Je suis
une gouttelette
Je suis une parcelle de
mon peuple
Une goutte dans l’océan.
Le temps me câline et me balance
Dans son berceau.
Les chauds rayons du soleil,
Je les enserre dans mon coeur
Et le flot puissant de nos rivières
Coule dans mes articulations.
Et dans mes yeux,
Comme dans des lacs,
Tu te contemples,
Et si tu fais un effort,
Tu y verras
Le monde entier.
Une seule gouttelette…
S’il n’y en a qu’une,
La terre aussitôt l’absorbera.
Une unique goutte de pluie,
Le soleil la boira aussitôt.
Or l’océan –
Les peuples du monde infini –
L’océan sait me garder,
Me porter au sein de ses ondes.
Je crois en lui ; il m’appuie sans cesse
Et il nourrit mon énergie.
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Мон
- шапык
Мон – калыклэн
ог люкетэз.
Океанысь огез шапык.
Ас кöкыяз ветта,
Веша монэ вакыт.
Пöсь шундылэн тылсиосыз
Мынам сюлмам люкаськемын.
Шур вуослэн но кужымзы
Ёзвиостӥм öръяськемын.
Синъёсысьтым
Чылкыт тыысь сямен
Адӟод астэ,
Нош умойгес ке учконо,
Отысь
Быдэс дунне адске.
Одӥг шапык...
Огназ со ке луэ,
Туж чаль пыӵа муэ.
Одӥг зор шапыкез
Шунды но ӝог юэ.
Соин ик океан –
Быдӟым дунне калык
Монэ уте,
Кыске ас тулкымез пöлы.
Оске солы юрттӥсь,
Юнмась кужымелы.
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Je crois
Suis-je venue au monde
Pour le bonheur ? Pour le chagrin ?
Combien de temps encore
Vivrai-je sous le soleil ?
Je laisse ces
pensées
Enfouies au fond du cœur.
Je vis et je travaille
Et je crois au bonheur,
Je crois que mon
étoile
Sans cesse m’éclairera,
Qu’elle ne voudra pas s’éteindre
Sitôt ma tâche accomplie.
Et je crois que le temps,
le soleil
Et le ciel poursuivront leur cours.
Et que nous pouvons tous
Les rendre plus brillants.
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Le chemin
du retour
Je retourne aujourd’hui
au village
Je chemine sous les étoiles
Dans le chant des poteaux électriques,
Une mélodie naît sans mon âme affligée.
Tiens, on aperçoit
des lumières là-bas
Dans le petit bois, au milieu des pins.
Déjà, sans doute, ma mère m’attend,
À la fenêtre, sans cesse guettant.
Cette lumière est
vive, elle doit brûler,
Elle concentre toute l’ardeur.
Des ailes me poussent soudain,
Je cours vers elle, m’envole…
Les bords du ciel se
frangent de rose,
Mon étoile s’éteint…
Le chemin du village est-il donc infini ?
Mon cœur, lui, est déjà arrivé…
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Les villages de mon pays
Ont des noms carillonnants –
Il semble que l’Oudmourtie
Susurre de partout :
Karachour, Tchourachour,
Ouddiadi, Choupchadi,
Edéigourt, Otogourt,
Tioudenpi et Tjupti…
Ces villages scintillent
Dans les feux électriques
Comme un joli collier
Dans nos soirées bleutées.
Par-dessus chaque village
S’élève une mélodie
Dont les paroles et le chant
Respirent la sérénité.
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Ta langue est comme
Un piment rouge –
Tu m’as brûlée, embrasée.
Tes mains sont comme
Une onde chaude –
Elles m’ont soulevée et bercée.
Ton audace est comme
Celle de l’aigle –
Tu m’as regardée et conquise.
Ta nostalgie est comme
Celle du printemps –
Tu fais fondre tout le gel au fond de moi.
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Il pleut
Il pleut, il pleut, il
pleut –
Le soleil commence à fleurir.
Et déverse sur les feuillages
Sa coulée lumineuse.
Il pleut, il pleut, il
pleut –
L’eau du bonheur vient du ciel.
Et même mes yeux distinguent
Le bonheur qui pointe son nez.
Il pleut, il pleut, il
pleut –
Les chemins deviennent des lacs.
La pluie emporte la boue et
L’herbe dans la rivière.
Il pleut, il pleut, il
pleut et –
Il met les rames dans mes mains.
Même parmi tant de monde,
Je te reconnaîtrai de très loin.
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C’est bon,
légère colombe tournoyant au ciel
De cueillir des étoiles, d’en tresser un collier,
De me faire du vent qui souffle vers la lune
un ami pour la vie.
C’est encore plus simple
de regarder la terre,
Depuis le ciel, si loin, si reculé,
Facile de vivre sans sentir,
Par-dessus le sillon duveteux
en vol avec le vent.
Et encore plus facile, de
là-haut
De ne penser qu’à moi,
Et d’orner mes vermeilles pensées
d’une frange de nuage doré
assemblée comme un rêve.
Qu’il est dur de
descendre sur terre,
De balayer ces pensées non
accomplies
De voir mes racines enfoncées dans le sol
Et décortiquer tout ce qui tient à cœur au monde
Comme si c’était mon travail.
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Les mots
gentils
Les mots gentils –
Ce sont des soupirs qui
viennent du cœur.
Comme une eau pure
Ils nous sont nécessaires.
Les ondes moelleuses d’un mot chaleureux
Sont comme un poêle chaud pour qui meurt de froid.
Dès que l’homme
vient au monde
Il en a aussitôt besoin ;
Autrement, il est privé de gentillesse
Il perd dans la vie le droit chemin.
Un mot gentil est plus
cher que l’or,
Même s’il paraît plus gris qu’un grand mot.
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La terre se tient
toujours,
Parce que les mains sont fermes
La raison acérée
Et l’esprit chaleureux.
Ces mains, qu’elles soient
Jaunes, blanches, noires,
Douces ou rêches,
Elles tiennent bien la terre.
C’est notre terre
à Nous,
Notre foyer à tous
Au Tchèque comme au Same,
Aux Oudmourtes comme aux Norvégiens.
Et le ciel, le soleil
Ils appartiennent à tous.
Mais la véritable beauté
Pour certains elle s’est flétrie.
Ici une jeune fille en
larmes,
Ne voit pas même les fleurs.
Un petit homme se sent mal
sa famille est en train de mourir.
Ici l’herbe comme les eaux
Sont couvertes d’un sang vermeil
Et les arbres, et les oiseaux
Meurent dans une fumée-poison.
Je le crois : le
soleil
Dans toutes les contrées
Éclairera notre raison
Et fera naître la flamme.
Et les lumières
jailliront
De toutes les couleurs
Et notre Terre bien-aimée
Sera une chaîne de fleurs.
La Terre restera
Tenue par les mains ensemble
Par les pensées lumineuses
Sur les ailes de l’amitié.
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Rejetons
nos foulards gris
Allons-nous vivre ainsi
Toute notre vie,
Le dos courbé, portant
Seaux ou enfants ?
« Le sort n’en
a pas d’autres
en réserve pour vous.
La résistance a été brisée
Chez nous il y a des siècles ».
Redresse ton dos, mon
amie,
Et je le ferai après toi.
Que ce foulard gris sur nos têtes
Tombe un jour à terre.
Nous déploierons
nos cheveux,
Nous tournoierons dans le vent.
Nos yeux resplendiront,
À la question de nos aimés :
« D’où
viens-tu, ma tendre et douce
dans la sereine nuit étoilée ?
D’où viennent ces colliers de perles,
Ces boucles d’oreilles dorées,
Ces bracelets à dessins,
Ces pierres bleues à vos doigts ?
Alors nous leur répondrons
« Tu vois
devant toi la lune
qui protège ton sommeil… »
Alors ils diront sans doute :
« Non pas la lune, le soleil…
Écoute, ce foulard bleu
Te va particulièrement bien.
Rejette des crochets,
Allons nous promener… »
Rejetons nos foulards
gris !
Redressons nos dos
Et montrons à tous
Comme elle est fière
La femme
Oudmourte.
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Le poète ne meurt
pas – il brûle
Il vit comme une flamme, il ne souille pas la terre.
Il brûle comme une brindille sèche,
Il ne se bat pas dans le feu.
Le poète ne meurt pas – il brûle,
Il dégage de brillants rayons
Qui arrivent au cœur. Et le monde de
ce fait
Sent en lui la vie grandir
Même s’il connaît la fin du chemin…
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Un jour, un jour
je
serai très âgée
j’aurai même cent ans
si
je vis jusque là.
Mes petits enfants
me
respecteront
Et me donneront à table
une
place d’honneur.
Derrière une table
mise
tous
seront installés
Écoutant ma sagesse
et
mes enseignements.
Je verrais ceux que j’aime
alors
comme en un brouillard
Avec un peigne en os
je
peignerai leurs cheveux
Je réparerai les
vêtements
qu’ils
auront portés
Je filerai pour eux
le
fil de la vie.
Je regarderai à
nouveau
les
temps de ma jeunesse
Et dont les couleurs
ne
flétriront jamais.
Je traverserai toute ma
vie
ainsi,
en déambulant,
Je rentrerai en moi-même
toujours
en souriant.
Un jour, un jour
Ces temps sont arrivés
Comme une
flèche je transperce
Et
je traverse les années…
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Oh combien j’aspire
À une véritable chaleur…
Le soleil ne réchauffe pas
Et la lune ne le fait pas
plus.
Les soirs ne réchauffent pas
Pas plus que les douces
nuits
Les mots ne réchauffent pas,
Pas pus que l’œuvre de mes
mains.
Dans la marmite du temps
On n’a jeté que du gel.
Même la source bouillonnante
Est gelée…
Je saurais jouer avec le feu
S’il y avait une simple étincelle,
Alors j’aurais en haut du ciel
Une lune et un soleil.
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Je suis un serpent, un
renard,
Timide, je change de peau,
Je suis un tigre, un moineau,
Mon caprice, vous ne le comprenez pas.
Frappez-moi, tuez-moi –
Je supporte tout et toujours.
Je ne disparais pas, et sans visage,
Je me métamorphose souvent :
Tantôt je jalouse, tantôt je débats,
Tantôt mendiante, tantôt pleureuse,
Tantôt fraudeuse, tantôt gloutonne,
Méchante, menaçante ennemie….
Et bien que je sois tout ceci,
Avec mon péché lumineux,
Je volette, me cache, et je luis,
Je séduis à minuit les esprits.
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Sur quoi
écris-tu ?
Me demande-t-on parfois.
A ceux qui m’interrogent
Comment répondre ?
Si je disais
— bah, ce qui vient sous
la plume,
On me dirait sans doute
— elle dit n’importe quoi…
Ce qu’il y a dans la
poésie
Je ne saurais l’exprimer.
Parfois j’ai une idée.
Mais pour dire la vérité :
Ce que je sens,
Je l’écris,
Ce que je pense,
Je le proclame.
Si vous voulez
Croyez-moi,
Gardez-le en tête,
Ou bien l’oubliez :
J’ai écrit sur moi,
J’au réfléchi que la vie,
J’ai tressé un collier
De mes désirs les plus cachés.
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