Robini dans la
Vésubie
Pietro Andrea Robini et Maria Caterina Moissin (née
vers 1733) sont cultivateurs à Lantosque (Comté de Nice, États-Sardes).
Ils sont les parents de Gioan
Battista Robini.
À la même époque, Giuseppe Berton "de Paolin" (né
vers 1751, ou bien avant) et Angelica
Millo ont une fille, Giulia Berton, née
vers 1774.
Giuseppe est un "Autrichien"
originaire d'une paroisse du diocèse de Milan (Casbeno, quartier
de Varese), arrivé dans le Comté de Nice dans son enfance avec son
frère Antonio (au terme de la Guerre de Guerre de Succession
d'Autriche). Giuseppe travaille comme maçon à Lantosque.
Un peu plus haut dans la vallée en direction de Saint-Martin,
à Roquebillière,
Gioan Battista Daloni et Margareta Lottier sont les parents
de Maria
Elisabeta, née vers 1750. Daloni est originaire de Belvédère (juste en face)
; Lottier de La Bolline, de l'autre
côté du col Saint-Martin, en redescendant sur la Tinée. (Ils
mourront respectivement à Belvédère
et à Roquebillière avant
1812.)
Lantosque sur une gravure du
XIXe siècle. - Ci-contre, sur une carte du Comté de Nice à la
fin du XVIIIe siècle : Lantosque et Belvédère/Roquebillière en
vert ; La Bolline en bleu clair ; la ville de Nice en bleu
marine.
Lantosque, Belvédère et Roquebillière,
dans la vallée de la Vésubie, se trouvent sur la route qui
conduit de Nice en Piémont par le col de Fenestre.
Le 3 mai 1777, on
célèbre à Lantosque le mariage de Gioan
Battista Robini et de Maria Elisabeta Daloni (veuve d'Antonio Bruno).
Ils sont cultivateurs.
Le 8 octobre 1784, Maria
Elisabeta donne naissance à un fils : Paolino (Paulus Camillus
Franciscus).
Invasion de la
Vésubie (1792-1793)
En septembre 1792, l'"Armée
du Midi" du général de Montesquiou vise le Piémont par les deux
voies possibles : la Savoie et Nice. L'aile
droite, dirigée par le général d'Anselme, s'apprête à
franchir le Var. Les Français auront alors trois options pour
gagner bassin de Pô : le littoral ; la route royale de Turin par la
haute Roya et le col de Tende ; ou la Vésubie et le col de Fenestre.
L'armée sarde place des bataillons au bord du Var, en particulier à
l'embouchure de la Vésubie et de la Tinée, ainsi que sur la position
stratégique de Roquebillière-Belvédère sur la Vésubie.
En octobre, une brigade de 1.150 Français commandée par le
général Barral marche vers la Vésubie (l'aile droite de la nouvelle
"Armée des Alpes" de Montesquiou, pendant que l'aile gauche
attaque la Savoie). Elle atteint Levens le 17. Le 20 octobre, deux bataillons et
une compagnie franche marchent sur Lantosque par Duranus,
Saint-Jean-la-Rivière et Figaret, qu'ils occupent sans résistance.
Les habitants s'enfuient et se réfugient sur les hauteurs de la
Bollène et de Belvédère, sous la protection de l'armée sarde. La
résistance force les Français à quitter Lantosque et à reculer (sur
Utelle le 24, puis sur Levens le 27).
Le 30 octobre, Barral remonte à Utelle. Le 2 novembre, il revient à la
charge sur Lantosque, mais les paysans le repoussent. Après une
fusillade de quatre heures, il retourne à Utelle. (Sa brigade
constitue alors l'avant-garde de l'aile gauche de l'"Armée d'Italie"
qui vient de rendre d'Anselme autonome sur le front niçois.)
Le
28 février 1793, face à une
nouvelle poussée française dans la Vésubie, les chefs piémontais se
réunissent en conseil de guerre à Lantosque.
Le 1er mars, l'armée sarde
bat en retraite et les Français occupent Lantosque. Les forces
sardes se replient sur les
hauteurs, notamment à Roquebillière et Belvédère.
Le 2 mars, les troupes
françaises coordonnées par le général Brunet [ci-contre]
prennent Roquebillière et Belvédère au terme d'une violent
affrontement.
Giuseppe André relate les lendemains de la bataille dans Nizza, 1792-1814 :
"La
lotta
durò ben cinque ore, e tra morti e feriti i Sardi perdettero
duecento uomini. La piazza era coperta di cadaveri
particolarmente di austriaci e di soldati nizzardi.
Ma i Francesi, al cui seguito
era sempre une bordaglia ragunaticcia non di sentimenti umani nè
di onor di vittoria conoscitrice, inferociti dal successo,
voltarono l'ira contro ai miseri abitanti di Belvedere.
Impadronitisi del paese, i
vincitori fecero aspre e crudeli vendette sugli abitanti,
perocchè pareva ad essi di vedere in ogni cittadino un
combattente nell'eroica lotta. Così pochi giorni dopo, alcuni
dolsati essendosi imbattuti in un povero vecchio che errava
attorno alla sua casa, e proco discosto avendo scoperto un
fucile ed una sciabola, lo arrestarono, quindi costrettolo a
scavare una fossa, lo trucidarono, e altre due donne furono pure
uccise sotto mendicati pretesti."
En janvier 1797, le dénombrement de la population de Roquebillière
sera accompagné du commentaire suivant : "savoir que autrefois les bestiaux il y en avait plus
mais le surplus a été partie volé par les troupes françaises, et
partie vendu pour le déficit des fourrages fournis au service des
chevaux et mulets de l'armée et particulièrement à Belvédère en la
première entrée des troupes françaises ont été enlevés mille
moutons et cent-dix vaches".
Les combats vont se poursuivre
ensuite dans les hautes vallées voisines, Bevera et Roya, en
direction du col de Tende.
Occupation (1793)
Marie Catherine née Moissin
(mère de Jean-Baptiste Robini) meurt le 25 avril 1793, âgée de 60 ans.
En 1795, à l'âge de 21 ans,
Maria Giulia Berton tombe
enceinte d'un Français de passage âgé de 24 ans, Victor Granoux, originaire de
Draix (en haute Provence, au-dessus de Digne), où il est né le 20
juillet 1771. Ses parents s'appellent Paul Granoux et Élisabeth
Jaubert. C'est sans doute un jeune soldat de l'Armée d'Italie.
On les marie rapidement le 25
février 1796, et Maria Giulia accouche
aussitôt d'une fille : Maria Camilla
Alexandra. Le père disparaît.
La fille n'a pas d'acte de naissance, étant donné la suspension des
registres en cette période de guerre, mais les faits
seront notés ultérieurement sur la bonne foi des intéressés
(lors du mariage de Maria Camilla en 1812).
De même, Jean-Baptiste Robini
meurt vers 1796, mais son décès n'est pas enregistré : le
registre des sépultures s'arrête brusquement le 22 juillet
1796, et les registres français ne commencent qu'en 1800.
Pierre André Robini (père de
Jean-Baptiste) meurt le 30 mars
1800.
Marie Élisabeth née
Daloni (veuve de Jean-Baptiste) meurt vers 1811.
Paolino Robini est cultivateur, comme
ses parents. Le 28
novembre 1812, il épouse Maria Camilla Granoux.
Restauration sarde
(1814)
En
1814, le Traité de Paris
rétablit la frontière franco-sarde telle qu'elle était en 1792,
et le roi Victor-Emmanuel rentre à Turin.
Le 7 juin 1815, décès de
Giuseppe Berton "de Paolin", âgé de 70 ans.
Le 21 septembre : naissance
de Maria Antonia Robini,
fille de Paolino et de Maria Camilla.
Maria Giulia née Berton
meurt le 24 juin 1830. En
apprenant la nouvelle, Victor Granoux, qui est maintenant
commissionnaire à Marseille, s'empresse de contracter un nouveau
mariage avec une Provençale (le 4 novembre).
"Antonietta" Robini descend travailler en ville. En 1846, elle est
domestique à Nice (paroisse Saint-Dominique). Le 3 octobre, elle
épouse le Piémontais
Giuseppe Guala, originaire de Verceil et résidant à Nice, paroisse
Saint-Dominique. Le mariage est célébré à Lantosque, puis
le couple s'établit dans ce qui est en train de devenir le
"Vieux-Nice".
[cliquer sur la carte pour
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Sources :
Archives
départementales
des Alpes-Maritimes
Giuseppe ANDRÉ, Nizza, 1792-1814, Nizza,
1894.
Alain RUGGIERO, La population
du Comté de Nice de 1693 à 1939, Serre, Nice, 2002.