Le Clerc et Le Gent en Beauvaisis



Les familles de cette page sont concentrées sur les paroisses de Wacquemoulin et de Moyenneville, sur le cours de la rivière Aronde, qui se jette dans l'Oise en rive droite juste avant Compiègne.

C'est une région de plaine, lieu de passage depuis l'Antiquité. À l'époque romaine, la voie de Nanteuil-le-Haudouin à Montdidier passait par Estrée-Saint-Denis, Moyenneville, Wacquemoulin, Menévillers, Tricot, etc.

Au XVIIe siècle, tout cela se trouve dans la partie orientale du Beauvaisis (diocèse de Beauvais), sous l'autorité coutumière de Montdidier en Picardie (généralité d'Amiens), à proximité du Valois (Compiègne).

Détail d'une carte du Beauvaisis en 1632 : Wacquemoulin et Moyenneville en bleu
(ainsi que d'autres villages dont sont originaires certaines personnes de la page), La Folie en rouge.

Dans le sens des aiguilles d'une montre, la région est circonscrite par Beauvais, Montdidier, Compiègne, Creil.

Wacquemoulin

C'est à Wacquemoulin que les individus de l'arbre généalogique sont le plus nombreux.
Dans la première moitié du XVIIe siècle, Jacques et Louise Alloux y ont trois enfants, notamment Léonard, né vers 1621.

À cette époque, la région est secouée par la guerre de Trente Ans (entre 1618 et 1648), qui se prolongera avec une guerre franco-espagnole (notamment entre France et Pays-Bas) jusqu'à 1659.

En octobre 1655, Léonard Alloux épouse Charlotte Delys (née vers 1632).
Leur fils Urbain naît en octobre 1665.


Au sein du diocèse de Beauvais, les communes de Wacquemoulin (paroisse Saint-Christophe) et de Moyenneville (paroisse St-Martin-Ste-Geneviève) sont rattachées au bailliage (ou élection) de Montdidier (pays de Santerre), dans la généralité d'Amiens (province de Picardie). Le reste du Beauvaisis relève plutôt de la généralité de Paris, voire de celle de Soissons (province d'île-de-France).

À partir de septembre 1682 (et jusqu'à sa mort), Urbain Alloux est le clerc de la paroisse (Saint-Christophe). Auxiliaire du curé et du vicaire, le clerc participe à toutes les cérémonies du culte, services quotidiens, messes dominicales, baptêmes, mariages, sépultures, fêtes et processions, et participe à la tenue des registres d'état civil. Assisté du bedeau et des enfants de choeur placés sous son autorité, il sonne les cloches et remonte l'horloge, participe au nettoyage et à la décoration de l'église. Le cas échéant, il est aussi chargé d'entretenir le parterre et le jardin du curé, moyennant salaire. Il peut aussi effectuer des travaux d'écriture ou de mesurage pour les paysans, confectionner des registres pour les commerçants, etc. Il se peut aussi qu'il ait rempli la fonction de maître d'école.
En 1689, Urbain épouse Marguerite Prevost (née vers 1668). 
Leurs enfants : Léonard en 1690 (il mourra dès 1724) ; Marie Maryse en 1692 ; Noël en 1695 ; Urbain en 1701 (il mourra dès 1730)...
Entre-temps, les parents d'Urbain meurent dans les années 1690 : Charlotte en 1692 et Léonard en 1695.

En août 1692, mariage de Pierre Thierard et de Catherine Roussel. Lui est originaire de Saint-Martin-aux-Bois, elle de Méry.
Ils ont de nombreux enfants entre 1693 et 1707, notamment Geneviève en août 1703.
 

Robert Le Clerc (né vers 1678) et son épouse Marie de La Folie sont laboureurs à Wacquemoulin.
La Folie est le nom d'un fief des environs (d'où la famille était sans doute originaire au XVIe siècle) [aujourd'hui, c'est une parcelle totalement cultivée, sans aucune trace de bâtiment (à part un pylône électrique)].
Parmi leurs enfants, mentionnons Robert (né en mars 1709, son parrain étant François de la Folie), Christophe en 1719, Geneviève et Victoire (morte en juin 1735).


Adrien Carpentier et Geneviève Thierard se marient en 1722. Ils sont manouvriers.


Enfin, les hommes de la famille Bourré sont maréchaux-ferrants. C'est le cas d'Antoine, marié avec Catherine Ballin vers le début des années 1720.

Moyenneville




Pierre Le Gent et Marie Anne née Le Roy sont les parents de Pierre François Le Gent, né vers 1719 à Moyenneville.


 
Le maréchal-ferrant dans l'Encyclopédie.

Une position flottante entre Picardie et Île-de-France

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c5/Blason_r%C3%A9gion_fr_Picardie.svg/200px-Blason_r%C3%A9gion_fr_Picardie.svg.png     

Au début des années 1740, Noël Alloux est greffier des fiefs d'Arnel et de Passy-lès-Moyenneville.
En règle générale, le tribunal seigneurial se compose de trois personnes : le juge (ou prévôt, bailli, sénéchal, vice-gérant, viguier) prononce la sentence ; le procureur fiscal représente le ministère public et engage les poursuites ; le greffier transcrit les jugements et tient les archives de la justice.
Telle est donc la fonction de Noël dans ces deux seigneuries situées sur les territoires de Wacquemoulin et Moyenneville.

Son père Urbain meurt en juin 1738, et sa mère Marguerite en mai 1743
En novembre 1744, il épouse Marie Anne Carpentier, fille d'Adrien et de Geneviève née Thierard.

Christophe Le Clercq, fils de Robert le Clerc et de Marie de La Folie,
est laboureur et marchand.
Le 20 juillet 1745, il épouse Marie Catherine Bourré (née en novembre 1725), fille du maréchal de forge Antoine Bourré et de Catherine Ballin.
Pierre Legent, tailleur d'habits né vers 1719, épouse Magdelaine Symphorose Harmand.
Ils vont avoir au moins deux fils : Charlemagne (en 1756) et Benoît (en 1761).

À la même époque, François Dupont (originaire de Grandvillers) épouse Marie Élisabeth Dévanneaux. Tous deux sont veufs d'un premier mariage.

Enfin, Abraham Morel (né en 1728 à Cernoy, fils d'Abraham et de Marguerite née Le Roy) épouse Marie Anne Le Vasseur (fille de François et de Marie Anne née de La Haye). [Juridiquement, Cernoy dépend de Beauvais.]
Ils sont manouvriers.


La carte de Cassini ci-dessus (1750) met en évidence notamment les villages de Wacquemoulin et Moyenneville sur l'Aronde, la route Paris-Lille, et les villes de Montdidier, Saint-Just et Compiègne.
Enfants de Christophe et Catherine Leclercq : Christophe Eutrope en avril 1746, Cyr Jean Baptiste, Marie Marguerite Laurence en juillet 1757, Marie Antoinette Geneviève en mai 1761.
Le grand-père Robert le Clerc meurt en janvier 1759.


Laboureur et marchand comme son père, Christophe Eutrope Leclercq épouse Marie Françoise Alloux (fille de Noël et de Marie Anne née en 1748).





Jean-François Dupont, fils de François et de Marie Élisabeth, est tisserand en toile (manouvrier comme ses parents). En 1781, il épouse Marie Anne Morel (fille d'Abraham et de Marie Anne). 

Benoît Legent devient tailleur comme son père (qui meurt en août 1780), mais aussi cultivateur.
En février 1782, il épouse Marie Antoinette Leclercq, fille d'un laboureur du village de Wacquemoulin (voir ci-contre ; elle est la soeur de Christophe Eutrope).
L'épouse s'établit dans le village de son mari.
Fils de Christophe Eutrope Leclercq et de Marie Françoise, Denis Leclercq est né en mars 1777.
Il devient marchand et manouvrier.




Geneviève Legent (née en 1782)

Marie Angadrème Dupont, fille de Jean François Dupont et de Marie Anne Morel, naît en 1787.

Révolution française et Empire à Moyenneville

En 1790, création du département de l'Oise.

À la Révolution, les frères Legent sont devenus cabaretiers. En 1793, Benoît et sa famille habitent rue de la Place.
Marie Antoinette Geneviève meurt en mars 1796.

Mort de Benoît Legent en juin 1802.
À Wacquemoulin, Denis Leclercq a épousé Marie Antoinette Geneviève Diu, mais elle meurt dès juillet 1804 (le 19 messidor de l'an XII).
Il se remarie en janvier 1805 (le 3 pluviôse de l'an XIII), avec sa cousine germaine Geneviève Nicole Legent (comme on l'a vu ci-dessus, leurs parents Christophe Eutrope Leclerc et Marie Antoinette Geneviève Legent née Leclerc sont frère et sœur).

Leur fils Louis Joseph Denis Leclercq naît en 1810.

Marie Angadrème Dupont a un enfant d'un inconnu en mars 1812 : Louise Geneviève Dupont.

En 1814, on voit passer les armées napoléoniennes, notamment les Russes et les Prussiens qui marchent sur Paris. Certains soldats quitteront leur armée et resteront dans les villages.

À Wacquemoulin, en 1814, Christophe Eutrope et Marie Françoise résident rue des Fontaines. Cette dernière meurt au mois de janvier.


Restauration des Bourbon 


À la Restauration, en octobre 1817, la fille-mère Marie Angadrème Dupont épouse un certain "Frédéric Redivonne", un déserteur polonais demeurant à Rouvillers (canton de Saint-Just-en-Chaussée, également dans l'Oise). Il est né en 1792 à "Draguenau" dans le palatinat de Połock, sur la Dvina, en Pologne russe (aujourd'hui en Biélorussie). Deux grandes batailles s'y sont déroulé en 1812 dans le cadre de la campagne de Napoléon en Russie. Il devait donc faire partie des effectifs qui ont repoussé les Français jusqu'à Paris en 1814.

Mort de Denis Leclercq en 1828.

Régime constitutionnel

En avril 1831, après la mort du père, toute la famille est à la charge du charretier Jean-Baptiste Carlier (*1804 ; avec sa femme Maxance Opportune, *1909, et leur file Joseph Louis Prospère, *1827) : la veuve Geneviève Nicole Legent, *1781, ménagère ; Marie Geneviève Legent, *1807, domestique ; Louis Joseph Denis, *1810, manouvrier ; Marie Julie Leclercq, *1814 ; Frédéric Pierre Thomas Leclercq, *1817). À Moyenneville, on dénombre alors 432 habitants dans 112 maisons. 209 savent lire et écrire, 29 seulement lire.

Le 21 mari 1831 : Mariage entre Louis Joseph Leclercq et Louise Geneviève Dupont, tous deux travailleurs journaliers. 

Virginie Leclercq. Née en 1837.
Elle sera gantière puis domestique. 

1855 : décès de Geneviève Legent et de Marie Angadrème Dupont (veuve Redivonne). 

Le 26 juin 1858, Virginie Leclercq épouse Léopold D'haenens, un immigré belge qui réside alors à Estrées-Saint-Denis, rue du Lion-Noir. Manouvrier, il travaille comme charretier.
Virginie donne naissance à un fils, Gustave Édouard "d'Hauenens", le 27 août 1859 (à Estrées-Saint-Denis). Il est de nationalité belge, comme son père.

Puis Virginie et Léopold s'établissent à Moyenneville, rue Qui-Branle (à côté des parents de Virginie).
À Moyenneville, naissance de deux autres garçons : Paul Raymond d'Hauenens, le 30 juin 1862 ; Octave Alfred d'Hauenens, le 16 décembre 1864

   
Estrées-Saint-Denis, Moyenneville et Wacquemoulin.

 

Guerre franco-prussienne

Le 17 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. La population est appelée à verser des impôts exceptionnels. 
La guerre se passe très mal, et Napoléon III capitule à Sedan dès le 2 septembre. Le 4, l'Assemblée Nationale destitue Napoléon III et proclame la Troisième République.

Le 13 septembre, les troupes allemandes entrent dans le département de l'Oise et atteignent Compiègne en milieu d'après-midi.
Paris est assiégée. Le 7 octobre, le ministre de l'Intérieur Léon Gambetta quitte la capitale en ballon dans l'intention de se réfugier à Tours. Touché par des balles prussiennes, il est contraint d'atterrir dans l'Oise (à Épineuse).
Le 19 novembre, la première armée prussienne forte de 40 000 hommes arrive dans l'Oise.


Réquisitions prussiennes dans les fermes (par Louis Ulysse Souplet).

Le 26 décembre, les Allemand destituent le préfet nommé par Gambetta et le remplacent par le baron von Schwartzkoppen.
Le 18 janvier 1871, à Versailles, le roi de Prusse Guillaume Ier proclame l'Empire allemand
Le 19 janvier, victoire allemande à Saint-Quentin.
Le 28 janvier, signature d'un armistice entre le gouvernement provisoire de la Troisième République et les Allemands.

Des élections législatives ont lieu le 8 février. À Paris, Louis Blanc arrive en tête, suivi de Victor Hugo, Léon Gambetta et Joseph Garibaldi.
L’Assemblée nationale se réunit à Bordeaux le 13 février. Jules Grévy est porté à la présidence de l'Assemblée et Adolphe Thiers est élu chef du gouvernement.
Le 13 février, les troupes d'occupation réclament une contribution de guerre de 11 millions de francs au Conseil général de l'Oise (les Allemands refusent d'abord de négocier et retiennent prisonniers les membres du Conseil, qui seront finalement libérés le 24 février contre versement de 2 millions de francs).
26 février : signature d'un second armistice à Versailles. 

Le 18 mars 1871 : une insurrection éclate à Montmartre. Construction de barricades.
Les Prussiens craignant que des troubles éclatent dans l'Oise comme à Paris, toutes les villes ouvrières du département sont placées sous étroite surveillance.
Le 30 mars, le drapeau rouge de la Commune flotte sur l'hôtel de ville et sur tous les monuments publics de Paris.
Dans l'Oise, la deuxième quinzaine d'avril est marquée par un important reflux de Parisiens fuyant la capitale.

Le Traité de Francfort, qui met fin à la guerre franco-allemande, est signé le 10 mai.

21-28 mai : semaine sanglante à Paris. Les troupes de Versailles entrent par l'ouest, franchissent les barricades et massacrent les insurgés.
La capitale est ravagée par les incendies. Derniers combats sporadiques début juin, puis l'ordre se rétablit et la reconstruction commence.

Au cours de cette période de troubles, après la naissance des trois fils (entre 1866 et 1872), Virginie et Léopold s'en vont à Paris.

Louis Joseph Denis Leclercq meurt à Moyenneville en 1872.

La liaison ferroviaire avec Amiens (via Montdidier) et avec Compiègne (via Estrées-Saint-Denis), décidée en 1875, n'ouvrira qu'en 1883, avec des gares à Estrées-Saint-Denis, Moyenneville et Wacquemoulin. 


Cet arbre récapitule l'ascendance de Virginie Leclercq à Wacquemoulin (en brun) et Moyenneville (en vert) depuis le XVIIe siècle.

Sources
Archives départementales de l'Oise
M. Graves, "Essai sur les voies romaines du département de l'Oise", in M. de Caumont (éd.), Bulletin monumental, tome 6, 1840.