Carpentier-Foignet de Paris à
Marseille
Les Carpentier, maîtres drapiers
et bourgeois de Paris
dans le quartier du Temple (paroisse
Saint-Nicolas-des-Champs)
Pierre
Adrien Carpentier, maître fabricant d'étoffes à Paris,
meurt en 1764 en son
domicile de la rue Meslay, paroisse
Saint-Nicolas-des-Champs, laissant son legs à distribuer en
parts égales entre ses quatre enfants : Pierre, Alexandre, Robert et
Jacques-François. Conformément à l'usage sous l'Ancien Régime, son
testament est "grevé de substitution" : à tout moment, le décès
d'un légataire impliquera une redistribution des parts. Comme Robert
est mort entre-temps, sa part revient à sa fille Catherine Sophie,
mariée à un homme de loi (rue de la Jussienne, paroisse
Saint-Eustache).
Apparemment, les Carpentier étaient déjà maîtres drapiers à Paris au
XVIIe siècle.
Alexandre Carpentier
jouit du statut de bourgeois de
Paris. Marié à Catherine
née Monpert, il habite au domicile familial de la rue
Meslay. Par ailleurs,
il est fermier sur les terres de Vaucresson et Buzenval, et à la seigneurie de Rueil, à l'ouest de Paris, sur le flanc
méridional du mont Valérien.
Ci-contre, en bleu bleu dans
Paris : Saint-Germain-l'Auxerrois (le Louvre),
Saint-Nicolas-des-Champs et Sainte-Élisabeth de Hongrie (le
Temple).
Le 19 septembre 1783, la
première montgolfière habitée par trois animaux, partie de la place
d'armes du château de Versailles, atterrit à Vaucresson, en limite
de la forêt de Fausses-Reposes.
Catherine meurt en décembre 1784, laissant derrière
elle un veuf et neuf enfants, dont Marie Thérèse, Esprit Alexandre, Adélaïde Caroline,
Alexandrine Marie Noëlle, Adélaïde Coraline, Adélaïde Charlotte
Éléonore, Auguste Alexandre et Ambroise Achille Carpentier.
L'aînée, Marie-Thérèse
Carpentier, est née le 6 novembre 1766 : elle a
18 ans. À l'époque, la majorité légale est fixée à 25 ans.
À gauche, le plan des années 1780 réunit tous les lieux
de Paris dont il est question sur cette page. Les points bleus
sont les églises paroissiales : d'ouest en est,
Saint-Germain-l'Auxerrois, Saint-Eustache,
Saint-Nicolas-des-Champs, Sainte-Élisabeth-de-Hongrie et
l'église Sainte-Marie du Temple (démolie avec le Temple en
1808). Les points roses sont des repères : long de la Seine, le
Louvre, le Châtelet et l'Hôtel de Ville ; au nord, le Temple.
À droite, le quartier du Temple sur le plan de Turgot, un
peu plus ancien : les rue de Meslay et des Gravilliers sont
indiquées en bleu, de même que les églises Sainte-Marie du
Temple, Sainte-Élisabeth et Saint-Nicolas des Champs.
Les deux grands axes radiaux sont la rue du Temple et la rue
Saint-Martin, conduisant aux portes et aux faubourgs de même
nom.
Dès la mort de la mère, les enfants se trouvent en grande détresse.
Le père se remarie avec sa domestique. Non seulement il néglige
totalement les enfants, mais il se livre à des actes de violence.
Par exemple, en août 1786,
Marie-Thérèse se promène à Vaucresson dans la maison de campagne de
son père. Tandis qu'elle bavarde avec le curé de la paroisse, le
père, qui s'imagine qu'ils sont en train de parler de lui, porte à
sa fille un coup de poing dans l'estomac qui la fait tomber à
la renverse. Aidée par des domestiques, elle s'enfuit et se réfugie
chez Mme de Vaucresson. Elle quitte alors le domicile familial et se
retire chez Georges Ambroise Joseph Bourgeois, son beau-frère,
procureur au Châtelet (demeurant rue des Petits-Carreaux, paroisse
Saint-Eustache). Le père la récupère sans dédommager les hôtes.
Il la fait séquestrer une nuit entière dans la prison du lieu qui
dépend de sa ferme à Rueil ; il la retire le lendemain et la
séquestre toute la journée dans une chambre de sa maison ; puis,
accompagné du geôlier, il la conduit au "couvent de Saint-Michel".
En 1787-1788,
conseillée par son beau-frère, Marie-Thérèse effectue
une procédure judiciaire afin d'être émancipée et d'échapper à
l'autorité paternelle. La justice (Châtelet de Paris) lui
accorde la permission de quitter son père, qui devra lui
verser une pension et subvenir à ses besoins matériels ; elle
est placée sous la tutelle de son oncle Pierre Carpentier et sous la
protection de son beau-frère Georges Bourgeois.
En août 1789, l'Assemblée
constituante abolit les privilèges : le statut de "bourgeois de
Paris" n'existe plus et tous les citoyens sont maintenant égaux
devant la loi.
Alexandre Carpentier est désormais "commis de finances".
Le 14 avril 1791, Jacques-François
étant décédé sans postérité, la
Justice de Paix de la section des Gravilliers procède à une
nouvelle substitution dans le legs de Pierre Adrien Carpentier
: la part du petit frère est redistribuée entre Pierre,
Alexandre et Catherine Sophie.
Le Châtelet vu de l'intérieur de
Paris, du côté de la rue Saint-Denis. La cour de justice cesse
son activité en janvier 1791.
Contrairement à la Bastille, où étaient incarcérés notamment les
petits délinquants et les prisonniers politiques, la prison du
Châtelet est réservée aux grands criminels (ce qui explique que
le peuple n'y ait pas touché en 1789). Lors des émeutes de septembre 1792, sur 269
détenus, 216 prisonniers sont massacrés. La forteresse sera démolie à
partir de 1802.
À droite, sur le plan de Turgot : de gauche à droite, les rues
des Petits-Carreaux (rectiligne, en direction du faubourg
Poissonnière), de Jussienne et des Mauvaises-Paroles ; les
églises paroissiales Saint-Eustache et Saint-Germain-l'Auxerrois
; en rose, le Châtelet à l'entrée de la ville et le Vieux
Louvre.
Marie-Thérèse, pupille de
son oncle
IIIe arrondissement
: dans le quartier
Saint-Eustache
Le beau-frère Bourgeois, protecteur de Marie-Thérèse, habite rue des
Petits-Carreaux avec son épouse ; la tante Catherine Sophie vit
avec son mari rue de la Jussienne, entre l'église paroissiale et la
place des Victoires.
Jusqu'à 1790, la cour de justice siégeait au Châtelet. La justice de
paix est ensuite délocalisée dans les quartiers (les affaires de la
famille Carpentier relèvent de la section des Gravilliers).
En 1795 (et jusqu'à la
réforme administrative de 1859), Paris est divisée en 12
arrondissements. Le troisième inclut Saint-Eustache, la rue
Montmartre et le faubourg Poissonnière. Il est bordé de jaune dans
le nord du plan ci-dessous (1841).
Le marché au poisson des
Petits-Carreaux en 1786.
IVe arrondissement
: Carpentier et Foignet dans le quartier du Louvre (paroisse
Saint-Germain-l'Auxerrois)
Le quatrième arrondissement est circonscrit par le Palais du
Louvre, la place des Victoires, les Halles, la rue Saint-Denis, la
place du Châtelet et les quais de la Seine. Il est représenté en
vert sur le plan ci-contre (1841).
L'oncle Pierre Carpentier,
aîné de sa fratrie et tuteur ad hoc de Marie-Thérèse, est maître
fabricant d'étoffes comme son père. Il habite rue des
Mauvaises-Paroles (paroisse
Saint-Germain-l'Auxerrois) avec sa femme Marie-Thérèse née
Durand. (La rue a disparu lors du percement de la rue de Rivoli.)
Les églises paroissiales
Saint-Eustache et Saint-Germain-l'Auxerrois
Sous le Consulat, Marie-Thérèse
accouche d'un fils : Charles
Jean Carpentier naît dans ce IVe arrondissement, le 2
germinal de l'an XI (23 mars 1803).
L'enfant est déclaré sous le nom de la mère, de père inconnu.
C'est apparemment dans ce quartier que Marie-Thérèse rencontre
et épouse Jean-Jacques Foignet.
Dans le même quartier, notons
qu'un Jacques "Charles Gabriel" Foignet, né à Lyon le 21
juillet 1753, s'est installé en 1779 pour faire carrière à
Paris comme compositeur d'opéras. Ses fils François (baptisé en
1782 à St-Germain-l'Auxerrois), et Gabriel (né en 1790) se sont
également distingués dans le domaine musical. On relève aussi un
Jean-Gabriel Foignet (né en 1789) et un Alexandre Jérôme Foignet
(baptisé en 1791 à St-Germain-l'Auxerrois). Malheureusement, tout
cela
est un peu confus, en raison de la destruction de l'état civil
parisien en 1870. (En 1871, dans la propriété Carpentier-Foignet
en province, on trouvera des cahiers de musique : y a-t-il
un lien ?)
Charles Jean Carpentier devient avocat.
Sa mère étant mariée à un riche propriétaire (Jean-Jacques
Foignet possède de vastes terres dans le Loiret), le jeune
avocat, juste avant de se marier à son tour, veille à se faire
adopter par son beau-père.
Le 16 mars 1831, l'adoption
est effective. Désormais, Charles
Jean s'appelle "maître Carpentier-Foignet".
Charles Jean Carpentier-Foignet,
avocat
VIe arrondissement : de
Laporte et Tilly dans le quartier
du Temple (paroisse Sainte-Élisabeth-de-Hongrie)
Le 24 mars 1831, dans ce qui est
alors le VIe arrondissement de Paris, Charles Jean Carpentier-Foignet épouse Amable Constance de Laporte. Il
a alors vraisemblablement 28 ans, et elle à peine 17.
Le VIe arrondissement englobe alors les maisons situées entre les
rues Saint-Denis et Saint-Martin, ainsi que le quartier du Temple
(où vivait le grand-père de Charles-Jean : Gravilliers, rue Meslay)
et la partie des faubourgs comprise entre le faubourg du Temple et
la rue de Ménilmontant.
Amable Constance de Laporte est née à
Paris en 1814. Elle est la fille de Pierre Louis de Laporte
et de Caroline Louise
Tilly, mariés à Sainte-Élisabeth-de-Hongrie (rue
du Temple) en 1808 et résidant au 19 rue de Malte, dans le
faubourg du Temple. Il s'agit d'une voie ouverte en
1789 dans le cadre du développement urbain
hors-les-murs. Le Temple et son faubourg
appartenaient alors à l'Ordre de Malte. La rue est
située entre le canal Saint-Martin et le boulevard du
Temple, auxquels elle est parallèle.
En 1790, le père de Caroline Louise, Simon
François Tilly,
était entrepreneur des ponts et chaussées à Tonnerre, à
l'extrémité méridionale de la Champagne (futur
département de l'Yonne).
Par ailleurs, Caroline
Louise Tilly est la nièce d'Auguste
Laubry, soldat
au service de l'armée de France qui a
déserté le Régiment Royal en juillet 1779 et a
définitivement disparu [drapeau d'ordonnance et uniforme de chasseur
ci-contre].
Elle est aussi
apparentée à François Albert Tilly (un autre oncle ?) qui, en
1790, était valet de chambre, artiste de Monsieur
d'Artois frère du Roi (futur Charles X, frère de Louis
XVI et de Louis XVIII), et demeurait au Palais du
Temple, paroisse Sainte-Marie du Temple. Il avait bien
connu Auguste. (Peut-être est-ce le même qui est ensuite
employé au 81 rue des Petits-Champs, division de la
Halle-aux-Blés, et meurt le 11 ventôse an VIII =
2 mars 1800.)
Caroline
Louise Tilly meurt en 1832. Pour 482,75 Fr, son mari fait
l'acquisition d'une concession perpétuelle au cimetière de
l'Est ("du Père Lachaise", créé en 1804) : 1e division,
1er bureau, no 84.
Le
portail principal du Père-Lachaise (1820) en 1839. La 1e division se
trouve tout de suite à gauche de l'entrée. - La chapelle du
Père-Lachaise (achevée en 1823).
Pierre Louis de Laporte, sous-chef au
ministère des finances, reste veuf au 19 rue de Malte. Il
mourra à son
tour en 1844, chez son menuisier Louis Félix
Demarais (qui réside rue du Malassis, à Villiers-le-Bel,
dans le nord
de Paris).
|
La jeune Amable Constance
donne naissance à un fils le 29
décembre 1831 en ce VIe arrondissement : Charles Carpentier-Foignet.
En 1852, le président Louis-Napoléon
Bonaparte est proclamé empereur des Français soue le nom de
"Napoléon III". Avec l'aide du baron
Haussmann (préfet du département de la Seine de 1853 à
1870), il entreprend de vastes chantiers pour modifier l'urbanisme
de la capitale : 18.000 maisons sur 30.770 vont être démolies entre
1852 et 1868.
En 1859, Paris est réorganisé en 20 arrondissements. Depuis
la mort de Pierre Louis de Laporte en 1844, Charles Jean et Amable Constance
sont propriétaires au 27 rue de Malte, dans le 11e (faubourg du
Temple).
Mais il est probable que la famille s'installe dès les années 1830
dans le domaine du Loiret et que la propriété parisienne ne soit
plus qu'un placement immobilier.
Parmi les grandes voies percées dans la ville, le boulevard du
Prince-Eugène (qui prendra le nom de "Voltaire" en 1870) a
pour vocation de relier en ligne droite la place du
Château-d'Eau ("de la République" après 1879) à la place
du Trône ("de la Nation" à partir de 1880).
En 1861, sur le plan ci-contre, on voit que la partie sud-est du
boulevard est déjà réalisée. Il reste à percer la partie entre le
canal et la rue de la Tour (et à démolir les théâtres). C'est
justement là que se trouve la rue de Malte. Une grande partie de
cette rue est donc vouée à disparaître dans les travaux d'achèvement
du boulevard.
Au 27 de la rue de Malte, Charles
Jean et Amable Constance sont propriétaires d'une surface
au sol de 169,20 m². Dans les années 1860, ils sont
donc expropriés "pour cause d'utilité publique", afin d'achever le
boulevard du Prince-Eugène. La Préfecture du département de la Seine
leur propose une indemnité de 25.000 francs ; ils en demandent
120.000 ; ils en obtiennent 55.000. (Il y a aussi un locataire,
Lapie, papetier et loueur de livres, dont le bail de 800 francs est
expiré : on lui offre 400 francs ; il en demande 10.000 ; il en
obtient 3.000.)
Yèvre-le-Châtel
(années 1830-1860) : la
transmission du domaine des Foignet
À Yèvre-le-Châtel, dans
le Loiret, sur le cours de la Rinarde (affluent droit de l'Essone
en aval de Pithiviers), Jean-Jacques
Foignet est propriétaire du domaine des Grands-Châtelliers.
Le village d'Yèvre-le-Châtel, ancienne place forte sur la route
entre Paris et Orléans,
avec les vestiges de son château-fort (démantelé au XIIe siècle,
reconstruit au XIIIe, abandonné au XVe).
|
Le domaine des
Grands-Châtelliers est une ancienne terre seigneuriale.
À l'église paroissiale Saint-Gault de Yèvre-le-Châtel,
un monument rappelle la famille qui l'habitait au XVIIe
siècle : il s'agit de la tombe de Charlotte de Garges
(de la famille des seigneurs de Macquelines), seconde
épouse de François de Montmorency (baron de Fosseux),
morte en sa maison des Grands-Châtelliers le 4 juillet
1631 (la tombe de son frère Philippe se
trouve aussi dans l'église) :
CY
DESSOVBS GIST ET REPOSE LE CORPS DE DAME CHARLOTTE DE
GARGE
DE LA MAISON DE MAQVELLINE EN PICARDIE
FEME EN PREMIERE NOPCE DE M. PEPIN DE
BONNOVVRIER
ET EN DERNIER DE M. FRANCOIS DE MONTMORANCY VIVANT
SEIGNR ET BARON DE FAVSSEVSE
LAQVELLE DECEDA EN L' AGE DE LVI ANS
EN SA MAISON DES GRANDS CHASTELLIERS
PAROISSE D' YEVRE LE CHASTEL
LE IIII JUILLET 1631
PRIEZ DIEV POVR ELLE
En septembre 1785,
la "terre et seigneurie des Grands-Châtelliers" était à
vendre, avec tous les privilèges associés [cliquer sur
l'annonce ci-contre pour l'agrandir].
Le domaine comprenait alors château, bosquets,
jardins, clos, 55 arpents de terres labourables ; en
outre, sous l'ancien régime, la transaction incluait
cens et rentes seigneuriales et foncières, droits de
chasse et de pêche, ainsi que droits de banc et
sépulture en l'église d'Yèvre.
|
En 1810, Jean-Jacques Foignet a
déposé à la sous-préfecture une demande de dérogation à la
réglementation sur les inhumations (cf. Archives départementales du
Loiret), où l'on apprend qu'il était déjà propriétaire sous
l'Empire. (Peut-être sa famille en a-t-elle fait l'acquisition en
1785, ou peut-être l'a-t-il racheté lorsque le domaine aura été
confisqué à la Révolution.)
Marie-Thérèse Foignet née
Carpentier réside au domaine avec son mari jusqu'à la
mort de celui-ci.
Elle meurt à son tour aux Grands-Châtelliers le 4 janvier 1841. (Les
deux
témoins du décès sont un cultivateur et un vigneron.) Elle est
inhumée au cimetière de Yèvre-le-Châtel, à côté des ruines de la
chapelle Saint-Lubin, où l'on peut toujours voir la croix de fer
forgé érigée sur sa tombe :
(photos Jean-Marie Clausse)
Son fils (et fils adoptif de Jean-Jacques), l'avocat parisien Charles
Jean Carpentier-Foignet (environ 38 ans),
hérite du domaine, où il passe sans doute le reste de sa
vie, aux côtés de son épouse Amable
Constance née de Laporte.
Comme on l'a vu ci-dessus, il hérite aussi du bien immobilier du
beau-père à Paris (et le transmet vraisemblablement à son fils
Charles).
Le mardi 4 septembre 1855,
lors de la séance du conseil général du Loiret, à
Orléans, "Carpentier-Foignet" fait partie du jury
d'expropriation adopté pour l'année 1856 (arrondissement de
Pithiviers).
En 1858,
"Carpentier-Foignet" est conseiller d'arrondissement.
En juillet 1860, "Foignet"
est nommé maire de Yèvre-le-Châtel (Journal du Loiret, 10.08.1860).
(Dans les années 1860, comme on l'a vu ci-dessus, Charles Jean et Amable Constance
revendent leur bien parisien dans le cadre des expropriations du
baron Haussmann. C'est peut-être à ce moment que leur fils Charles
quitte Paris pour Moulins ?)
L'avocat "Charles Jean Foignet" meurt à
Yèvre-le-Châtel le
10 avril 1869, âgé d'environ 66
ans. Les témoins sont deux amis du défunt :
Louis Antoine Péguy, un
propriétaire de 51 ans, et Jean-Baptiste Bannier, 54 ans, fermier.
La veuve Amable Constance (55 ans) va quitter le château et suivre
son fils Charles (37 ans), célibataire, qui fait carrière dans
l'administration.
Pendant ce temps, un certain monsieur Péguy (sans doute
Louis Antoine, l'ami de la famille mentionné ci-dessus)
administre les Grands-Châtelliers pour le compte des
propriétaires.
Du 20 novembre au 3
décembre 1870, le domaine est occupé par les
troupes prussiennes, ce qui occasionne des dégâts
considérables.
En février 1871,
la propriétaire Mme Foignet (qui réside sans doute déjà à
Moulins) charge son homme d'affaire M. Péguy de se rendre
au domaine pour y réparer les dommages. Les jours
suivants, il remarque que la maison a été
cambriolée : quelqu'un est entré par une fenêtre en
cassant un volet et un carreau, et a dérobé une cave
à liqueurs dans la salle à manger. Les semaines suivantes,
deux matelas disparaissent, des habits, des couvertures,
du mobilier, des ustensiles de cuisine et des cahiers de
musique. Les deux accusés, Louis-Albin Barthélemy,
cultivateur de 25 ans, et sa femme Célina-Ermance Petit,
23 ans, domiciliés à Yèvre-la-Ville, comparaissent le
mercredi 12 juillet à
la Cour d'assises du Loiret, inculpés de vols qualifiés.
Barthélemy est condamné à 5 ans de prison et au paiement
des dommages et intérêts ; sa femme est relaxée (Journal du Loiret,
14.07.1871).
Le 16 août 1874, la propriété sera finalement
vendue aux enchères en 2 lots (mise à prix : 25.000
francs) :
- 1) domaine des Grands-Châtelliers : habitation
bourgeoise, jardin d'agrément et parc (superficie : 6
hectares, 13 ares et 90 centiares) ;
- 2) domaine des Petits-Châtelliers : corps de ferme,
grand jardin potager, jardin d'agrément, pépinière,
pièce d'eau (superficie : 4 hectares, 68 ares et 5
centiares).
|
Un petit récapitulatif s'impose... Dans la moitié gauche du
tableau ci-dessous [cliquer pour agrandir], on retrouve le fils
Charles, avec ses parents et grands-parents.
Moulins (années
1860-1880) : Charles Foignet à
la Préfecture de l'Allier, avec sa jeune mère et sa jeune épouse
Charles (Carpentier-)Foignet quitte la rue de
Malte et Paris. Il est nommé à la préfecture de l'Allier, d'abord
en tant que chef de division.
"Par décret impérial du
15 septembre 1869, M. Foignet, chef de division à la
préfecture de l'Allier, a été nommé conseiller de
préfecture de ce département, en remplacement de M.
Pageol, démissionnaire."
En 1874, on revend (aux enchères) la propriété du Loiret.
Charles, 43 ans, réside maintenant à Moulins, sur l'Allier, au 18
rue de l'Oiseau (qui part vers la gauche, sur la photo ci-contre -
l'immeuble n'existe plus aujourd'hui), avec sa mère, veuve et
rentière de 60 ans.
En 1877, Charles est promu secrétaire général de
préfecture. ("Par décret du Président de la République, en date
du 21 février 1877, rendu sur la proposition du président du
conseil, ministre de l'intérieur, M. de Martignac, conseiller de
préfecture du département de Loiret Cher, a été nommé conseiller
de préfecture du département de l'Allier, en remplacement de M.
Foignet.")
Mais aussitôt, il démissionne : "Par décret en date du 1er
novembre 1877, M. Trapet, conseiller de préfecture du
Puy-de-Dôme, a été nommé secrétaire général de la préfecture de
l'Allier, en remplacement de M. Foignet, mis en disponibilité,
sur sa demande."
Charles devient inspecteur d'assurances (auprès de son
futur beau-père ?).
À Moulins, le 16 février 1882, il épouse la jeune Moulinoise
Marguerite Victoire Jouannet. Il a 50 ans, elle en a 23. (La
mère a 68 ans.)
Le père de la jeune fille est inspecteur des écoles et directeur
de l’École normale d'instituteurs de Moulins, officier de
l'instruction publique... ainsi qu'agent principal de la Compagnie
d'assurances générales sur la vie.
La jeune épouse et la mère suivent Charles au gré de ses
mutations. La famille s'établit ensuite à Bourges.
Bourges (années
1890-1900)
À Bourges, Charles réside au 2 place de la Gare. Il vit donc avec sa
jeune femme et sa vieille mère.
C'est là que naît la fille de Charles et Marguerite, Andrée (Carpentier-)Foignet,
le 1er mars 1893. Le père a alors 61 ans, et la mère 34.
(En 1894, le père de Marguerite meurt à Moulins : la mère reste
veuve.)
Un second enfant, Jacques Marie, naît et meurt en 1895.
La mère de Charles, Amable Constance, meurt le 4 février 1896,
âgée de 81 ans, en leur logement de la place de la Gare.
Il reste donc la petite Andrée et ses parents.
Charles meurt quand sa fille Andrée est encore jeune (probablement à
Bourges entre 1902 et 1906).
Marseille (années
1900-1930)
Quelques années plus tard, on retrouve Marguerite et sa fille Andrée
à Marseille :
Andrée épouse (le 20 septembre 1910 ?) Paul
Alfred d'Hauenens, issu d'une famille d'ouvriers
journaliers du quartier parisien de Daumesnil. Ils ne viennent pas
du tout du même milieu social.
Paul Alfred d'Hauenens à Marseille. À droite, probablement
Andrée Foignet.
Andrée et Paul ont un enfant (né le 20 juin 1911), puis se séparent
rapidement.
Nouvelles vies
Paul Alfred épouse en secondes noces (le 18 mars 1924 à
La Grand-Combe, Gard) Jeanne Constance Augusta Bourrier.
Il finira sa vie à Marseille.
La mère d'Andrée, Marguerite Victoire née Jouannet [ci-contre
en 1921], réside au 17 vieux chemin d'Endoume.
Elle épouse en secondes noces (le 18 mars 1926, à Marseille)
Joseph Marius Bourelly.
De nouveau veuve, elle mourra à Marseille en 1936.
Andrée épouse en secondes noces (28 avril 1927, à Marseille)
Dominique Antoine Rossi.
Elle meurt à Marseille en 1933.
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