Cecco Angiolieri
Poèmes
(Extraits)
Quand je serais le feu, j’incendierais le monde.
Quand je serais le vent, j’emporterais vos biens.
Quand je serais de l’eau, je serais diluvien.
Et quand je serais Dieu : – gare à vous si je gronde !
Quand je serais le pape, alors ma joie profonde
serait de tourmenter l’âme de tous chrétiens.
Quand je serais le roi je ferais pour un rien
égorger mes sujets d’une main furibonde.
Quand je serais la mort, j’embrasserais mon père ;
quand je serais la vie, je serais loin de lui ;
et je ferais de même avec ma vieille mère.
Quand je serais Cecco – tiens, c’est ce que je suis,
je prendrais près de moi les plus jolies rosières :
et que le laideron offre à d’autres ses fruits !
Cecco
Angiolieri, Rime.
Sonnet traduit de l'italien par Sébastien
Cagnoli (2004).
contact : sampo@tiscali.fr