Kirsi Kunnas

Belle nuit de gel


1984

(extraits)


L’automne, un élan effondré

            à la renverse sur la rive opposée

                        les flancs tachetés mangés par la pluie par le vent

 

une certaine nuit

            qu’il a rampé sur le perron, s’insinuent

                        ses reniflements essoufflés

 

il perçoit son odeur, familière

            fumée des mutations

                        dans les conduits froids de ma maison.



Le vent qui sommeillait au creux du framboisier

s’éveilla, et chuintant ainsi qu’un hérisson

ou bien sifflant comme un serpent

soudain prit la fuite en se faufilant.

                                                           De quel

paradis gardait-il

les baies ?

                        tel l’oiseau voleur

est encore mon cœur, il a eu peur.



L’obscurité dévora le soleil

tel le coucou rebaptisant ses œufs.

 

Elle est sortie de l’ombre, ne cède pas son nid

revient en mère oiseau et puis comme en secret

 

comme si rien n’eût changé

couve les œufs qu’elle prétend siens. Qui

quand tu brises la coquille, qui

est-tu

            quand tu brises la coquille.



Matière tant éparse

qu’à travers moi volent les étoiles

 

d’une légèreté de gaze

en moi-même et de moi-même je disparais

espace de claire tranquillité

cage chantante avec son oiseau libre

qui ne vole pas.


Kirsi Kunnas, Kaunis hallayö, 1984.
Poèmes traduits du finnois par Sébastien Cagnoli (2006).
contact : sampo@tiscali.fr