philip
Ridley
est l'auteur de contes pour enfants, de romans et de
nouvelles, ainsi que de pièces de théâtre et de
scénarios.
Son
premier scénario, The Krays, a été mis en
scène par Peter Medak en 1990. Après cela, il a
lui-même réalisé deux longs métrages.
Quant à ses romans pour enfants, publiés chez Penguin Books, ils ont beaucoup de succès en Angleterre. Dans tous ces textes, on retrouve bien souvent les mêmes préoccupations. Les personnages se ressemblent, qu'il s'agisse de pièces ou de romans, destinés à des enfants ou à des adultes. Leurs noms sont toujours étranges et évocateurs. Ils ont tous des secrets, des souvenirs qui les hantent. Souvent, pour garder leurs secrets, ils s'isolent dans une enfance illusoire dont ils refusent de sortir, au point parfois de perdre de vue la réalité. Les
personnages de Philip Ridley sont doublement des
victimes. Ils souffrent en silence de leurs secrets
qu'ils ne peuvent pas partager, et ils sont persécutés
à cause de leur différence. D'abord mystérieux et
inquiétants, ils perdent peu à peu leurs masques pour
dévoiler toute leur faiblesse et s'avérer profondément
humains, d'une humanité poignante. |
"We're in
a jungle," whispered Billy. "It's a tropical night.
The moon is full. The sky glitters with stars. And
all the creatures of the forest are watching." His
breathing grew faster, his skin turned pink,
shimmered with sweat. "I can see them," he hissed.
"Watching, watching."
Billy Crow, in Crocodilia
|
Philip
Ridley
a copié en exergue des vers de Rilke sur la Beauté et
la Terreur. « ... Car la Beauté n'est autre que le
commencement de la Terreur... » Le ton est
donné.
Dans la nouvelle éponyme, le narrateur est un enfant de douze ans, qui vit avec sa mère et un mystérieux locataire. Celui-ci connaît cette expérience qui va de l'admiration de la beauté à la terreur. Il nous est présenté comme un homme « gros, chauve et bien rasé, avec une peau tendre et rose et des yeux humides, comme un énorme bébé ». Mais cet énorme bébé, aux yeux de la voisine, va devenir une menace pour ses hôtes. Quel secret cache cet homme qui passe des journées enfermé dans sa chambre ? L'histoire est rapportée par le fils, déformée par son innocence d'enfant de douze ans. Le recueil est constitué d'une alternance de récits relativement longs et de petits textes anecdotiques de quelques pages. Dans certains pays, ce recueil est considéré comme un livre pour enfants. Pourtant, le ton grave, violent, qui tend parfois vers l'horreur, le rapproche plutôt du film de la même année, The Reflecting Skin. |
" Other
firemen rushed over. They . . . they put out the
flames. They lifted the blanket. The man . . . he
was burnt all over, Lambert. Like scorched wood. All
his features had gone. No eyes. No ears. No nose.
All he had was a mouth. And he was screaming. "
Flamingoes in Orbit
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Dakota
Pink
a dix ans, elle vit avec sa mère et un mystérieux
locataire de vingt-huit ans. En se lançant à la
recherche d'une tortue à la carapace incrustée de
diamants qui a été volée, elle va rencontrer des
personnages étranges, découvrir leurs secrets et leur
véritable identité. Car derrière la quête de la tortue
se cache une autre quête...
Sur le plan psychologique, cette histoire est très proche de Flamingoes in Orbit et des autres oeuvres pour adultes de Philip Ridley. Mais la narration est clairement celle d'un roman pour enfants, de même que l'héroïne, la petite fille intrépide qui surmonte tous les obstacles. |
Max
Huckabee
a dix ans. Il vit avec sa mère dans un petit coin de
paradis qui subsiste miraculeusement au milieu d'une
grande ville. Max aime tout ce qui est kitsch, et cela
lui attire beaucoup de remarques moqueuses de la part
de son entourage. Revêtu de sa tenue de claquettes --
une veste verte et rose --, seul contre
l'incompréhension générale, il ne rêve que de devenir
une star du show-biz. Mais c'est aujourd'hui un jour
exceptionnel pour Max. Car il apprend que s'il
téléphone à ZinderZunder, il peut mettre fin à son
malheur : il n'a qu'à exprimer un voeu. Naturellement
son voeu consiste à ce que tout le monde comprennent
et apprécie ses claquettes. Mais tout n'est pas si
simple, et son voeu, mal interprété, va se retourner
contre lui.
La forme du récit est très originale. Philip Ridley raconte son histoire en vingt-quatre heures, du lever du soleil au lever du soleil, chaque paragraphe étant précédé de l'heure exacte. Max se joint au narrateur pour raconter cette journée, complétée par des flash-back qui présentent les différents personnages tels qu'ils interviennent dans la vie de l'enfant. Philip Ridley décrit avec beaucoup de soin des personnages tous plus pittoresques les uns que les autres. Granny Blossom, Daddy Rosco, Aunt Kiki, Cousin Otis, les Trillian Geezers, chacun est caractérisé par son propre vocabulaire, par sa propre façon de voir le monde. Quant à Max, c'est un petit garçon incompris et maltraité qui souffre de sa solitude mais qui, dans ce monde de rêve et de magie, pourra faire reconnaître son talent et se faire aimer. |
" But . .
. well, the things you're interested in, my precious
fellow, are different. Heavens to Betsy!
It's these different things that make you
special. But you pay a price for being special. And
that price is, people taking the mickey out of you.
In fact, everything you consider to be razzmatazz,
others think funny or weird. And, sometimes, people
like us pay the biggest price of all: when someone
we love (...) fails to see our razzmatazz. "
ZinderZunder
|
En
exergue à sa première pièce, Philip Ridley a copié des
citations sur la terreur, la souffrance et l'enfance.
La pièce met en scène deux jumeaux, un garçon et une
fille de 28 ans, qui vivent seuls dans une pièce
délabrée de l'East End de Londres, et qui ont cessé de
grandir, pour ainsi dire, à la mort de leurs parents
il y a dix ans. Ils trouvent du réconfort dans leur
chocolat, leur tétine et le médicament de leur mère.
Dans cet univers qu'ils conservent méticuleusement
hors du temps surgissent tout à coup deux intrus,
Cosmo Disney et Pitchfork Cavalier. Ces deux
personnages extérieurs vont bouleverser l'harmonie
illusoire de l'existence des deux jumeaux, ils vont
s'insinuer dans leurs rêves et les terroriser.
Le cauchemar récurrent raconté par Presley est terrifiant. En cinq pages, il fait le tour de tous les fantasmes, de toutes les angoisses de Philip Ridley. Presley rêve qu'à son réveil il est un vieillard, que personne ne veut admettre qu'il n'est qu'un enfant ; il parcourt la ville poursuivi par un dangereux tueur d'enfants auquel il échappe grâce à l'explosion d'une bombe atomique qui détruit tout et ramène Presley dans un monde où plus rien ne viendra le menacer ; et il redevient un enfant. Comme quoi, aussi terrible que soit la réalité, on peut toujours faire en sorte que tout se termine bien en s'échappant dans un monde imaginaire. Ce cauchemar de Presley, c'est un peu celui de tous les personnages de Philip Ridley. À propos du Pitchfork Disney, on pourra aller voir le site du Mythos Theatre, incomplet mais tout de même intéressant, avec en particulier un article intitulé "Inside the mind of Mr Ridley". |
" And
then . . . and then it starts to snow. The snow
lands on my skinless body. It gives me a new skin.
My wounds are healed. The nuclear snowfall
transforms me. I rise from the ashes and I am
perfect. I am a boy again. "
The Pitchfork Disney
|
Les
citations
qui précèdent le texte de la pièce parlent de cruauté
et du temps. Cougar Glass a trente ans, mais il a
cessé de compter ses anniversaires depuis le
dix-neuvième. Il passe ses journées assis sous une
lampe à UV, sans activité. Il habite dans l'East End
de Londres avec Captain Tock, qui vit dans un monde
d'oiseaux empaillés, un monde où le temps est
suspendu. Il est vieux, mais il s'entoure de ces
représentations d'une jeunesse éternelle. Cougar
voudrait rester jeune, comme ces oiseaux
empaillés.
La
pièce ressemble au conte de fées que raconte Captain
Tock. Cougar est le plus beau jeune homme de l'univers
et tout le monde l'admire. Mais il n'aime pas les
gens. Il n'aime que lui et il veut qu'on l'aime. Aussi
est-il puni : il veillit et perd sa beauté. La seule
chose qui pourrait le sauver, c'est « l'Horloge la
plus rapide de l'univers »... En invitant le jeune
Foxtrot Darling (Jude Law, lors de la création à
Londres) à une illusoire cérémonie d'anniversaire, il
ne fait qu'exercer une nouvelle fois sa cruauté.
Captain Tock voudrait sauver Cougar, il voudrait lui
faire découvrir « l'Horloge la plus rapide de
l'univers »... Le dernier mot de la pièce nous donnera
la solution de cette énigme.
|
" The
Wizard changed the Prince's face into the face of a
vulture. His hair fell out and was replaced with
feathers. His nose grew longer and harder and turned
into a beak. The Prince screamed and screamed and
begged the Wizard to give him back his beautiful
face. 'No', said the Wizard. 'The only thing that
will save you is when you find the Fastest Clock in
the Universe.' "
The Fastest Clock in
the Universe, acte 2
|
Travis
Flood
est un vieillard qui retourne dans l'East End de
Londres après vingt-cinq ans d'absence. A l'époque, il
était un gangster respecté. Il semait la terreur dans
la ville. Tout a changé. Le temps a passé. Mais il y a
quelque chose qu'il ne peut oublier. Quelque chose qui
va ressurgir quand il va rencontrer Torchie, la
grand-mère de Rio.
Rio a vingt-cinq ans. C'est une jeune fille mystérieuse, et Travis cherche à mieux la connaître. Quelque chose l'intrigue. Torchie se souvient avec nostalgie de cette époque révolue où les gangsters avaient du style. Pendant le premier acte, elle lui raconte des choses qu'il sait, des choses qu'il ne sait pas. Jusqu'à la naissance de Rio. Quant à Rio, entourée de sa bande de « gangsters » d'aujourd'hui, elle va raconter à son tour (pendant le second acte) des choses que Travis sait ou ne sait pas, et elle va faire éclater la vérité au cours d'une cérémonie cruelle et violente. Les deux générations s'opposent. Le fossé entre Travis et Rio est d'autant plus grand que bien des choses ont évolué pendant la longue absence de Travis. Il revient inchangé dans ce monde radicalement différent, tel un fantôme d'une autre époque. Mais si tout semble opposer Travis et Rio, ils ont bien plus en commun que leur appartenance à des époques différentes pourrait le laisser croire. |
" Any
second of the heydays is more real to me than
anything that's happened since. When I think of the
heydays it's like thinking of . . . of another
place. Does that sound foolish? I supose it does.
But I can't help it. The heydays are like a perfect
place for me. A perfect place I visited once, but
can never visit again. "
Ghost from a Perfect
Place, acte 1
|
Après avoir écrit le film The Krays, réalisé en 1990 par Peter Medak, Philip Ridley a mis en scène ses propres scénarios. The Reflecting Skin (L'enfant miroir) et The Passion of Darkly Noon lui ont permis de se faire connaître dans le monde entier. Alors que The Krays était une histoire typiquement anglaise, les deux films qu'il a lui-même réalisés, surnommés American Dreams, ont pour décor une Amérique onirique, un monde à mi-chemin entre réel et imaginaire habité par tous les fantasmes de l'auteur. Un monde imaginaire comme celui de l'enfance. Même quand il s'adresse à des adultes, Philip Ridley raconte ses histoires à travers un regard enfantin. Curieusement, certains publics se sont montrés plus réceptifs que d'autres. La distribution des films joue d'ailleurs un rôle décisif. Darkly Noon (photo ci-dessus) est passé à peu près inaperçu en France, avant tout parce que les quelque cinq copies distribuées n'étaient pas suffisantes pour attirer l'attention d'un public qui n'était pas familier avec l'oeuvre de Philip Ridley. Ce qui manque en France, c'est une rétrospective de toute son oeuvre, qui permettrait au public français de mieux appréhender l'univers étrange de Philip Ridley. |
The Universe of Dermot Finn
Royaume-Uni. 1988.
Un court-métrage surréaliste où le jeune Dermot fait la connaissance de l'étrange famille de sa copine dans une maison de l'East End de Londres... |
L'enfant miroir.
Royaume-Uni. 1990. Avec : Viggo Mortensen, Lindsay Duncan, Jeremy Cooper... Quelques maison dans un coin de campagne de ce qui pourrait bien être les États-Unis. C'est là que vit le petit Seth Dove, avec ses parents et son grand frère, Cameron, de retour de l'armée. Dans les environs vit une femme seule, Dolphin Blue, dans une maison délabrée. Seth observe les gens de son entourage, qui sont tous étranges ou en mauvaise santé. Plusieurs enfants du village sont retrouvés violés et tués. Et de mystérieux jeunes hommes parcourent la campagne dans une voiture sombre... À la recherche du criminel, le sheriff mène l'enquête, mais sans grand succès. De son côté, Seth a tous les éléments pour résoudre les différents mystères. En tant que spectateur, d'ailleurs, on comprend rapidement ce qu'il se passe. Mais le petit garçon, influencé par ses lectures fantastiques, établit des liens naïfs entre les événements, et parvient à des conclusion décalées. Je ne souhaite pas aller plus loin dans le résumé de l'histoire. Elle est remarquablement bien construite, et même si l'on est forcément plus lucide que Seth, on ne peut pas s'empêcher, par moments, de se laisser emporter par son imagination. The Reflecting Skin ressemble en bien des points au recueil de nouvelles que Philip Ridley a publié à la même époque, Flamingoes in Orbit, ou encore à son théâtre. On y retrouve les mêmes énigmes, les mêmes angoisses, les mêmes maux, les mêmes regards naïfs d'enfants égarés. |
Darkly Noon. Royaume-Uni
/ Allemagne. 1995. Avec : Brendan Fraser, Ashley Judd, Viggo Mortensen, Loren Dean... Durée : 1 h 40. Darkly Noon (Brendan Fraser) est un grand adolescent qui n'arrive pas à devenir adulte. Traumatisé par la mort de ses parents, il bégaye et regarde le monde comme un enfant. Perdu dans la forêt, il est recueilli dans une maison, auprès d'une jeune femme, Callie (Ashley Judd), et de son mari muet. Darkly Noon va donc vivre avec eux, au milieu de la forêt, où il va découvrir un monde qui lui était étranger. Et il va être tiraillé entre le monde d'enfant dans lequel il s'était enfermé depuis la mort de ses parents, et ce monde nouveau qui l'effraie et le tente. Comme L'enfant miroir, on dirait qu'il s'agit d'une histoire banale vue par les yeux d'un enfant schizophrène (car Darkly Noon n'est autre qu'un grand enfant). Darkly imagine comme Seth des histoires de sorcières, et porte de fausses accusations. Et Philip Ridley nous met dans la peau de ce personnage, au point que l'on se demande parfois si ses hallucinations ne sont pas réelles. L'atmosphère inquiétante de la forêt et la violence de la dernière nuit ont fait dire à des critiques que Darkly Noon était un film d'horreur. Mais si l'on devait rattacher ce film à un genre, il faudrait dire qu'il s'agit en vérité d'un drame psychologique. L'auteur compare son film à Psychose. Et de fait l'histoire est très proche. Mais Philip Ridley ne s'est pas tant intéressé au suspense qu'à la peinture poignante de son personnage terrorisé et terrorisant. |
is a monster It has done terrible things But in the woods it's hiding And this is the song it sings..." The Passion of
Darkly Noon
|