Déclaration
de guerre
I
dans la verte prairie
parmi l’herbe et les fleurs
chaque matin tu es assis
de toutes tes forces
tu respires
profondément les senteurs de la terre
l’onde pure du ciel
épargnée
par les brûlants rayons du soleil
peut-il Exister
rien de plus heureux ni de plus riche —
le monde des rêves
un dormeur qui s’éveille entouré de lumière
dans la clarté du matin
et respire
au milieu des vents et des faisans
et leur infinie liberté
II
— aujourd’hui
tu t’es
éveillé
pour la première fois —
« Voir
naître un jour nouveau,
le voir s’ouvrir
devant toi, te révéler ses secrètes
pensées,
annoncer au Ciel la floraison de ton matin... »
— voir
un enfant oudmourte
se nourrir comme un loup
de la langue oudmourte
odieusement décriée
de tous côtés
voir une mère oudmourte
faire de son sang
une dynamite
contre les odieuses interdictions
et le transmettre à son fils —
III
Regardez donc Vous autres
comme
fièrement
se tiennent
les Sapins —
tels les Puissants Frères —
sans un soupçon de peur
mais à Cô-
té d’eux
est assis
tranquille —
insen-
sible à la chaleur de vos mains — Lui —
le très vif et robuste vieillard —
comme la Ma-
donne,
tant elle
est pure —
la plus haute des Montagnes !
qu’on essaie donc de la fouler ! —
Brûlant dans les
Grandes Flammes —
La Naissance d’une Nouvelle Âme...
IV
il y a le
Très long fil
Etincelant —
Merveille
Pareille à un
Saphir
il y a la
Mâchoire et les
oreilles —
Écrasées
par le
Mugissement :
Ongles de diamant —
Images des pas silencieux
Reflétés
En une glace dorée
il y a le
Crépitement du
fouet
Orné dans la
lumière
Et qui guérit
Une âme, la mienne,
en la faisant
Reluire
V
— avant
chaque
pas — la peur —
bien que
tu étouffes terriblement
à l’intérieur
de corridors
oppressants
« Je suis
libre, pourquoi donc
suis-je bloquée dans ce coin ?!
Où es-tu, mon Soleil ? Où donc
est le pont — OCÉAN, AIR et EAU —
Où sont mes mouettes ?
Là-bas
j’étais heureuse,
J’étais heureuse !
Comme l’air s’espaçait
Délicieusement —
Renforçant en moi la foi.
Je serais VIVANTE
tout un siècle —
joyeuse pour mon pays —
j’en serais l’ÂME ! »
non non
je ne finirai pas
ne mourrai pas
si je trouve dans la peur de formidables forces —
m’évadant des recoins étroits
moi —
je fuirai
en explosant —
comme les femmes tchétchènes.
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