Cagnoli, Nice & exil
(1782-1796)
Gioan Battista le marin et son fils Andrea

    
<= PRÉCÉDENT : Villefranche

I. 1782-1792 : Nice et le port Lympia sous Victor-Amédée III

Un nouveau port pour Turin

Vers 1782, toute la famille Cagnoli a quitté Villefranche pour Nice, de l'autre côté du mont Boron. Ce déplacement coïncide avec la décision de Victor-Amédée III [ci-contre], en 1780, de lancer un grand chantier pour rendre carossable la route royale Nice-Turin (construite initialement sous Charles-Emmanuel Ier au XVIIe siècle, sur la base d'un antique chemin muletier) : le nouveau port Lympia a pour vocation de se substituer à celui de Villefranche, devenant ainsi la porte maritime d'une capitale europénne désormais capable d'échanges commerciaux de grande envergure avec tout le continent.

La route est inaugurée dès 1784 et les premières voitures l'empruntent aussitôt (ce qui fait dire à Thomas Jefferson, ambassadeur des États-Unis en France, en visite aux États-Sardes en avril 1787 : "This road is probably the greatest work of this kind which ever was executed either in ancient or modern times. It did not cost as much as one year's war.").

Le port de Nice devient donc un pôle crucial du royaume. Par conséquent, le pourtour du bassin Lympia s'urbanise rapidement pour devenir un quartier dynamique de la ville, directement relié à la route de Turin. Le plan d'urbanisme définitif est adopté en 1785.

Gioan Battista et Anna Margarita s'installent sur le territoire de la paroisse St-Martin-St-Augustin : située sur l'ancien bastion du Sincaire, l'église administre notamment le nouveau quartier du port.

Leurs enfants s'y marient bientôt : Gioanna Battista, en 1785, avec Onorato Ballino ; Anna Camilla, en 1786, avec Pietro Pin ; et Angelo Maria, en 1788, avec Camilla Castèu. 
Anna Margarita est paysanne à Nice. 

Ci-contre :
la cathédrale (point rose),
la chapelle des pénitents blancs (bleu clair),
l'hôtel de ville (jaune),
l'hôpital de la Sainte-Croix (rouge)
et l'église paroissiale Saint-Martin-Saint-Augustin (bleu foncé).

La voie bordeaux mène au port Lympia,
l'orange à Villefranche,
la verte à Turin
et la bleue en France.

En 1787, les dessins d'Albanis Beaumont montrent l'urbanisation du port Lympia :

Fils et petit-fils de marins, Andrea perpétue la tradition familiale
En 1781-1783, la Marine royale envoie la San Carlo effectuer des missions jusqu'à Gibraltar.
En 1782 et 1783, l'administration met en service deux demi-galères acquises à Naples : Santa Barbara et Beata Margherita. Elles s'avèrent efficaces dans la lutte contre les Barbaresques, qui est une activité permanente dans les années 1770-1780 : il s'agit non seulement de combattre les pirates sur le littoral niçois et autour de la Sardaigne, mais aussi de les pourchasser jusqu'aux côtes africaines et, désormais, d'escorter les navires de commerce jusqu'à Gibraltar. Des Geneys (22 ans) est maintenant commandant de la Beata Margherita.
Par ailleurs, à partir de ces années 1780, la Marine russe en Méditerranée fréquente régulièrement la rade de Villefranche.

 
Soldat et grenadier de la Marine sous Victor-Amédée III, dans les années 1780. - Enseigne avec le drapeau colonel. 

En novembre 1785, lors d'un trajet entre Villefranche et la Sardaigne, la San Vittorio intervient pour délivrer un navire génois, la Santa Maria del Carmine, que des pirates sont en train de remorquer en direction de l'Afrique.

En juin 1786, alors que la San Vittorio transporte des soldats et leurs familles pour relever la garnison de Sardaigne, elle est piégée par un calme plat peu après la sortie de Villefranche, et rapidement encerclée par cinq chébecs algériens. La frégate s'en sort grâce à l'intervention de quelques bateaux génois de San Remo qui arrivent à son secours en l'aidant à se rapprocher des batteries du littoral.

Cette année-là, sur les conseils de Daviet de Foncenex, deux navires marchands sont achetés à Marseille et convertis en corvettes sous les noms de Carolina et d'Augusta. Pour éviter la situation survenue au mois de juin, la liaison avec la Sardaigne sera assurée désormais par plusieurs navires à la fois. À la fin de l'année, la San Vittorio arrive en Sardaigne sous l'escorte des deux nouvelles corvettes.
 
 

À titre d'exemple, voici le récit d'une journée de combat contre les barbaresques, rapporté par le chevalier Filippo Mattone di Benevello, capitaine de la Beata Margherita :

Relation détaillée du combat que j'ai livré avec la "Beate Marguerite" à un schebec barbaresque le 16 avril [1787] entre la Sardaigne et la Corse. 

Le 15 avril à 4 heures et demie, j'ai appareillé de l'isle la Magdeleine et, suivi d'une gondole, j'ai fait routte à l'ouest avec petit vent à l'ouest-nord-ouest. En navigant, dès que j'ai été à peu près à un mille de distance de la Magdeleine, j'ai découvert un bâtiment mouillé à un demi-mille de l'isle de Spargi à la pointe sud, avec sa chaloupe en mer détachée du bord allant à terre. Je me suis aperçu qu'il l'a rappelée à l'apparition de la "Beate Marguerite" et, quoique cette manoeuvre me parût suspecte, comme ce bâtiment avait un pavillon génois, cela me donnait des doutes sur la réalité. Pour mieux le reconnaître je fis route dessous en faisant pour le même objet dévancer la gondole. 
À 5 heures, ce bâtiment a amené le pavillon génois et hissé le turc et mis immédiatement à la voile avec sa chaloupe à la traîne pour passer entre l'isle de Ste Marie et Li Beretini. J'ai dans ce moment reconnu que c'était un bâtiment de Tunis avec la configuration d'un schebec et, quoiqu'il me parût un peu plus fort que la "Beate Marguerite", voyant à sa manoeuvre qu'il avoit envie de prendre chasse, et ne consultant alors que l'honneur du pavillon le mien et la bravoure que mon équipage témoignait, je me suis décidé à la poursuivre vivement et à la combattre.
J'ai auparavant redemandé la gondole que j'avois de l'avant, je l'ai expédiée à la Magdeleine, portant l'ordre à Mr Porcile commandant la "Ste Barbe" de mettre instamment à la voile, et de venir me joindre s'il était possible en passant sous le vent de la Magdeleine afin de couper chemin à ce bâtiment dans le cas qu'il fît route vers Taulara. 
Après ces dispositions, j'ai préparé la "Beate Marguerite" au combat et j'ai commencé ma chasse à rames et voiles en tâchant de me tenir toujours au vent du schebek. 
L'ennemi paraissait indécidé sur le parti qu'il devait prendre. Tantôt il avançoit et tantôt il venoit au vent ; enfin, il m'a paru que son idée était s'éloigner des isles intermédiaires et de s'engager le combat au large, en s'approchant cependant la Corse pour avoir une retraite au cas de défaite. Pendant deux fois, il a cargué ses voiles pour m'attendre en présentant le travers, mais, intimidé par la chasse vive qui ne discontinuait jamais, il se remettait toujours en route en serrant la Corse autant qu'il pouvait avec des vents variables de l'ouest au sud-est, et, comme la chaloupe le retardait beaucoup dans l'exécution de ses idées, il a été forcé de l'abandonner. 
La supériorité de la marche que j'avais sur luy m'a mis en situation d'y être à 9 heures et demie à la portée du canon. Avant d'engager le combat, l'aumônier a donné l'absolution, ensuite j'ai adressé à l'équipage quelques mots d'encouragement, et j'ai promis aux forçats : au nom du Roy la liberté de ceux qui auraient contribué avec beaucoup de valeur à la prise de l'ennemi. Les cris réitérés de "Vive le Roy" qui succédèrent à ces discours d'un bout de la demi-galere à l'autre me confirmèrent dans l'opinion que j'avais sur la bravoure de mon équipage ; j'en ai profité immédiatement en hissant le pavillon du Roy et en engageant le combat avec plusieurs coups de canon et mes voiles carguées. Au 8e coup, l'ennemi a présenté le travers et a lâché pendant deux fois toute sa bordée. 
Voyant que les boulets tombaient à l'arrière de la "Beate Marguerite", j'ai cru qu'il convenait mieux de l'aborder pour éviter le feu de son travers, ce que j'ai executé immédiatement en faisant toute la voile et en dirigeant ma proue sur sa poupe. À mesure que je l'approchois, je faisois feu de toute averse : j'ai même réussi à mettre bas sa vergue du trinquet et son mât d'artimon, qui ont cependant été vite réparés. L'ennemi me ripostoit son feu avec beaucoup de vivacité, en présentant pour intervalle le travers pour faire feu de sa batterie qui consistoit en dix canons de chaque côté, outre les canons à queue et pierriers dont il paraissait bien fourni ; j'ai finalement réussi à coler l'éperon sur sa poupe et, dans cette position, le feu a repris de part et d'autre très vivement. 
L'ennemi a eu cependant le moyen de s'éloigner pendant trois fois de sous ma proue et pour trois fois je l'ai abordé en accrochant toujours avec l'éperon la poupe de l'ennemi et en continuant le feu avec le canon à boulet et mitraille de même qu'avec les petites armes. 
Dans le troisième abordage, je lui ai enlevé le bâton d'enseigne avec le pavillon qui, ayant été porté en triomphe par quelqu'un de mes matelots tout au long de la demi-galère, a occasionné de nouveaux cris de "Vive le Roy" qui m'assurèrent plus que jamais du courage de mon brave équipage ; enfin j'ai vu le moment que tout allait être décidé en faveur des armes du Roy lorsque un instant de bonheur a amélioré le sort de l'ennemi car le vent, ayant donné sur le mât aux voiles de l'avant, l'a fait abattre sur bord et a prolongé le côté de la "Beate Marguerite". 
L'ennemi a voulu profiter de cette position favorable en me jettant pendant trois fois les crocs d'abordage mais, défendu pour la mosquetterie, je l'ai forcé a dépasser ma poupe. Voyant qu'il ne pouvait réussir à m'aborder, il a recommencé le feu de sa batterie à boulet et mitraille. Pendant cet intervalle, je travaillois à me débarrasser de cette position critique et à réparer les manoeuvres qui avaient été coupées par des coups de sabre de l'ennemi dans le temps que nos étions accrochés. Dès que j'ai été prêt, j'ai repris ma route pour rengager le combat, mais comme, durant l'action et dans le temps que je faisois les susdites réparations, l'ennemi s'étoit toujours approché de la Corse, s'en voyant alors très près, a immédiatement cessé son feu, je n'ai plus osé continuer le mien dans ces parages de façon qu'après deux heures et un quart de combat il a fallu me déterminer à le suivre pendant quelques tems pour voir s'il voulait reprendre le large afin de recommencer le combat, mais voyant qu'il alloit entrer dans le golfe de Santa Julia en Corse et ne me trouvant plus en état de me tenir en croisière à cause du vent tres frais à l'ouest et du mauvais état des agrès, voiles et rames qui avaient considerablement souffert pendant le combat, les circonstances m'ont obligé, à midi, à faire route pour les isles intermédiaires. 
Quelques minutes après, j'ai passé la revue à mon equipage et fait une visite exacte à la "Beate Marguerite". 
Nous n'avons eu qu'un seul mort, qui est le sergent du détachement, et 18 blessés ; dans le nombre de ces derniers, il y avoit le pilote qui, malgré une assez forte blessure à l'avant bras, n'a jamais quitté le poste, dirigeant toujours la route de la "Beate Marguerite" et donnant constamment des preuves d'une valeur peu commune. 
À la visite des agrès, voiles et corps du bâtiment, j'ai reconnu que nous avons eu 22 à 23 coups de canon, savoir 18 coups dans les voiles, qui ont aussi beaucoup endommagé les agrès, un dans le bastingages de proue, qui est actuellement presque hors de service, un autre à la tête du mât de trinquet, un dans les rames, qui en a cassé sept, un autre dans le fanal de poupe, et un dans le côté du bas-bord un demi-pau au dessus de la ligne de natation, outre une très grande quantité de balles de fusil et coups de mitraille dans le bord, voiles et mâture. 
L'ennemi a été certainement maltraité, car, outre une quantité prodigieuse de mitraille et petites armes, il a reçu pour le moins une vingtaine de coups de canon dans le corp du bâtiment sans cesse envoyés dans la mâture, et j'ai lieu de croire qu'il avoit certainement une soixantaine de personnes hors de combat. 
En faisant ma route vers les isles intermédiaires j'ai pris la chaloupe de l'ennemi dépourvue des rames et cordages. 
La "Sante Barbe", qui commençait à se rallier selon l'ordre que je lui avois envoyé par la gondole, voyant que je faisais route vers les isles, en a fait de même, et sommes venus ancrer à la Cabrera à 5 heures du soir. 
Mr Porcile, commandant la "Sante Barbe", est dabord venu au côté de la "Beate Marguerite" avec le Chr Constantin, qui s'était volontairement embarqué, et ils ont marqué le plus grand regret à ce que le calme leur a empeché de me joindre plus tôt et de prendre part à l'engagement. 
La façon dont mon equipage s'est comporté dans cette journée mérite les plus grands éloges, et en particulier le Chev. Mameli, mon lieutenant qui commandait à proue, lequel s'est distingué non seulement en dirigeant le feu avec la plus grande célérité et sans confusion, mais aussi en donnant costamment l'exemple de la bravoure et de l'intrépidité malgré la superiorité de l'ennemi. 

À bord de la "Bte Marguerite", le 16 avril 1787, signé le Chev. Matton.

C'est dans un combat de ce genre que le père d'Andrea, Gioan Battista, est blessé, après quoi il quitte le service royal avec une pension d'invalide.

 

Ci-contre : sabre ayant appartenu au comte Balbo Bertone di Sambuy, alors enseigne (guardiamarina) sur la San Vittorio. Sur la lame sont gravés (et dorés) le nœud de Savoie et les mots (en français) "VAINCRE OU MOURIR", "POUR DIEU ET POUR LE ROI" et "VIVE LE ROI DE SARDAIGNE".

En février 1788, le chevalier Vittorio Porcile [portrait ci-contre] s'empare d'une autre galiote barbaresque au large de la Madeleine. (Ce Vittorio est le fils de Giovanni Porcile, le capitaine de la Marine sarde qui effectua les négociations pour la libération des Tabarquins et les achemina à l'île Saint-Pierre.) 

Michele Andrea Cagnoli rencontre une certaine Anna Maria Dassori. Lui est d’origine piémontaise par son père, génoise par sa mère, niçoise par sa naissance ; elle, comme son nom l'indique, est génoise. Le 12 mai 1788, ils se marient en la cathédrale Sainte-Réparate. Les témoins sont Giacomo Randon et Pietro Clerissi. [Ci-contre, une représentation de la cathédrale vue de la rue Mascoïnat, par Jacques Guiaud, quelques décennies plus tard.]



Gioan Battista Cagnoli, invalido al regio servizio, meurt quelques mois plus tard, en novembre 1788,
âgé de 74 ans ("d'une soixantaine d'années", selon l'acte ci-contre établi à Saint-Martin-Saint-Augustin).

Né en Haut-Montferrat, il était arrivé à Villefranche dans sa jeunesse pour travailler dans la Marine royale.
Il laisse une veuve quinquagénaire et 5 enfants, dont 4 mariés.



La fille cadette de Gioan Battista et d'Anna Margarita, Angelica, est hospitalisée à la Sainte-Croix. L'hôpital privé de la Sainte-Croix fut créé par la confrérie des pénitents blancs en 1636 (à l'emplacement de l'actuel 5 rue Zanin), avec onze lits, dans le but d'accueillir et de guérir les malades (à l'exception des fous, des contagieux, des vénériens et des incurables). Angelica y meurt en août 1789, âgée d'à peine 20 ans. 

En 1789, au large du cap Posada, Des Geneys capture une saette pirate (un bâtiment assez similaire à une caravelle), qui vient intégrer la Marine royale. 

En 1790, le chevalier De Chevillard capture trois galiotes au cours de trois confrontations distinctes. 

En 1791, la Santa Barbara (toujours commandée par Porcile) et la Santa Margherita (par De May) prennent possession d'une galiote, qui rejoint également la Marine royale. Cette année-là, Des Geneys embarque à bord de la San Vittorio pour se rendre à Cagliari, où il est nommé commandant du port. 

Enfin, en 1792, c'est un commandant niçois, le chevalier Di Constantin, qui attaque deux galiotes corsaires et parvient à en capturer une.
 

Andrea et Maria ont leurs premiers enfants : en septembre 1790, ils sont devenus les parents d’un petit Giuseppe ; puis Camilla naît en juillet 1792.

On s'y perd ? Voici un schéma pour y voir plus clair. Les marins sont représentés en orange. En bas à gauche, en vert, les deux premiers fils d'Andrea, dont il va être question par la suite.


 

II. La guerre de 1792-1796

Septembre 1792 : Nice & Villefranche

À l'automne 1792, les relations se tendent avec la France révolutionnaire. Des réfugiés français affluent à Nice et en Savoie depuis plusieurs mois. En septembre, l'"Armée du Midi" est réunie derrière le Var, sous le commandement du général Jacques Bernard d'Anselme, pendant que le contre-amiral Laurent Truguet [portrait ci-contre], à bord du Tonnant, entre dans la baie des Anges et s'approche furieusement du rivage comme s'il allait livrer un débarquement (en parallèle, le lieutenant-général Montesquiou s'apprête à envahir la Savoie). 


Devant l'imminence d'une invasion qu'il se sait incapable de repousser, le gouverneur de la province, le Valaisan Eugène de Courten (1771-1839), donne l'ordre aux troupes sardes de quitter la ville : les hommes du général niçois Thaon de Revel se replient immédiatement sur Saorge et l'Authion pour se préparer à soutenir des combats en montagne [repère K sur la gravure ci-dessus] et, avec l'aide des alliés autrichiens, défendre le Piémont, véritable objectif des Français. Ils sont accompagnées par tous les Niçois qui ont les moyens d'aller se réfugier à Turin ou, au moins, de chercher refuge dans les montagnes. 
http://photos.geni.com/p13/4c/74/ce/c9/53444838abd78213/v_large.jpgDe même, la Marine voit la nécessité de quitter Villefranche (place gouvernée par le commandant général de la Marine royale, François Daviet de Foncenex) pour mettre une partie de sa flotte en sécurité avant que tout le littoral soit verrouillé par les navires français. Le 24 septembre, la frégate San Vittorio parvient à s'échapper grâce à une ruse de son commandant, Charles Ross (1776-1849) [portrait ci-contre], officier britannique au service de la Marine sarde, qui fait hisser le pavillon de Grande-Bretagne. Les Anglais n'étant pas encore entrés en guerre, la frégate quitte Villefranche incognito et échappe à la vigilance des Français. Andrea Cagnoli étant matelot dans la Marine royale, sa famille fait sans doute partie de cet équipage exceptionnel. 

  

Le 28 septembre, d'Anselme franchit la frontière avec 12 à 15 000 hommes [L] et marche sur Nice. Dès le lendemain, assistées par une flotte de cinq vaisseaux et trois frégates dirigée par Truguet, les troupes révolutionnaires françaises s'emparent de la ville [D], du fort de Montalban [G] et de la citadelle de Villefranche [H]. Elles découvrent avec surprise qu'il n'y a quasiment plus personne pour leur offrir de résistance. Ensuite, certains Niçois vont se laisser enrôler dans l'armée française, d'autres prendront les armes en montagne (les Barbets).

  
À gauche : le pont de bois jeté sur le Var par le général d'Anselme pour relier Nice à la France. À droite, la prise de Villefranche en septembre (par Hippolyte Lecomte).

La San Vittorio est le seul navire sarde qui ait pu s'échapper de Villefranche in extremis. 
Après de nombreuses hésitations quant à sa trajectoire, elle met le cap sur Oneille, enclave sarde sur le littoral génois, où l'on débarque une partie de l'équipage. Les troupes sardes sont envoyées se battre en montagne, puis la San Vittorio va s'abriter dans le port neutre de Gênes, où elle est désarmée. 

   
La frégate San Vittorio [dessin de Massimo Alfano] et les enseignes du régiment sarde La Marina.


Exil et batailles navales dans les années 1792-1795. Du sud-ouest vers le nord-est : Toulon et les îles d'Hyères, la baie au large de Fréjus, Nice et Villefranche, Oneille, Loano, le cap Noli, et Gênes.
 

1792-1794 : exil à Oneille

Représentation d'Oneille dans le Theatrum Sabaudiae (1682)Le Comté de Nice étant totalement occupé, la principauté d'Oneille et le port de Loano, enclavés dans le territoire de la République de Gênes, sont les derniers vestiges des États-Sardes sur le littoral continental. De nombreuses familles pauvres exilées du Comté de Nice sont venues s'y réfugier.

Comme les Français ne sont pas en guerre contre les Génois, leur prochain objectif va être d'attaquer Oneille et Loano par voie maritime plutôt que terrestre.

Le sac d'Oneille (octobre 1792)

La flotte du contre-amiral Truguet quitte Villefranche le 17 octobre avec pour mission d'inciter les habitants d'Oneille et de Loano à se soulever contre leur roi. Les navires de guerre arrivent devant le port d'Oneille le 23 octobre 1792. La population affolée s'apprête à se défendre. Une délégation accoste pour apporter "la liberté, l'égalité et la fraternité", mais elle est accueillie avec des coups de fusil. Vexé, Truguet donne l'ordre de bombarder la ville depuis le large "jusqu'à ce qu'il n'en reste que des ruines fumantes". Puis il envoie ses troupes à terre pour achever le massacre. À défaut de prendre la ville d'Oneille, les Français l'ont réduite en cendres. Ils repartent le 29 octobre.

La coalition

Le 21 janvier 1793, le gouvernement révolutionnaire français décapite le roi Louis XVI, au terme d'un procès pour trahison et conspiration contre l'État. L'Europe panique. Le 24, la Grande-Bretagne (George III) rompt ses relations diplomatiques avec la France.
La France déclare la guerre à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas le 1er février, puis à l'Espagne (Charles IV de Bourbon). Le Saint-Empire (François II de Habsbourg-Lorraine) et les autres pays d'Europe se joignent aux pays attaqués, formant une coalition européenne contre la France.

L'expédition française en Sardaigne (février 1793)

Pendant ce temps, Truguet part à l'attaque de Cagliari (janvier-février 1793) pour tenter de conquérir l'île de Sardaigne.
L'expédition est organisée par le Corse Pascal Paoli (qui milite alors en faveur de la Révolution française) et conduite à Cagliari par l'amiral Truguet, qui commence à bombarder la ville le 27 janvier. Le jeune lieutenant-colonel Bonaparte commande une partie de l'artillerie. La défense sarde est supervisée par Domenico Millelire (1761-1827) [ci-contre].

Bombardamento di CAGLIARI del 1793  
                                                                                               Bombardement de Cagliari. - Bonaparte lors de l'expédition de Sardaigne.

L'armée sarde repousse les Français, qui finissent de se retirer le 25 mai après plusieurs attaques infructueuses.
 



Pendant l'année 1793, la guerre maritime se complique avec la participation de corsaires d'Oneille qui attaquent les navires français.

 
À Gênes, la San Vittorio a été désarmée. Suite à l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne, Turin souhaite remettre sa frégate en service. Mais les Génois sont "neutres" : s'ils fournissent des armes aux Alliés, ils craignent (par expérience) de violentes représailles de la part des Français. Les négociations aboutissent à un compromis : les Génois laissent repartir la San Vittorio sans munitions.
La frégate arrive à Oneille sous le commandement de Charles Ross, pour s'équiper et embarquer les troupes piémontaises redescendues des Alpes. De nombreux navires de guerre britanniques se trouvent alors dans le port sarde, notamment l'Agamemnon, commandé par le capitaine de vaisseau Horatio Nelson [ci-contre], sur le départ pour les îles. Nelson prend à son bord quelques membres d'équipage de la San Vittorio suffisamment expérimentés pour le guider dans les eaux de Corse et de Sardaigne.
 

 
 

Le siège de Toulon (août-décembre 1793)

Samuel Hood, par James NorthcoteEn août 1793, une insurrection éclate dans la Marine française à Toulon. 1500 insurgés sollicitent l'aide des Alliés. À cette époque, Toulon est la place forte la plus puissante de toute la Méditerranée. Le 23 août, des pourparlers ont lieu avec le vice-amiral Samuel Hood (1724-1816) [portrait à gauche] à bord de sa frégate Victoryqui n'a pas fini de faire parler d'elle. Hood signe une proclamation qui annonce ses intentions.
Le 28 août, il procède au débarquement. Les troupes britanniques entrent en ville sans difficulté. Les Républicains prennent la fuite.
Le 29 août, les troupes de Juan de Langara débarquent à leur tour.

 

Napoléon à ToulonPendant ce temps, les troupes terrestres de la République arrivent devant Toulon et sont rejointes par les 6 000 hommes de l’armée d'Italie, stationnée dans les Alpes-Maritimes. Elles sont renforcées par 3 000 marins et soldats de la garnison qui refusent de servir les Britanniques. Le jeune capitaine Napoléon Bonaparte est nommé chef de l'artillerie [tableau à droite par Édouard Detaille]

Le 8 septembre, Hood envoie le lieutenant Edward Cooke auprès du roi de Sardaigne pour chercher des renforts. Cooke revient à la fin du mois avec des troupes sardes d'Oneille et de Sardaigne, complétées par de nouvelles recrues. La San Vittorio, toujours sous le commandement du général Ross [on lit parfois "de Bucler", que je ne m'explique pas], participe à l'opération. De même, les Espagnols bénéficient de l'assistance de leurs alliés napolitains. Au maximum, il y aura 17 000 hommes du côté des Alliés : 2 000 Britanniques, 4 000 Espagnols, 8 000 Napolitains et 2 800 Sardes.

Une grande bataille a lieu le 30 septembre, à l'issue de laquelle on dénombre 7 morts et 72 blessés chez les alliés, mais près de 1450 victimes et 48 prisonniers parmi les Français.
Le 1er octobre, les insurgés français (dirigés par l'amiral royaliste Trogoff) livrent la flotte et l'arsenal à la Royal Navy.

Le 19 octobre, Bonaparte est promu chef de bataillon.

 
                                                                                       Les Français en novembre, résistant au siège (dessin de Sigismond Himely, 1801-1872).

Après trois mois de combats, l'artillerie française reprend Toulon, tandis que les Alliés gardent le contrôle maritime. Les troupes britanniques finissent par quitter la rade le 18 décembre, non sans détruire une partie de la flotte et de l'arsenal (Hood charge l'amiral Sidney Smith de cette mission de destruction).

  
                                                                                                                            Évacuation du port et destruction de la flotte française le 18 décembre (gravure d'après une peinture d'A. Feraud).


Gravure de J. Pass (d'après un dessin de Crystal ?).

   https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a2/Destruction_of_the_French_Fleet_at_Toulon_18th_December_1793.jpg/640px-Destruction_of_the_French_Fleet_at_Toulon_18th_December_1793.jpg   https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1c/Evacuation_de_Toulon_et_incendie_de_vaisseaux_1793_nmmacuk.jpg/320px-Evacuation_de_Toulon_et_incendie_de_vaisseaux_1793_nmmacuk.jpg
L'estampe ci-dessus reproduit un tableau de Thomas Whitcombe (1763-1825).                                                                                                                                  

Ci-contre : tableau d'Adolphus Knell (1801-1875).
  
Les troupes de la Convention entrent dans la ville le 19 décembre. Environ 15 000 Toulonnais se sont réfugiés sur les navires britanniques.
Promu général de brigade le 22 décembre, Bonaparte est en route pour sa nouvelle affectation au commandement de l'artillerie de l'armée d'Italie.

La vieille San Vittorio est détruite par les flammes le 18 décembre. Ross s'entend avec Hood pour récupérer à la place une bonne frégate française, l'Alceste, et y transférer son équipage.


Le pavillon sarde hissé sur l'Alceste, à Toulon, en décembre 1793 [huile sur toile de Rodolfo Claudus (1893-1964)]                                                                                                               
 
Entre les combats, le siège, l'incendie du 18 décembre et le départ des Anglais, la flotte française a perdu la majeure partie de ses équipages, le contenu des magasins de l'arsenal et la moitié de ses navires, dont Hood emporte les meilleurs. Malgré la victoire théorique des révolutionnaires qui reprennent Toulon, la destruction de la flotte aura des conséquences à long terme sur la Marine française (elle prépare notamment la future victoire britannique à Trafalgar).
 
Désormais, la Royal Navy est maître de la Méditerranée.
 


 
L'Alceste battant pavillon sarde (1793-1794) [dessin de Massimo Alfano] - Des hommes d'équipage défendant un fort sarde (reconstitution).
Ci-dessous : capitaine de frégate et soldat d'équipage dans les années 1790.


La principauté d'Oneille est maintenant défendue par 3000 hommes de troupe réguliers de l'armée sarde, 1500 miliciens, et 4500 Autrichiens équipés de 10 canons.
Le 7 avril 1794, les Français se présentent à Port-Maurice par voie terrestre avec l'intention de prendre Oneille. Cette fois, les troupes austro-sardes leur ouvrent les portes le 8 et se résignent à se retirer dans la vallée.
 

La reprise de l'Alceste (juin 1794)

http://photos.geni.com/p13/4c/74/ce/c9/53444838abd78213/v_large.jpgDès son acquisition, l'Alceste, battant maintenant le pavillon des États-Sardes, est envoyée en Sardaigne pour protéger les côtes contre les pirates.
En juin 1794, l'amiral Hood, venu porter assistance en Corse à Pascal Paoli (qui, entre-temps, s'est retourné contre les Français), charge la frégate (commandée par Ross) de transmettre un message urgent à sa division du côté des îles d'Hyères. Des Geneys est alors lieutenant de vaisseau.
 
Le 8 juin, au large de Fréjus, la frégate est attaquée par les Français. L'adversaire est aux commandes de la Boudeuse, une frégate de 36 canons (qui, pour l'anecdote, fut utilisée par Bougainville dans son tour du monde de 1766-1769).


Combat entre la Boudeuse et l'Alceste.

L'équipage de l'Alceste est débarqué à Golfe-Juan et les Français récupèrent leur frégate.
Sous pavillon bleu-blanc-rouge, l'Alceste va participer ensuite à la bataille des îles d'Hyères (13 juillet 1795).
 
 

1794-1796 : exil à Gênes

Il ne reste plus grand-chose de la Marine sarde. Peut-être Andrea continue-t-il de servir auprès des Anglais, à moins qu'il soit affecté aux troupes terrestres.

Après la prise d'Oneille, le point de chute de la famille est Gênes, ville natale de Maria, où elle s'est réfugiée avec les enfants (Giuseppe et Camilla). Sans doute y retrouve-t-elle des parents. Son père est apparemment un patrone : propriétaire, armateur et capitaine d'un petit bateau de commerce.


Claude Gelée dit Le Lorrain, Le port de Gênes, XVIIe siècle.

Carte de Gênes attribuée a Francesco Maria Accinelli (1700-1777) [source]


Deux vues du port de Gênes sur des gravures du XIXe siècle.

Le pays génois est une vieille république maritime. Le doge est alors le cardinal Giuseppe Maria Doria (du 16 septembre 1793 au 16 septembre 1795).
La principale activité économique repose sur le port, l’un des plus grands de la Méditerranée : tout le monde ou presque est marin, docker, pêcheur ou marchand.
« À la fin de 1794, la menace britannique de blocus du port de Gênes finit par être mise à exécution, et au moins d’avril suivant (1795), les Français envahirent le territoire de la République et pendant deux ans occupèrent pratiquement la moitié de la Ligurie. Ainsi, pris entre deux forces en guerre, Gênes suivit les Français, avec pour résultat qu’en juin 1797, Napoléon décréta la fin du gouvernement aristocratique et en organisa un nouveau sur le modèle démocratique français. Ces opérations militaires, ajoutées au blocage continuel et à l’inquiétude générale dans tout le territoire, mit naturellement le commerce maritime à l’arrêt, de sorte qu’Antonio, qu’il fût docker ou marchand, dut, par la force des circonstances, chercher d’autres moyens de subsistance. »

L'Antonio en question, docker ou marchand mélomane, est le père d'un certain Niccolò Paganini. Né à Gênes en 1782, le petit violoniste a grandi dans le port de Gênes jusqu’à la guerre, dans le même environnement populaire que Serafino, né quelques années plus tard. Si ce paragraphe est tiré d'une biographie du violoniste (Paganini the Genoese, vol. I., 1957, p. 12), il résume aussi bien la situation de toutes les familles qui vivent alors dans le port de Gênes, notamment celle de Maria, qui élève maintenant trois enfants.

Mais reprenons les événements dans l'ordre. Après avoir affronté inlassablement les Français en Corse en 1793-1794 et laissé son œil droit à Calvi, le capitaine Horatio Nelson (1758-1805) arrive dans le golfe de Gênes. Fin 1794 et début 1795, il est chargé d’établir des relations diplomatiques entre la Grande-Bretagne et la Sérénissime République, un allié potentiel important ; il accoste l’Agamemnon à Livourne, puis sillonne le golfe pour en tenir les Français à l’écart.
En 1795, la guerre arrive aux portes de la ville :

La bataille du cap Noli (mars 1795)

Le vice-amiral William Hotham (1736-1813) [ci-contre] succède à Hood aux commandes de la flotte du Royaume de Grande-Bretagne en Méditerranée.
Le 14 mars 1795, la baie est secouée par la « bataille de Gênes » – ou du cap Noli, plus exactement, à l’ouest de Savone. La bataille oppose, d’un côté, 13 navires français et, de l’autre, 14 navires britanniques et napolitains dirigés par Hotham à bord du Britannia. Le capitaine Nelson y commande l'Agamemnon.

     
La bataille du cap Noli, 14 mars 1795. - Le capitaine Nelson.

La bataille se solde par une victoire de la coalition sur les Français.
 


La bataille des îles d'Hyères (juillet 1795)

Après un second soulèvement réprimé à Toulon, les marins français sont invités "à revenir sur leurs vaisseaux et à mériter l'oubli de leur insurrection en faisant des prodiges de valeur contre les Anglais". On leur fait jurer "de laver leur crime dans le sang des ennemis de la République".

Sous pavillon bleu-blanc-rouge, l'Alceste prend ainsi le large avec un objectif très clair. Mais le 13 juillet 1795, à 3 h du matin, l'escadre française rencontre une imposante flotte alliée au sud des îles d'Hyères, placée sous le commandement de l'amiral William Hotham. Au nombre des navires britanniques se trouvent notamment la frégate Victory [reproduite ci-contre], qui se distinguera bientôt à Trafalgar, et l'Agamemnon toujours commandée par Nelson.

   
William Hotham commande la Britannia, et Robert Mann la Victory.                                                        



Avec cette bataille, Britanniques et Napolitains emportent une nouvelle victoire.
 

Giacomo Maria Brignole succède à Doria (du 17 novembre 1795 au 17 novembre 1797), et il sera le dernier doge de la Sérénissime République.

Les troupes sardes alliées aux forces autrichiennes continuent de combattre dans les montagnes dans l'espoir de repousser l'invasion du Piémont. Peut-être Andrea a-t-il été réquisitionné sur ce front.

La bataille de Loano (novembre 1795)

Tandis que les Anglais verrouillent le littoral ligure, les Austro-Sardes tentent de défendre les Apennins. Une grande bataille (terrestre) éclate à Loano le 22 novembre 1795, où Masséna inflige de lourdes pertes aux Alliés. Les États-Sardes perdent ainsi leur dernier port sur le continent.
        
La bataille de Loano : gravure d'époque, théâtre des événements et peinture de Joseph Bellangé.


C’est à Gênes que naît le second fils de Maria et Andrea, Serafino, vers 1794-1796.
 
Pendant ces années de guerre, le port de Gênes est bloqué, et tous les civils qui travaillaient dans des activités maritimes doivent se reconvertir ou tenter d'émigrer. C'est ainsi qu'Antonio Paganini, en 1796, emmène son fils à Parme.
Pour les militaires, c'est une autre affaire. Les Anglais se retirent de la Méditerranée à la fin de 1795. L'armée sarde continue d'agir en Piémont, aux côtés des Autrichiens, jusqu'à l'armistice de Cherasco (1796).
Tôt ou tard, le marin Andrea doit donc se soumettre à l'envahisseur. En 1796, il regagne Nice avec sa femme et leurs enfants.


https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e5/Italie_1796.png/363px-Italie_1796.png     https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/93/Genova-1810ca-acquatinta-Garneray.jpg/640px-Genova-1810ca-acquatinta-Garneray.jpg?uselang=fr
La péninsule italienne à la veille de l'armistice. - Le port de Gênes par Ambroise Louis Garneray vers 1810.


Une tempête sur le littoral ligure.
 
=> SUITE : Nice, Saint-Jacques

Sources :
Archives départementales des Alpes-Maritimes
Thomas JEFFERSON, Hints to Americans Travelling in Europe, 1788.
Emilio PRASCA, La marina da guerra di Casa Savoia dalle sue origini in poi - Notizie storiche, Roma,
1892.
Emilio PRASCA, L' ammiraglio Giorgio des Geneys e i suoi tempi - Memorie storico-marinaresche (1761-1839), Pinerolo, 1926.
Géraldine I.C. de COURCY, Paganini the Genoese, vol. I, University of Oklahoma Press, 1957.
Le uniformi delle Marine Italiane prima dell'Unità - La Regia Marina Sarda dal 1714 al 1861 (Calendario 1978), Stato Maggiore della Marina Militare, Ufficio Documentazione e Propaganda.
Pierangelo MANUELE, Il Piemonte sur mare - La Marina sabauda dal Medioevo all'unità d'Italia, Edizioni L'Arciere, Cuneo, 1997.
Nicholas TRACY (ed), The Naval Chronicle, Volume 1: 1793-1798, London, 1998.
Rif WINFIELD, British Warships in the Age of Sail 1793–1817, 2005.
Massimo
ALFANO, Marina Sabaudo-Sarda - Dal Conte Rosso all’Unità d’Italia, Ananke, Torino, 2011.

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