Au début des années 1920, la vie culturelle
s'épanouit à Helsinki. La ville est en plein essor, la
jeune Finlande indépendante se lance dans la modernité
sur le modèle des pays occidentaux. Depuis le début du
siècle, les architectes donnent libre cours à leur
imagination et transforment l'aspect de la capitale — qui était
jusque là une ville impériale russe de forme
néo-classique.
De jeunes artistes de tout le pays affluent donc tout naturellement dans la capitale pour y étudier ou pour y faire carrière. C'est toute une génération d'artistes qui tournent le dos à la Russie communiste pour « ouvrir les fenêtres sur l'Europe ».
Parmi eux, deux fortes personnalités vont avoir une grande
influence sur leur génération : Olavi Paavolainen
et Mika Waltari.
En 1924 paraît un ouvrage collectif intitulé Tulenkantajat (Les Porte-Flambeau). Sous cette
appellation se rassemblent autour de Paavolainen
et Waltari quelques jeunes artistes qui partagent une
même vision de l'art, qu'ils proclament dans un manifeste :
La vie est sacrée. Nous aimons la vie. L'art est sacré. Nous le servons. Aucun programme ne dure plus longtemps qu'une génération, ni aucune vérité éternellement. Le but de la vie est la continuation de la vie. C'est pourquoi notre unique objectif est la liberté intellectuelle, la liberté de tout juger, de tout appréhender. Nous n'acceptons pas d'autorités, car de par leur position elles sont des pleutres devant la vie. Regardez comme notre pays est jeune, comme il est plein de
force ! Venez, n'ayez pas peur : il est prévu que vous
créiez des choses neuves et grandes. Tranchez l'anneau qui
enserre vos coeurs : soyez vous-mêmes, acceptez la vie ! |
Elämä on pyhä. Me rakastamme elämää. Taide on pyhä. Me palvelemme sitä. Mikään ohjelma ei kestä sukupolvea kauemmin eikä mikään totuus ikuisesti. Elämän tarkoitus on elämän jatkuminen. Sen tähden on ainoa päämäärämme: Henkinen vapaus, kaiken arvostelemisen, kaiken käsittelemisen vapaus. Emme tunnusta auktoriteetteja, sillä he ovat asemansa vuoksi pelkureita elämän edessä. Katsokaa: Miten ihanan nuori on maamme, miten voimaa täysi! Tulkaa, älkää peljätkö: Teidät on määrätty luomaan uutta ja suurta. Katkaiskaa rengas, joka pusertaa sydämiänne: Olkaa oma itsenne, tunnustakaa elämä! |
Les jeunes "Porte-Flambeau", qui
entendent ranimer la flamme de la
nation finlandaise, chantent la louange des temps modernes,
du développement urbain, du progrès technique. Ils
glorifient l'automobile et les machines (c'est l'époque
de Pacific 231 d'Honegger et
de La fonderie d'acier de
Mossolov), applaudissent le jazz, et manifestent un goût
prononcé pour l'exotisme (la
découverte du tombeau de Toutankhamon en 1922 a stimulé
la curiosité du monde entier)...
De 1924 à 1929, le groupe publie
une revue, qui s'appelle
naturellement Tulenkantajat.
Autour de Olavi
Paavolainen (1903-1964) et de Mika Waltari (1908-1979)
graviteront notamment Katri
Vala (1901-1944), Elina
Vaara (1903-1980), Yrjö Jylhä (1903-1956),
P. Mustapää (1899-1973), Uuno Kailas (1901-1933),
Ilmari Pimiä (1897-1989), Arvi Kivimaa (1904-1984),
Unto Koskela (1908-1934), Unto
Seppänen (1904-1955), Lauri Viljanen (1900-1984),
Erkki Vala (1902-1991), Viljo Kajava (1909-1998),
Yrjö Gustafson (-1928), le peintre Väinö Kunnas (1896-1929)...