République de Gênes et principauté d'Oneille au XVIe siècle


Boscomare et Pantasina dans les vallées occidentales du littoral ligure. À l'ouest : Nice et le littoral des États de Savoie. [carte de 1665]


Del Fossato @ Boscomare

Boscomare est un village situé en amont du torrent San Lorenzo, à 380 m d'altitude et à une dizaine de kilomètres de l'embouchure.

En 1528, le prince Andrea Doria [portrait à droite] s'allie à l'empereur Charles V et dote la République de Gênes d'une nouvelle constitution.

Outre les tremblements de terre, les populations du littoral génois vivent sous la menace permanente des raids de corsaires ottomans, aggravés par les grands conflits du XVIe siècle entre la France et les alliés du Saint-Empire.

Malgré la trêve signée à Nice en 1538, François Ier reprend les hostilités dès 1543 en envahissant les États de Savoie, dans l'intention d'aller reconquérir le Milanais. Cette fois, les Français sont alliés avec les Ottomans. Soliman le Magnifique envoie l'amiral Khayr ad-Din Barberousse [ci-contre], sultan d'Alger, bombarder Nice en août-septembre.

Pour garder cette force navale à portée de la main et continuer de harceler les alliés des Habsbourg, le roi de France invite la flotte de Barberousse à passer l'hiver 1543-1544 dans la rade de Toulon. La majorité de la population est évacuée, la cathédrale devient mosquée, et la ville se transforme en enclave ottomane sur le littoral provençal.
Depuis ce port d'attache, les Ottomans se mettent alors à effectuer des raids systématiques sur les côtes catalanes et génoises ; les esclaves chrétiens enlevés sont ensuite vendus à Toulon.
C'est dans ce contexte que la ville de Sanremo est pillée cet hiver-là, ainsi que plusieurs localités plus éloignées.

Nicoloso Del Fossato travaille la terre dans les conditions précaires exposées ci-dessus. Il a au moins cinq fils nés dans les années 1540-1550 : Andrea (v.1544), Pietro, Bartolomeo, Berton et Giovanni.

La tour sarrasine de Boscomare, érigée à partir du XVe siècle, témoigne de la nécessité de se protéger contre les invasions barbaresques, qui pénètrent parfois assez profondément dans les terres. C'est bientôt le cas, de nouveau, en 1564, lorsque des pirates ottomans dévastent toute la vallée.

Cet épisode funeste est déterminant : apparemment, toute la famille du jeune Andrea prend le large... et va chercher fortune à Nice, où sa présence est attestée vers 1565.

À Nice, Andrea Del Fossato se marie avec une certaine Jaguina Rufe. Parmi leurs enfants, mentionnons Bartolomeo (né vers 1573), qui épousera en 1587 une certaine Benetina Periera, originaire du Valsesia.



Désormais, les Fossat seront laboureurs et cultivateurs dans les campagnes niçoises (qui, faute de paroisses propres, sont encore administrées directement par la cathédrale Sainte-Réparate).


File:Coat of arms of the House
          of Doria.svgPino @ Pantasina

La seconde partie de cette page se passe non loin de là : 7 km à vol d'oiseau, mais dans une autre vallée, et dans un autre pays.
Le village de Pantasina surplombe le torrent Crotto, affluent gauche du Prino, à 440 m d'altitude et à 14 km de l'embouchure (dans l'ouest de Porto Maurizio).
Ancienne possession des comtes de Vintimille, ce territoire est administré par la famille Lascaris de Vintimille. Il fait toujours partie de la principauté d'Oneille, État souverain gouverné par les Doria, alors que le bas de la vallée et Porto Maurizio sont intégrés à la République de Gênes. [Ci-contre : portrait de Giovanni Gerolamo Doria, prince d'Oneille depuis 1537.]

Cela ne change pas grand-chose à la vie quotidienne de Filippo Pino, qui ne doit pas être très différente de celle des Fossat ci-dessus.

Son fils Angelino naît en 1554.



File:Emanuele Filiberto di Savoia detto il TESTA DI
      FERRO.PNGEn 1576, Pantasina change de souveraineté : les Doria vendent leur pays au duc Emmanuel-Philibert de Savoie [ci-contre].
Enclavée dans les terres la République de Gênes, la principauté est désormais reliée aux États du duc de Savoie par voie maritime. Oneille et son haut pays se tournent vers Villefranche et Nice, puis vers la capitale : Turin.


Carte de 1683. Les États de Savoie sont en orange, Gênes en vert, la France en rose.


C'est dans ce contexte qu'Angelino quitte ses collines natales, peut-être avec ses parents, pour s'établir dans une grande ville des États de Savoie, économiquement plus prometteuse : Nice.



À Nice, Angelino épouse Ludovica Simona (née vers 1555). Ils auront plusieurs enfants, notamment Jouaneta (*1595), la petite dernière, qui épousera en 1608 un autre "immigré génois" : Gioan Battista Del Fossato... fils du Bartolomeo ci-dessus.


Sépulture d'Angelino à Sainte-Réparate.


Dans les campagnes niçoises, la branche de leur fils aîné Annibale (*1626) s'unira avec la famille Chaudoul (originaire de Toudon) en 1682 ; celle du puîné Felice (*1636) donnera naissance notamment au peintre et illustrateur Vincent Fossat en 1822.


Pêcheurs dans la baie des Anges (entre 1848 et 1860), par Vincent Fossat (1822-1891).


Sources :
Archives départementales des Alpes-Maritimes
Arbre généalogique de Christian Fossat
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