Coustures sur le Volp (bas Couserans, comté de Comminges)
Le
Salat passe par St-Girons/St-Lizier et se jette dans la Garonne. En remontant
celle-ci (St-Gaudens...), on arrive au Val d'Aran et aux crêtes
catalanes des Pyrénées ; en aval, toutes les routes convergent vers
Toulouse.
Mérigon
et Sainte-Croix [les deux points violets adjacents sur la carte
ci-contre] sont situés sur le Volp, qui donne son nom au Volvestre.
La
frontière culturelle et administrative entre Gascogne et Languedoc,
sans aucun sens dans la nature, est héritée de l'invasion romaine :
l'Aquitaine est devenue une province de l'Empire sous le règne
d'Auguste, tandis que le
territoire du futur Comté de Foix faisait déjà partie
des conquêtes de la République avant Jules César ("Gaule
transalpine", puis
"Narbonnaise"). Le tout
formait vraisemblablement un seul pays habité par des
"Conserans", peuple sédentaire aquitain ("proto-basque"), celtisé
vers
le IIIe s. av. JC, puis latinisé vers le Ier s. av. JC. Ce découpage
antique se perpétuera jusqu'aux fiefs/provinces modernes de
Comminges/Gascogne et de Foix/Languedoc. Cette page se concentre sur la
partie occidentale
("aquitaine") du pays des Conserans, en particulier le Volvestre.
Au début du Xe siècle, constitution du Comté de Comminges.
Au XIIe siècle, fondation du monastère de Sainte-Croix.
Autour de 1360, destruction du monastère de Sainte-Croix.
Au XVe siècle, le Comté de Comminges est légué au
royaume de France par Marguerite de Comminges. Il
rejoindra la province de Gascogne.
Blasons du Comminges (à partir du XVIIe siècle,
il est altéré au gré des transcriptions : la croix
pattée de gueules disparaît au profit de son
complément, "quatre otelles d'argent appointées et posées
en sautoir", voire "adossées en sautoir") et du Couserans.
Sur
la rive droite de la haute Garonne, la vicomté de Couserans fait
partie du Comté de Comminges. La carte de droite montre la position
frontalière de ce petite territoire, entre Comminges et Foix, entre
Gascogne et Languedoc.
Mérigon et Sainte-Croix sont situés sur le Volp, un petit affluent
de la Garonne qui donne son nom à la région naturelle du
"Volvestre".
Les
cavernes du Volp étaient habitées à l'époque magdalénienne (-15 000),
comme en témoigne ce "sorcier" de la grotte des Trois-Frères.
Le centre administratif du Couserans est Saint-Girons
(ou Pamiers, selon les époques), le cœur historique étant
la cité romaine de Saint-Lizier, siège d'un évêché dès le Ve
siècle. Le mont Valier (2838 m) tient son nom de saint Valère,
premier évêque de Couserans.
Le Comminges est incorporé au royaume de France au XVe siècle
(contrairement au comté de Foix tout proche, qui ne deviendra
français qu'au XVIIe).
En 1584, un Philippe Cousture fait partie des habitants de Sainte-Croix qui débattent des affaires de la commune.
En 1620, un François Coustures et un Pierre Pujol sont membres du conseil communal de Sainte-Croix.
En 1649, le notable Guilhem Coustures, bourgeois, propriétaire foncier, est membre du conseil communal de Sainte-Croix.
Registre
d'état-civil de la paroisse de Ste-Croix en 1652.
À gauche, les hameaux de "Cousture(s)", "Richou", "Monnereau" et "Pujol"
figurent sur la carte de Cassini (années 1740), sur la rive droite
du Volp, entre Sainte-Croix[-Volvestre] et Montesquieu[-Avantès]. Le Couserans se trouve alors
en périphérie de la province de Gascogne.
Les moulins du Volp
Les Coustures sont meuniers de père en fils. Sur le cours du Volp, la densité
des moulins est tout à fait exceptionnelle (en 1830, 35 moulins sur 40
km) :
Ci-dessus : le moulin et la maison de la Catine (dessin de Paul Vaillant-Couturier et photo de Max Begouen)
Dans les années 1740, Charles Coustures est en charge du moulin de la Catine, dans la commune de Sainte-Croix.
Il épouse Marie Peytou, mais elle meurt dès février 1748 à l'âge de 33 ans, et leur dernier enfant peu après.
Charles se remarie en juillet : il épouse la jeune Anne Peyré, fille de laboureur.
Leur fils Jean naît en 1754, parmi de nombreux enfants.
La Catine aujourd'hui (Google 2016)
Jean sera meunier à Mérigon. Il y épouse Claire Gregoire en 1776, elle aussi originaire de Sainte-Croix.
Mérigon : dessin de Paul Vaillant-Couturier et photo
Dans les années 1780, chez les Coustures,
Jean est meunier à Montbrun (entre Sainte-Croix et le Mas-d'Azil),
Pierre est ouvrier agricole à l'année ("brassier"), André fait du commerce ;
chez les Heuillet,
Francois est négociant à Sainte-Croix, deux Pierre sont tisserands à
Montbrun, Pierre est scieur de bois à Sainte-Croix, Jean est
ouvrier agricole à Montbrun, Gabriel dit "Hajau" vit à Sainte-Croix ;
chez les Durrieu, Jean et Mathieu sont charrons ;
ches les Monereau de Sainte-Croix, Jean est cardeur, Bertrand et Benoît sont tonneliers, Anne est l'épouse de Joseph Demay ;
ches les Dedieu, Laurent est cardeur de laine, Marie est l'épouse du cardeur de laine Augustin Peyre, Jean-Pierre est laboureur ;
chez les Richou, Francois est laboureur, Louis est ouvrier agricole.
Cette
liste donne un bon apercu de l'activité des familles dont il est
question ci-dessous. Jusqu'au XIXe siècle, les compétences
professionnelles sont généralement transmises de génération en
génération.
À la Révolution (1790), le Couserans fusionne avec le Comté de Foix pour
former le département de l'Ariège. Les Pyrénées ariégeoises ne
sont pas touchées par la guerre civile.
- Jean Coustures naît en 1805 à Mérigon.
Ses parents Jacques Coustures (fils de Jean) et Magdelaine
Heuillet sont nés en avril et novembre 1778 :
leurs actes de baptême figurent sur la même page du
registre de la petite paroisse de Mérigon.
- Anne Durrieu (fille de Gérôme Durrieu et
de Catherine Monnereau) naît en 1816 à Montjoie, près de
Saint-Girons.
- Leur fils Jean-Pierre Coustures naît en 1850
à Mérigon.
Mérigon
|
- Louis Dedieu (fils de David Dedieu et
de Marie Richou, de Sainte-Croix) est né en 1822
à Sainte-Croix.
À Sainte-Croix, les Dedieu sont dans le textile : David
était tailleur, Louis est tisserand (puis cultivateur).
- Marie Raufast (fille de Ferréol Raufast et
de Jeanne Pujol, respectivement de Cérizols et
de Tourtouse) est née en 1832 à Cérizols.
De Cérizols, les Raufast s'établissent ensuite à Saint-Michel, un
peu en aval, dans le département voisin de
Haute-Garonne.
- Leur fille Jeanne Dedieu naît en 1853 à
Sainte-Croix.
Ste-Croix-Volvestre
|
Comme on l'a vu plus haut, il y a un lieu-dit Coustures
dans la commune de Sainte-Croix (Volvestre) :
On distingue au loin les crêtes des Pyrénées.
De même, Richou est le nom du hameau de Sainte-Croix où
vivent les Richou. En fait, cette localité est plus proche de
Mérigon que du centre administratif de la commune de
Sainte-Croix.
Il
y a aussi un hameau "Monnereau", et deux "Pujol" proches
de Montesquieu-Avantès (dont un ne figurait pas encore sur la
carte des Cassini, de même qu'un hameau Raufast près de Gajan, au nord
de Saint-Lizier).
Par ailleurs, Heuillet, Durrieu, Dedieu, etc. sont des noms très
répandus dans ces communes.
Juste au-dessus de Mérigon, près de Monnereau : Montardit (dessins de Paul Vaillant-Couturier)
L'activité
des mouloins étant sur le déclin en cette deuxième moitié de XIXe
siècle, Jean-Pierre Coustures rompt avec la tradition familiale et
devient scieur de long, puis cultivateur.
Jean-Pierre Coustures et Jeanne Dedieu se marient en 1872 à Mérigon.
Ils ont de nombreux enfants, notamment Jean-Marie, né le 12
juillet 1880 à Mérigon. Il épousera Marie
Lagarde au Mas-d'Azil.
Volvestre
et Arize sur une carte des Pyrénées ariégeoises en 1927. -
Carte actuelle avec les noms des provinces historiques.
Archives familiales
J.F.S. Saint-Paul, Mémoire Historique Sur le Mas-d'Azil, Toulouse, 1843.
Ruth Otis Sawtell & Ida Treat, Primitive Hearths in the Pyrenees, with illustrations by Paul Vaillant-Couturier, D. Appleton & Co, New York & London, 1927.
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